Jean Raymond-Laurent

1890 - 1969

Informations générales
  • Né le 20 juillet 1890 à Nîmes (Gard - France)
  • Décédé le 26 mars 1969 à Paris (Paris - France)

Mandats à l'Assemblée nationale ou à la Chambre des députés

Régime politique
Troisième République - Chambre des députés
Législature
XVIe législature
Mandat
Du 19 juin 1938 au 31 mai 1942 *
Département
Loire
Groupe
Démocrate populaire
Régime politique
Gouvernement provisoire de la République française
Législature
Ire Assemblée nationale constituante
Mandat
Du 21 octobre 1945 au 10 juin 1946
Département
Manche
Groupe
Mouvement républicain populaire
Régime politique
Gouvernement provisoire de la République française
Législature
2e Assemblée nationale constituante
Mandat
Du 2 juin 1946 au 27 novembre 1946
Département
Manche
Groupe
Mouvement républicain populaire
Régime politique
Quatrième République - Assemblée nationale
Législature
Ire législature
Mandat
Du 10 novembre 1946 au 4 juillet 1951
Département
Manche
Groupe
Mouvement républicain populaire
Régime politique
Quatrième République - Assemblée nationale
Législature
IIe législature
Mandat
Du 17 juin 1951 au 1er décembre 1955
Département
Manche
Groupe
Mouvement républicain populaire
Régime politique
Quatrième République - Assemblée nationale
Législature
IIIe législature
Mandat
Du 2 janvier 1956 au 8 décembre 1958
Département
Manche
Groupe
Mouvement républicain populaire

* : Un décret de juillet 1939 a prorogé jusqu'au 31 mai 1942 le mandat des députés élus en mai 1936

Biographies

Né le 20 juillet 1890, à Nîmes (Gard).

Député de la Loire de 1938 à 1942.

Raymond Laurent fait ses études à l'école Saint-Martin et au lycée d'Amiens, ville dans laquelle il milite au Sillon. Puis il visite les Etats-Unis et parcourt l'Amérique du Sud. D'un séjour de plusieurs années dans le Nouveau monde datent l'intérêt qu'il ne cesse de témoigner aux questions latino-américaines et l'amitié qu'il voue aux peuples d'outre-Atlantique. Revenu en France, il sera secrétaire du Comité France-Amérique de 1914 à 1920.

En 1912, il est nommé secrétaire général de la Fédération des républicains démocrates de la banlieue nord et nord-est de Paris, créée autour du docteur Georges Thibout.

Mobilisé en 1914, Raymond Laurent fait la guerre comme aspirant d'infanterie. Très grièvement blessé au Bois-le-Prêtre, il est décoré de la Médaille militaire et de la Croix de guerre.

A partir de 1917, il anime le journal hebdomadaire L'âme française avec Ernest Pezet.

La guerre terminée, Raymond Laurent devient secrétaire d'un important groupement professionnel à la Bourse du commerce de Paris, puis professeur au collège libre des sciences sociales de Paris. Il est, en mars 1920, un des fondateurs de l'Union nationale des combattants, A partir de 1924, il consacre une grande partie de son activité au parti démocrate populaire fondé en novembre de la même année dont il restera le secrétaire général jusqu'en 1940, comme de son hebdomadaire Le petit démocrate. Il sera en outre secrétaire général du Secrétariat international des partis démocratiques d'inspiration chrétienne.

Après les élections de mai 1924, ses amis créent à la Chambre le «groupe des démocrates » qui compte treize membres dont A. Champetier de Ribes qui devait être ministre et devenir, après le docteur Thibout, président du parti démocrate populaire.

En mai 1925, Raymond Laurent est élu au conseil municipal de Paris dont il sera le président en 1936-1937 et devient conseiller général de la Seine. Militant actif de la Confédération française des travailleurs chrétiens, il est également président de la société d'H.B.M. «Le foyer familial parisien» et du service social de l'enfance déficiente. Il est président-fondateur du groupe municipal de la famille et directeur du Journal du VIe.

Plusieurs missions lui sont confiées en Amérique du Nord, au Canada, en Europe centrale et dans le Proche-Orient à la suite desquelles il est promu officier de la Légion d'honneur au titre des Affaires étrangères.

