Eugène Rigal
1898 - 1966
RIGAL (Eugène, Louis, Joseph)
Né le 13 septembre 1898 à Beaumont-de-Lomagne (Tarn-et-Garonne)
Décédé le 23 avril 1966 à Neuilly-sur-Seine (Hauts-de-Seine)
Membre de la première et de la seconde Assemblée nationale constituante (Seine)
Député de la Seine de 1946 à 1951
Fils d’un négociant de Beaumont-de-Lomagne, Raoul Rigal, et d’Emilie Fraysinnet, sans profession, Eugène Rigal suit des études de comptabilité et de gestion qui lui permettent d’exercer par la suite comme comptable agréé dans une entreprise privée. Militant du Parti démocrate populaire (PDP) à partir de 1928, il préside la section du 19ème arrondissement de Paris tout en étant administrateur du Réveil du 19ème, un journal mensuel de la section des démocrates populaires. A la suite de son mariage en 1924 avec Simone Bourgoin, il fonde avec elle une famille de quatre enfants : trois garçons et une fille.
A la Libération, il est élu conseiller général MRP de la Seine dans le canton de Sceaux-est, à Saint-Mandé. Il se présente en seconde position sur la liste des républicains populaires dans la sixième circonscription de la Seine où se trouvent les villes de Saint-Denis, Aubervilliers, Pantin, Noisy-le-Sec, Montreuil et Vincennes. André Pailleux, cheminot CFTC résistant, conduit cette liste MRP qui obtient 82 166 suffrages : Eugène Rigal est élu à la plus forte moyenne. Les démocrates d’inspiration chrétienne arrivent en seconde position, loin derrière les communistes qui recueillent 143 942 suffrages et possèdent 4 élus : Jacques Duclos, Charles Tillon, Fernand Grenier, et Madeleine Braun. La liste SFIO emmenée par Gérard Jacquet, n’obtient que 60 211 suffrages. En juin 1946, à la suite du retrait d’André Pailleux qui choisit de se consacrer au syndicalisme chrétien, Eugène Rigal devient tête de liste et se trouve, derrière Joseph Dumas, élu à la plus forte moyenne, grâce aux 70 292 suffrages. La liste communiste est toujours largement en tête avec 141 254 et quatre élus, celle de la SFIO de Gérard Jacquet obtient 59 562 voix. En novembre 1946, malgré une légère baisse, avec 63 948 suffrages, les deux élus retrouvent leur siège.
Eugène Rigal se montre assez discret dans les deux premières assemblées constituantes, tout en se spécialisant dans des interventions relevant de ses compétences professionnelles. Durant son premier mandat, il est nommé membre de la commission des finances et du contrôle budgétaire et de la commission du ravitaillement. Il signe un rapport au nom de la première commission, sur le projet de loi tendant au relèvement du maximum des dépôts dans les Caisses d’épargne et à l’emploi du « boni » dans ces établissements. Il prend la parole à quatre reprises en séance publique. Il défend plus d’une dizaine d’amendements au projet de loi relatif à la nationalisation de la Banque de France et des grandes banques. Il est de surcroît rapporteur du projet de loi portant fixation du budget général de l’exercice 1946, au chapitre des Caisses d’épargne. Il est à nouveau rapporteur d’une proposition de résolution concernant la catastrophe minière d’Ostricourt.
Sous la deuxième Constituante, membre de la commission de l’intérieur, il dépose deux propositions de loi, trois propositions de résolution et un rapport. Ces trois textes ont trait à des thèmes économiques : augmentation de l’abattement à la base pour le calcul de l’impôt sur les traitements et salaires (18 juillet 1946) ; modification des modalités de payement de l’impôt sur les bénéfices industriels et commerciaux (18 juillet 1946) ; libéralisation du commerce de la viande (19 juillet 1946) ; cumul des retraites et des rémunérations publiques (23 juillet 1946) ; calcul de l’impôt sur le revenu des capitaux mobiliers des SARL (10 septembre 1946). Il intervient à quatre reprises dans l’hémicycle du Palais-Bourbon, en concentrant son intérêt dans la discussion des propositions de loi relatives à l’élection des membres de la Chambre des députés : il dépose deux amendements, avant de les retirer.
