Yves Rispat
1931 - 2015
RISPAT (Yves)
Né le 17 septembre 1931 à Capdenac (Aveyron)
Décédé le 15 janvier 2015 à Auch (Gers)
Député du Gers de 1993 à 1997
Sénateur du Gers de 1998 à 2008
Né le 17 septembre 1931 à Capdenac dans l’Aveyron, c’est dans le Gers que grandit Yves Rispat à partir de 1944. Sa famille s’est en effet installée à Lupiac, petite commune gasconne de moins de 500 habitants, connue pour être l’un des plus vieux « castelnaux » du Sud-Ouest. Le village abrite également le château de Castelmore, où le célèbre mousquetaire d'Artagnan est né et qui a été la demeure d’Yves Rispat.
Exploitant agricole, Yves Rispat est élu maire de sa commune d’adoption en mars 1965, fonction qu’il conserve pendant près de cinquante ans. Il exerce également de nombreuses fonctions syndicales : il assure la présidence de la Fédération nationale des syndicats d’exploitants agricoles (FNSEA) de 1970 à 1986 et celle de la chambre d’agriculture du Gers à partir de 1981. Il milite notamment pour obtenir le classement de son département en zone de rénovation rurale – ce qu’il obtient dès 1977.
Son engagement syndical le conduit vers l’engagement politique. À l’échelon local d’abord, Yves Rispat accède en 1986 au conseil régional de Midi-Pyrénées, dont il sera le vice-président à partir de 1992. Les élections cantonales d’octobre 1988 lui permettent de se faire élire au conseil général du Gers. Il en est l’un des vice-présidents de 1988 à 1992 puis le président de 1992 à 1998.
Au niveau national ensuite, c’est en 1993 que le maire de Lupiac se présente aux élections législatives dans la 1ère circonscription du Gers, sous la bannière du Rassemblement pour la République (RPR). Cette circonscription, comprenant notamment la commune d’Auch, est traditionnellement ancrée à gauche. Pourtant, Yves Rispat parvient à se placer en tête du premier tour avec 14 974 voix, soit 31,3 % des suffrages exprimés. Il devance ainsi son principal adversaire, le maire socialiste d’Auch, Claude Desbons, qui recueille 25,6 % des voix. Les candidats de l’UDF, André Daguin, et du parti communiste, Gérard Lacaze, remportent respectivement des scores de 17 % et 8 %. Le second tour voit une victoire assez nette du maire de Lupiac avec 22 930 voix et 53,1 % des suffrages exprimés, face à Claude Desbons.
Au Palais-Bourbon, le député du Gers s’apparente au groupe du RPR et siège à la commission des finances, de l’économie générale et du Plan, à laquelle il siège durant toute la législature.
Il en est le rapporteur spécial pour le Budget annexe des prestations sociales agricoles. Ainsi, Yves Rispat, qui se présente comme le représentant « du département le plus rural et le plus agricole de France », s’impose rapidement comme un spécialiste des prestations d’assurance maladie, des prestations familiales et des pensions de retraite des non-salariés agricoles, c’est-à-dire des exploitants agricoles. Chaque année, l’ancien agriculteur évoque ces questions lors de l’examen du projet de loi finances. Dès 1993, Yves Rispat est également membre du Conseil supérieur des prestations sociales agricoles. En décembre 1993, il dépose une proposition de loi tendant à intégrer dans le fonds de solidarité vieillesse les majorations de pensions accordées en fonction du nombre d’enfants dans le régime de l’assurance vieillesse agricole.
Ses autres interventions concernent le monde rural : utilisation de l’indication géographique des produits alimentaires en décembre 1993, lors de l’examen du projet de loi relatif à la reconnaissance de qualité des produits agricoles et alimentaires ; aménagement rural et crédit, en juillet 1994, lors de l’examen du projet de loi d’orientation pour l’aménagement du territoire. Le 24 novembre 1994, à l’occasion des débats sur le projet de loi relatif à la modernisation de l’agriculture, Yves Rispat décrit très précisément les enjeux de l’agriculture nationale. Il déclare à la tribune : « C’est son insertion dans un projet plus vaste articulant la gestion des espaces, la régulation des productions, la définition d’une politique alimentaire, la reconsidération d’un rapport avec la nature et la construction d’un nouveau type de lien social qui constitue le véritable défi politique pour l’agriculture française. Plus qu’un simple dispositif technique, la politique agricole doit constituer un grand dessein ». Il intervient aussi le 23 avril 1996, à la suite de la déclaration du gouvernement sur la charte d’installation des jeunes agriculteurs et le statut des conjoints. Son expertise dans l’aménagement du territoire rural est reconnue : c’est d’ailleurs à Auch que le Premier ministre Alain Juppé réunit un comité interministériel d'aménagement du territoire en avril 1997 – ce qui constitue un temps fort de la carrière politique du maire de Lupiac.
