Victor Provo
1903 - 1983
PROVO (Victor, Emery, Georges)
Né le 30 août 1903 à Wattrelos (Nord)
Décédé le 4 octobre 1983 à Roubaix (Nord)
Député du Nord de 1952 à 1958
Fils d’ouvriers du textile du Nord, Victor Provo commence lui-même à travailler très jeune dans cette industrie comme trieur de laines, peu après l’obtention de son certificat d’études. Après avoir été licencié de ce secteur en 1929 et exercé divers petits boulots, il entre comme fonctionnaire communal à la ville de Roubaix. Il adhère à la SFIO dans les années vingt et gravit rapidement les échelons du parti. Il est ainsi promu secrétaire fédéral des Jeunesses socialistes du Nord. Par la suite, il est élu conseiller d’arrondissement de Roubaix-Est en 1935.
Mobilisé en 1939, il participe à la campagne de France. Il est fait prisonnier en mai 1940. Libéré quelques mois, il retourne à Roubaix où il dirige, à la mairie, les services du ravitaillement jusqu’en 1942. Parallèlement, il rejoint la Fédération socialiste clandestine du Nord et choisit d’entrer dans la résistance. Il prend alors contact avec Jean Lebas et Augustin Laurent et participe aux activités du réseau « Bordeaux-Loupiac ». Il s’est occupé en particulier de la diffusion de la presse clandestine et du ravitaillement des soldats anglais pourchassés par les Allemands. En juillet 1942, il accepte les fonctions de maire de Roubaix avec l’accord de ses amis politiques et, quand survient la Libération, il est maintenu à la tête de sa mairie par les groupements de résistance.
Réélu maire en avril 1945, il est choisi par la SFIO pour figurer en quatrième position dans la deuxième circonscription du Nord, sur la liste dirigée par Eugène Thomas aux élections à la première Assemblée nationale constituante le 21 octobre 1945. La liste obtient trois des neuf sièges et ne permet donc pas à Victor Provo d’être élu. Le cas de figure est exactement le même aux élections à la seconde Assemblée nationale constituante le 2 juin 1946. Lors des élections générales du 10 novembre 1946, Provo figure cette fois-ci en cinquième position sur la liste SFIO. Celle-ci emporte quatre des dix sièges à pourvoir ; il n’accède donc pas encore au Palais Bourbon. Il renonce en revanche à se présenter aux élections législatives du 17 juin 1951 à l’occasion desquelles la SFIO remporte cinq des dix sièges en jeu.
Malgré ces échecs législatifs, Victor Provo a élargi son implantation locale depuis la Libération. Réélu maire de Roubaix en 1947, il remporte le canton de Roubaix-est en 1949 et est désigné, dans la foulée, vice-président du conseil général du Nord. Il est choisi, la même année, président de la commission départementale. Il devient, à cette époque, secrétaire général adjoint de la fédération socialiste du Nord. Il est également nommé membre du comité directeur du parti en 1944 dont il sera le trésorier de 1945 à 1969. Il a enfin assumé, durant de nombreuses années, les fonctions de rédacteur de L’Avenir, l’hebdomadaire de la fédération socialiste du Nord.
Le décès du député socialiste Denis Cordonnier, en octobre 1952, donne lieu à une élection partielle dans la deuxième circonscription du Nord à laquelle Victor Provo se présente au nom de la SFIO. La bonne tenue du Rassemblement du peuple français (RPF) dans le département natal du général de Gaulle, comme la concurrence communiste, rendent incertaine l’issue de ce scrutin à deux tours. Le 16 novembre 1952, avec 100 949 des 370 319 suffrages exprimés, soit 27,27% des voix, Victor Provo arrive en tête du premier tour devant le candidat communiste qui recueille 23,18% des voix, le candidat MRP (16,06%) et les candidats RPF (18,15%) et indépendant (12,76%). Le « travailliste » Julien Dalbin réunit 2,59% des suffrages. Un second tour est donc organisé le 30 novembre tandis que le candidat indépendant se désiste en faveur du gaulliste. Le scrutin s’annonce serré et l’enjeu de taille au point que la participation progresse de trois points pour s’élever à 75%. La plus forte mobilisation profite visiblement à Victor Provo qui l’emporte finalement avec 126 312 des 387 503 suffrages exprimés, soit 32,6% des voix devant le gaulliste (27,8°/0), le communiste (22,28%), le démocrate-chrétien (17,68°/0) et Julien Dalbin (1,2%).