Durant la première législature de la Quatrième République, Eugène Rigal donne sa pleine mesure. Membre de la commission du règlement et du suffrage universel (1946-1947 ; 1951), de la commission du ravitaillement (1946-1947), de la commission des finances (1947-1951), de la commission de l’intérieur (1951), il est appelé à figurer sur la liste des jurés de la Haute Cour de justice, à partir du 20 mai 1947. Il fait preuve d’une grande activité et, entre 1946 et 1951, dépose 24 propositions de loi, 12 propositions de résolution, 14 rapports, deux rapports supplémentaires et un extrait de rapport général. Ces initiatives parlementaires, très nombreuses, ont en commun un caractère économique : retraites, capitaux et concentration des sociétés, impôts de bénéfices industriels et commerciaux, lutte contre la fraude fiscale, lutte contre l’inflation, émission d’un emprunt, réforme fiscale.
En séance publique, il intervient à soixante-douze reprises, ce qui est assez considérable. Cette grande assiduité dans les débats parlementaires le conduit, à nouveau sur des thèmes strictement économiques, financiers et monétaires, à déposer nombre d’amendements (38), de sous-amendements (3), de contre-projets (2) et une motion préjudicielle. Il est appelé à remplir les fonctions de rapporteur à plusieurs occasions, ce qui prouve la confiance que ses collègues lui délèguent et sa maîtrise de la délibération. Cette dernière fonction lui fait prendre la parole dans des discussions fort nombreuses : modification du règlement (29 novembre 1947) ; prélèvement exceptionnel de lutte contre l’inflation (5 mars, 20 et 29 mai, 30 juin 1948 et 16 juin 1949) ; délai de souscription à l’emprunt libératoire (9 juillet 1948) ; budget de 1948 (ministère des finances) ; budget des PTT et des Caisses d’Epargne (6 août 1948, 7 avril 1949 et 14 juin 1950), report du délai pour les déclarations fiscales (24 février 1949), prélèvement exceptionnel de lutte contre l’inflation (6 avril 1949).
Actif lors de l’examen de chaque exercice budgétaire, notamment sur les décisions relatives à la Caisse nationale d’épargne, il intervient sur le projet de loi tendant au redressement économique et financier le 10 août 1948. Dans le projet de loi des finances 1950, lors de la discussion générale, le 21 décembre 1949, il demande des réformes fiscales nécessaires et la réévaluation des bilans des sociétés. Il prend la parole lors des investitures de président du Conseil désigné concernant Robert Schuman, le 31 août 1948, Jules Moch le 13 octobre 1949, René Mayer le 20 octobre 1949, ainsi que dans le débat sur l’investiture d’Henri Queuille, le 30 juin 1950. Il intervient également sur les questions électorales, notamment le 16 mai 1950, dans le but d’instituer un scrutin de liste majoritaire à deux tours dans le cadre du département comportant un maximum de six candidats par liste, une détermination du nombre de sièges en fonction de la population, la répartition proportionnelle des sièges en fonction des résultats du second tour lorsque la majorité absolue n’est pas atteinte, la possibilité de panachage, le vote obligatoire et l’interdiction de nouvelles candidatures après le premier tour.
En 1951, ce libéral, dénonçant la pression fiscale et représentant de l’aile droite du MRP, cède la tête de liste à Joseph Dumas qui est réélu en 1951, mais non janvier 1956, victime de la vague mendésiste, des diverses listes de droite et de centre-droit et d’une augmentation du nombre de votants. Homme souriant, volubile, aimant la bonne chère, Eugène Rigal, qui a repris alors ses activités professionnelles, se détache de toute activité politique. Divorcé en 1961, il épouse en secondes noces, la même année, Germaine Charbonnier. Il disparaît le 23 avril 1966, dans sa soixante-huitième année.