Le 19 juin 1938, au cours d'une élection partielle, il devient député de la Loire, dans la 1re circonscription de Saint-Étienne, en remplacement de M. Antoine Pinay, élu sénateur. La campagne aura été vive et ce n'est qu'au second tour qu'il sera élu par 9.730 voix contre 8.738 à M. Thibaud sur 18.964 votants, ayant obtenu au premier tour 4.651 voix contre 4.711 à M. Thibaud, sur 18.090 votants, cinq autres candidats étant alors sur les rangs.

A la Chambre, Raymond Laurent s'inscrit au groupe démocrate populaire et est nommé membre de la commission de l'armée, de la commission des mines et de la force motrice.

Il participe à la discussion du budget de 1939 (ministère du Travail) s'inquiétant du respect des mesures de sécurité et d'hygiène et demandant l'extension des pouvoirs des délégués mineurs en cette matière.

Le 26 janvier 1939, il prend part à la discussion des 38 interpellations sur la politique extérieure du gouvernement Daladier. Dans une intervention passionnée et brillante, il s'explique d'abord sur le voyage d'information qu'avec une délégation il vient de faire en Espagne républicaine. Il a visité la Catalogne où il a d'étroites attaches familiales et où il a constaté que le culte catholique public était autorisé par le gouvernement. Ses déclarations sur cette question ainsi que l'article qu'il publie dans Le petit démocrate provoquent la démission de Robert Schuman du P.D.P.

Dans son discours à la Chambre, Raymond Laurent s'inquiète ensuite de l'emprise italo-allemande en Espagne franquiste et redoute que l'équilibre des forces en Méditerranée ne soit rompu. « Non-seulement la grandeur mais la sécurité de la France et de son empire colonial se trouvent en péril», déclare-t-il. « Je crie Alerte 1 aux Français et du haut de cette tribune, je leur dis prenez garde ! » A la fin du débat, il vote pour l'ordre du jour favorable au gouvernement.

Raymond Laurent a voté le 10 juillet 1940 les pouvoirs constitutionnels au maréchal Pétain.

Citons parmi ses ouvrages : Paris, sa vie municipale ; Manuel politique, publié en 1928 avec Marcel Trélot et contenant le programme du P.D.P. ; La politique de la France de 1919 à 1939 ; Face à la crise.

Raymond Laurent est officier de la Légion d'honneur, médaillé militaire, Croix de guerre 1914-1918, médaillé de la Résistance, titulaire de la Croix du combattant volontaire de la Résistance, membre de divers ordres étrangers.

Il est lauréat de la société industrielle de Lille et président de la société des amis d'Eugène Delacroix.


RAYMOND-LAURENT (Jean)
Né le 27 juillet 1890 à Nîmes (Gard)
Décédé le 26 mars 1969 à Paris (16ème)

Député de la Loire de 1938 à 1942
Membre de la première et de la seconde Assemblée nationale constituante (Manche)
Député de la Manche de 1946 à 1958
Secrétaire d’Etat aux forces armées (marine) d’octobre 1949 à juillet 1950