Au cours de ce mandat écourté par la dissolution d’avril 1997, le député RPR vote notamment la déclaration de politique générale du gouvernement d’Édouard Balladur le 8 avril 1993 et en faveur de la loi réformant le droit de la nationalité le 24 juin 1993, qui soumet notamment l’obtention de la nationalité française pour un mineur né en France de parents étrangers à une déclaration préalable entre seize et vingt-et-un ans.
Les élections législatives de 1997 mettent un terme provisoire à sa carrière nationale : après avoir remporté 33,5 % des suffrages au premier tour, il ne recueille que 44,2 % au second et est battu par le socialiste Claude Desbons. L’année suivante, le département passe à gauche : Yves Rispat perd alors la présidence du conseil général.
Cependant, ces échecs ne découragent nullement l’ancien député qui se présente aux élections sénatoriales de 1998. Le Gers, alors représenté par deux sénateurs socialistes, bascule à droite : Yves Rispat est élu sous la bannière du RPR et Aymeri de Montesquiou sous celle de l’Union pour la démocratie française (UDF).
Au palais du Luxembourg, le sénateur du Gers consacre l’essentiel de ses interventions à la défense de ses administrés. En décembre 2003, Yves Rispat se déclare favorable à la décentralisation, mais insiste sur le nécessaire transfert des finances devant accompagner les transferts de compétences. Ainsi fait-il part de son inquiétude : « L'un des rares risques que pourrait présenter cette réforme serait la reproduction de ce qui est fait depuis vingt ans : maintenir au même niveau l'État central, voire accroître encore les ressources nécessaires à son fonctionnement tout en transférant des responsabilités aux collectivités locales, sans les différencier et sans leur donner de moyens suffisants ». Le 7 mars 2006, il prend la parole pour dénoncer le traitement inégalitaire des communes gersoises à l’occasion de la sécheresse de 2003. Des communes voisines n’ont pas été reconnues sinistrées de la même façon. Yves Rispat s’indigne : « Certaines communes ont été arrosées, d'autres n'ont été que mouillées ; il y a des gagnants et des perdants ! »
Le sénateur gersois continue à mener des batailles électorales : secrétaire départemental du RPR, il est tête de liste pour les régionales de 2003. En 2004, Yves Rispat est atteint par le cumul des mandats : il doit choisir entre son mandat de conseiller général d'Aignan et celui de conseiller régional. Le sénateur-maire de Lupiac renonce à son mandat de conseiller régional pour conserver celui de conseiller général : « Le choix du cœur a été le plus fort » explique Yves Rispat qui a longtemps hésité.
Le maire de Lupiac connaît une fin de sa carrière difficile. À partir de 2007, l’Union pour un mouvement populaire (UMP) gersoise est minée par des querelles internes. Cette même année, le bureau politique de l'UMP décide de mettre fin aux fonctions de secrétaire départemental assurées par Yves Rispat. L’année suivante, le sénateur-maire décide, contre toute attente, de ne pas se représenter aux élections sénatoriales. En 2010, Yves Rispat est condamné par le tribunal correctionnel d’Auch à dix-huit mois de prison avec sursis. Il a été poursuivi pour avoir détourné 180 000 euros des caisses de l'association pour la prévoyance et l'assistance des agriculteurs du Gers, dont il était président, pour les reverser à d'autres associations qu’il présidait par ailleurs. Sa condamnation est confirmée en appel en 2011, et devient ensuite définitive, même si le maire de Lupiac avait annoncé sa volonté de se pourvoir en cassation, dénonçant « un complot politique ». L’ancien député est ainsi privé, en avril 2014, de la Légion d'honneur dont il était officier depuis 1999 et de la médaille du Mérite dont il était titulaire depuis décembre 1972. Toujours en 2014, sur fond de querelles locales au sujet d’une statue de d’Artagnan dont la construction est contestée dans le village, Yves Rispat renonce à se représenter aux municipales de Lupiac.
Affaibli à partir de 2012 par une santé de plus en plus fragile, cette figure de la politique gersoise s’éteint le 15 janvier 2015 à Auch.