Marcel Régnier
1867 - 1958
Né le 16 février 1867 à Billy (Allier).
Député de l'Allier de 1903 à 1910.
Sénateur de l'Allier de 1920 à 1939.
Ministre de l'Intérieur du 9 novembre 1934 au 30 mai 1935.
Ministre des Finances du 7 juin 1935 au 4 juin 1936.
Après les lycées de Moulins et de Clermont-Ferrand, Marcel Régnier fréquente la Faculté de droit de Paris. Licencié, il s'inscrit au barreau de Moulins où, jeune avocat républicain, il se fait rapidement une place en vue.
Attiré par la politique, il est élu, en 1895, conseiller général du canton de Varennes-sur-Allier.
Lors d'une élection partielle, le 1er mars 1903, il devient député en remplacement du Docteur Gacon devenu sénateur, par 11.175 voix contre 2.087 au candidat socialiste, M. Roland, sur 16.617 votants.
A la Chambre des députés, inscrit au groupe de la gauche radicale socialiste, il fut membre des commissions du budget et des travaux publics ; se spécialisant dans les questions de chemins de fer, il préconisa la nationalisation de toutes les voies ferrées. Il intervint fréquemment dans les débats parlementaires, principalement lors de la discussion de la loi de séparation où, soutenant avec enthousiasme la politique anticléricale du gouvernement, il eut de vives controverses avec les leaders catholiques.
Seul candidat, il est réélu le 6 mai 1906 par 15.391 voix sur 18.734 votants. Durant cette législature, il rapporta et fit voter le rachat par l'Etat du chemin de fer de l'Ouest.
Ses positions de gauche avancée, qui ne le plaçaient pas tellement loin des socialistes firent naître une active propagande adverse en même temps que certains traits de son caractère, entier et exigeant, lui amenaient un début d'impopularité jusque dans son propre parti ; aussi, le 24 avril 1910, se trouve-t-il mis en ballottage, ne recueillant que 9.331 voix, contre 10.425 au candidat socialiste, M. Charles Dumas, et 4.325 au libéral M. Vexenat, sur 24.817 votants. Renonçant alors à aborder le second tour, il assure l'élection du socialiste.
Les élections sénatoriales du 7 janvier 1912 ne lui furent pas plus favorables ; au troisième tour, il est battu par son camarade de parti, M. Ville, sénateur sortant.
Pendant la guerre, il fut chef de cabinet de Georges Desplas, ministre des Travaux publics et des Transports du 5e cabinet Ribot (mars-septembre 1917).
Le changement de ligne politique qu'il avait amorcé après son échec aux élections législatives de 1910 se concrétisa dès la fin de la guerre par sa participation active à la concentration républicaine antisocialiste : dans l'Allier, il fut l'un des promoteurs du « Bloc national » victorieux aux élections législatives et départementales de l'automne 1919.
Son retour parlementaire fut assuré aux élections sénatoriales complémentaires du 11 janvier 1920 ; dès le premier tour il recueillait 524 voix sur 810 votants. L'année suivante, le 9 janvier 1921 il était réélu, dès le premier tour également, par 515 voix sur 808 votants. Ayant pris place à la gauche démocratique, il pratiqua néanmoins une politique essentiellement conservatrice.
C'est surtout à partir de sa nouvelle réélection au Sénat le 20 octobre 1929, au deuxième tour, par 439 voix sur 814 votants, qu'il affirma son influence ; rapporteur général du budget en 1933, il devenait ministre de l'Intérieur en novembre 1934 du cabinet Flandin, ministre des Finances en juin 1935 du 4e cabinet Laval puis, en janvier 1936, du 2e cabinet Sarraut.
Le 16 juin 1936 le Sénat l'élisait président du comité financier de la Caisse d'amortissement.
La vive campagne qu'il avait menée pendant plus de deux ans contre le rassemblement populaire et le parti socialiste causa son échec au renouvellement sénatorial du 23 octobre 1938 où il fut battu par Marx Dormoy, n'obtenant que 378 voix contre 431 à son adversaire socialiste.
En 1939 il devenait administrateur de la Compagnie générale transatlantique et président du conseil d'administration de l'agence Fournier.
Sur le plan local, il était maire de sa commune natale depuis 1904 et ce n'est qu'en 1931 qu'il abandonna son siège au Conseil général dont il avait été vice-président de 1906 à 1914 et président de 1914 à 1928.
Sa carrière journalistique avait commencé au Rappel comme rédacteur politique ; il collabora ensuite au Radical de l'Allier puis fonda son propre journal Le Progrès social, quotidien du parti républicain à Moulins, qui devint après son échec aux élections de 1910 Le Progrès de l'Allier, de nuance plus modérée : en 1939, il en abandonne la direction politique qui passe à un comité de jeunes radicaux.
Il était chevalier de la Légion d'honneur.