D’ascendance catalane par sa mère et d’origine lorraine par son père, Jean Raymond-Laurent est élève boursier à l’école Saint-Martin puis au Lycée d’Amiens où, à l’âge de 15 ans, il découvre la revue L’Eveil démocratique, organe du Sillon auquel il adhère aussitôt. Il en fait de même avec l’oeuvre des Jardins ouvriers. Jeune bachelier, il est envoyé par sa mère en Amérique, à la Havane, puis à New York où il devient correspondant de La Croix. En janvier 1914, Gabriel Hanoteaux, ancien ministre des affaires étrangères, l’engage au secrétariat du Comité France-Amérique. Au printemps de la même année, ce jeune démocrate-chrétien soutient la candidature de Marc Sangnier à Vanves. Titulaire de la médaille militaire et de la croix de guerre 1914-1918, il est membre fondateur de l’Union nationale des combattants. Marié et bientôt père de quatre enfants, il enseigne au collège libre des sciences sociales de Paris. Après avoir été secrétaire de l’Ame française de 1917 à 1920, il est choisi, dès novembre 1924, comme secrétaire général du Parti démocrate populaire (PDP) et le demeure jusqu’en 1944 ; il dirige Le Petit Démocrate. Conseiller général de la Seine et conseiller municipal de Paris en 1925, il accède à la présidence de ce prestigieux conseil en 1936-1937. Candidat PDP, en juin 1938, lors d’une élection partielle dans la première circonscription de la Loire, il l’emporte et défend à la commission de l’armée les principes exposés par le colonel de Gaulle. Il vote les pleins pouvoirs à Pétain le 10 juillet 1940, mais est exclu, en décembre 1941, du conseil municipal de Paris par le gouvernement de Vichy, en raison de son hostilité à la politique de collaboration. En janvier 1941, il entre dans le réseau militaire créé par le commandant d’Estienne d’Orves, puis dans celui dirigé par « Alexandre ». Membre du groupe dit de la rue de Lille, il imprime et diffuse des journaux et tracts clandestins sous le couvert d’une action familiale à travers la France. Il accueille, le 24 août 1944 à l’Hôtel de ville, les chars de la division Leclerc.
Réélu, en mars 1945, conseiller municipal de Paris, laissant Georges Bidault se présenter dans la Loire, il devient, à la place d’Emilien Amaury, député MRP de la Manche, le 21 octobre 1945, en compagnie de Maurice Lucas, agriculteur et maire, du docteur Etienne Fauvel, conseiller général, et du pharmacien Paul Guilbert : la liste MRP obtient 91 632 suffrages. Le 2 juin 1946, recueillant 105 320 voix, il est réélu ainsi que ses collègues, puis le 10 novembre 1946, grâce aux 95 495 voix qui se portent sur sa liste. Le 10 juin 1951, avec 44 384 suffrages, seul son colistier Lucas l’accompagne au Palais-Bourbon, de même que le 2 janvier 1956, mais avec 39 490 voix seulement, soit avec une baisse des deux tiers des suffrages. Sous la première Assemblée nationale constituante, il est membre de la commission de la reconstruction et des dommages de guerre et de la commission des affaires étrangères en 1945 ; il ne dépose qu’une proposition de résolution, le 27 décembre 1946, sur la réparation intégrale des dommages de guerre. Il n’intervient en séance qu’à une reprise et sur le même sujet. Il retrouve les deux mêmes commissions lorsqu’il est réélu député sous la deuxième Assemblée constituante. Le 23 août 1946, il dépose une proposition de loi tendant à remettre en vigueur certains articles du Code du travail relatifs à l’institution et au fonctionnement des commissions départementales du travail. Il ne prend la parole qu’à une reprise, en participant à la discussion d’une interpellation de M. Marin concernant le projet de loi sur la réparation intégrale des dommages de guerre, le 9 août 1946.
Durant la première législature de la Quatrième République, Jean Raymond-Laurent est nommé membre de cinq commissions. Il appartient à la commission des affaires étrangères (1946-1950) et préside cet aréopage en 1946-1947 et en 1949-1950. Il siège également à la commission de la reconstruction et des dommages de guerre (1946-1950), à la commission de la défense nationale (1949-1950), enfin à la commission des immunités parlementaires (1949-1950). Durant l’année 1948, il fait partie aussi de la commission chargée d’enquêter sur les événements survenus en France de 1933 à 1945. Le 20 mai 1947, il est appelé à figurer sur la liste des jurés de la Haute cour de justice. Son activité parlementaire est réduite au dépôt de deux propositions de loi, l’une s’intéressant à l’institution et au fonctionnement des commissions départementales du travail, le 11 février 1947, l’autre relative aux jardins ouvriers, le 21 janvier 1949.