Une fois son élection validée le 6 janvier 1953, Provo est nommé membre de la commission de l’intérieur (1953-1955) et désigné par celle-ci, le 26 mars 1954, pour représenter l’Assemblée nationale au sein de la commission supérieure chargée d’étudier la codification et la simplification des textes législatifs et réglementaires. Durant ces trois années, il dépose deux propositions de loi, deux avis, dix rapports sur des textes d’initiative parlementaire et un rapport supplémentaire sur des sujets aussi divers que la titularisation des infirmières diplômées d’Etat, sur le fonctionnement et la fiscalité des collectivités locales, sur les droits à la retraite et le montant des pensions, l’octroi du droit à la sécurité sociale des élus aux élus municipaux et la création d’une caisse de retraite spécifique ou encore l’harmonisation des statuts et des droits entre les fonctionnaires de l’intérieur et des PTT. En revanche, il n’intervient que deux fois en séance publique, lors de la discussion du budget de ministère de l’intérieur, essentiellement pour évoquer les subventions à accorder aux collectivités locales ou le financement de la police parisienne et de la Sûreté nationale. Durant cette législature, il vote contre la taxe sur la valeur ajoutée (TVA), pour les accords de Genève, contre la Communauté européenne de défense (CED), pour les accords de Londres puis de Paris et refuse enfin la proclamation de l’état d’urgence en Algérie. Il vote contre l’investiture et pour la chute de Joseph Laniel et d’Edgar Faure et, entre-temps, soutient constamment le gouvernement de Pierre Mendès France.
En vue des élections législatives anticipées du 2 janvier 1956, Victor Provo est choisi pour conduire la liste SFIO. Avec 160 044 des 507 934 suffrages exprimés, soit 31,5% des voix, les socialistes obtiennent quatre des dix sièges à pourvoir, les communistes et les démocrates-chrétiens chacun deux, les indépendants et les poujadistes chacun un.
Une fois son élection validée le 28 février 1956, Victor Provo retrouve la commission de l’intérieur qu’il préside de 1956 à 1958 et appartient à la commission des affaires économiques (1956-1957). Il dépose une proposition de loi, un avis et une proposition de résolution. Il cosigne cinq rapports dont deux portent sur un texte d’origine gouvernementale : projet de loi modifié par le Conseil de la République portant création, à Alger, de nouvelles justices de paix et, à Chéragas, d’une justice paix à compétence étendue (27 décembre 1957) ; d’un projet de loi relatif à l’assiette des impôts directs et taxes assimilées en Algérie (27 décembre 1957). Durant ce second mandat, il intervient six fois en séance, en défendant notamment une motion préjudicielle tendant à surseoir à la discussion du projet de loi relatif à la réforme hospitalière, texte « portant atteinte à l’autonomie des collectivités locales » (5 décembre 1957). Il propose la création d’un statut professionnel particulier pour les fonctionnaires du corps de direction et de contrôle de la Sûreté nationale et une modification substantielle de la législation hospitalière. Il intervient sur ces sujets et également sur la défense de l’autonomie et des ressources propres des collectivités locales. De façon plus politique, il s’implique énormément dans les débats liés à la guerre d’Algérie. Il dépose notamment un rapport sur les tortures pratiquées dans le département d’Oran, le 5 mars 1957. Il intervient aussi dans les diverses discussions relatives à la prorogation du mandat des parlementaires des départements algériens (9 mars 1956) ou aux institutions algériennes et réclame la participation de tous les citoyens habitant l’Algérie à la souveraineté française insistant sur la spécificité de ce territoire. Durant cette dernière législature de la Quatrième République, il vote les pouvoirs spéciaux ainsi que le projet de loi sur les institutions en Algérie, en faveur de la Communauté économique européenne (CEE) et de l’Euratom, pour la proclamation de l’état d’urgence. Il vote pour l’investiture et contre la chute de Guy Mollet, de Bourgès-Maunoury et de Félix Gaillard et accorde sa confiance à Pierre Pflimlin. Il vote l’investiture du général de Gaulle le 1er juin 1958, les pleins pouvoirs et le principe d’une révision constitutionnelle, le lendemain.
Victor Provo ne se représente pas aux élections législatives de novembre 1958, mais ne se retire pas pour autant de la vie publique. Réélu sans discontinuer à la mairie de Roubaix jusqu’à sa démission volontaire, il a été vice-président de la Communauté urbaine de Lille de 1967 à 1971, puis simple conseiller jusqu’en 1977. Il conserve également son mandat de conseiller général jusqu’en 1967, date à laquelle il est porté à sa présidence de l’Assemblée départementale pour six ans. En 1973, il préfère ne pas se représenter aux élections cantonales, mais accepte de siéger l’Assemblée régionale du Nord-Pas-de-Calais. Il est enfin élu au Sénat en septembre 1974 mais en démissionne trois ans plus tard, en même temps qu’il quitte sa mairie, considérant venu le temps de passer le relais. Commandeur de la Légion d’honneur, titulaire de la médaille de la Résistance, officier des Palmes académiques, commandeur de l’Ordre de Victoria, officier de l’Ordre Cavaliere ufficiale delle Repubblica italiana et de l’Ordre de Léopold, Victor Provo s’est éteint à Roubaix le 4 octobre 1983.