Le ministre des affaires étrangères, Georges Bidault, le charge d’une mission auprès du général Marshall, puis le prend dans son gouvernement comme secrétaire d’Etat aux forces armées (Marine), du 28 octobre 1948 au 29 juin 1950 : il demeure à ce poste dans le second cabinet Queuille de juillet 1950, mais pour quelques jours seulement. A ce poste, il intervient à six reprises en séance, essentiellement dans les discussions budgétaires. A ce titre, le 10 mai 1950, il défend le projet de loi relatif au développement des crédits affectés aux dépenses militaires pour 1950. Le caractère éphémère du deuxième cabinet Queuille ne lui permet pas d’intervenir devant la représentation nationale.
Avec la législature 1951-1956, il retrouve deux commissions qu’il fréquente depuis 1945 : celles des affaires étrangères (1951-1955), dont il est le vice-président de 1951 à 1952 et de 1953 à 1954, et de la reconstruction et des dommages de guerre (1951-1956). Il est vice-président de l’Assemblée nationale, de 1954 à 1955. Au cours de cette législature, vice-président du groupe parlementaire MRP et membre du Comité national du parti démocrate-chrétien, il ne dépose qu’une proposition de loi, une proposition de résolution, un rapport et un avis. Sans conteste, c’est son initiative du 6 février 1953 qui est la plus marquante : il invite le gouvernement à encourager la construction familiale par l’abaissement du taux des prêts du Crédit foncier, l’institution d’une journée nationale dite « Journée du logement familial », l’émission d’un timbre dit « Timbre du logement » et la création d’un Comité national d’action pour le logement. Il intervient à huit reprises comme simple député, dans les discussions budgétaires la plupart du temps (affaires étrangères, santé publique et population, marine marchande, aviation civile et commerciale). Ses autres interventions concernent les questions internationales. Le 13 décembre 1951, il prend la parole dans la discussion parlementaire qui vise à ratifier le traité instituant la CECA. Le 24 janvier 1952, il défend l’accession de la Grèce et de la Turquie au traité de l’Atlantique Nord, estimant que la défense de la Méditerranée orientale est liée à celle de l’Europe. Partisan des réformes en Tunisie, il interpelle le gouvernement sur sa politique dans ce pays, le 1er avril 1952. Comme rapporteur, il défend une proposition de résolution relative à l’aide aux populations sinistrées des Pays-Bas, d’Angleterre et de Belgique, le 10 mars 1953. Il se montre partisan des réformes en Tunisie.
Comme vice-président de l’Assemblée nationale et, en cette qualité, il préside 37 séances. En juillet 1954, dans la discussion sur les interpellations relatives à la Tunisie et au Maroc, il qualifie la déposition de l’ancien sultan de « regrettable » et juge nécessaire d’agir désormais « en accord avec le sultan actuel » . Il qualifie le berbérisme « d’illusion dangereuse » et estime que le statut d’Etat associé est à prévoir dans le cadre de l’Union française et qu’un « dialogue » est à établir. Ces positions ont été adoptées préalablement par le MRP. Le 8 juillet 1955, au cours de la discussion du projet de loi portant ratification des conventions franco-tunisiennes, il souhaite l’autonomie interne de la Tunisie et son intégration dans la défense de l’Occident.
Le député MRP du Cotentin se montre plus discret durant la dernière législature de la Quatrième République. Membre de la commission du suffrage universel, des lois constitutionnelles, du règlement et des pétitions (1956-1957), de la commission de la marine marchande et des pêches (1956-1958), de celle de la défense nationale (1957-1958), il se montre discret en séance. Sa seule intervention est pour présenter ses rapports sur des pétitions. Il ne dépose aucun texte, au cours de ces deux années. Durant cette période, il effectue des voyages officiels en Autriche, Allemagne, Suisse, Irlande, USA. Il fonde et préside le groupe d’amitiés parlementaires France-Canada de l’Assemblée nationale.
En 1958, malgré les objurgations de ses amis de Cherbourg et de Saint-Lô, il décide de ne pas se représenter pour protester contre le rétablissement du scrutin d’arrondissement. Toujours aussi actif, il fait partie de la commission des contrôles de films, au titre de l’Union nationale des associations familiales ; il organise dans son immeuble, 6 rue de Furstenberg dans le sixième arrondissement de Paris, le musée « Eugène Delacroix », fonde la Société des amis d’Eugène Delacroix, et préside les Amitiés de Marc Sangnier. Dès l’entre-deux-guerres, il publie avec Marcel Prélot, son futur collègue démocrate-chrétien à la Chambre, un Manuel politique, puis d’autres ouvrages comme une Histoire du parti populaire, Paris : sa vie municipale, Face à la crise sans compter les articles pour le Courrier de l’Ouest. Doté d’un réel sens de l’organisation, ouvert aux questions sociales, ce catholique convaincu est officier de la Légion d’honneur.
Il disparaît le 26 mars 1969 à Paris, dans sa soixante-dix-neuvième année.