Bernard Tapie

1943 - 2021

Informations générales
  • Né le 26 janvier 1943 à Paris (Seine - France)
  • Décédé le 3 octobre 2021 à PARIS (Paris - France)

Mandats à l'Assemblée nationale ou à la Chambre des députés

Régime politique
Cinquième République - Assemblée nationale
Législature
IXe législature
Mandat
Du 3 février 1989 au 2 mai 1992
Département
Bouches-du-Rhône
Groupe
Non inscrit
Régime politique
Cinquième République - Assemblée nationale
Législature
Xe législature
Mandat
Du 2 avril 1993 au 24 juillet 1996
Département
Bouches-du-Rhône
Groupe
République et liberté

Biographies

Biographie de la Ve République

TAPIE (Bernard)
Né le 26 janvier 1943 à Paris
Décédé le 3 octobre 2021 à Paris

Député des Bouches-du-Rhône de 1989 à 1992 et de 1993 à 1996

Bernard Tapie naît, le 26 janvier 1943, dans le 20e arrondissement de Paris au sein d’une famille modeste. Son père est un ouvrier ajusteur-fraiseur, tandis que sa mère exerce la profession d’aide-soignante. Si l’intéressé évoquera plus tard en matière de parcours de formation, un diplôme de l’Ecole d’électricité industrielle de Paris, son véritable bagage scolaire semble en réalité beaucoup plus limité. Après son service militaire au 93e régiment d’infanterie dans les Yvelines, il se lance au début des années 1960 dans une carrière vite avortée d’acteur de cinéma puis, en 1966, de chanteur (sortant sous le label RCA et sous le pseudonyme de Bernard Tapy trois 45 tours : « Je ne crois plus les filles », « Passeport pour le soleil » et « Les pistonnés »). Tout aussi éphémères se révèlent ses essais comme coureur automobile chez Matra. Vendeur à domicile pour un magasin de télévisions en 1964, il lance en 1967 sa propre enseigne d’équipements pour la maison mais l’affaire périclite. Trois ans plus tard, il fonde avec le gaulliste Marcel Loichot le Club bleu, un club de consommateurs en lien avec les comités d’entreprise, structure qu’il revend par la suite. En 1972, le voici consultant chez Asco, une société de conseils. En janvier 1975, il participe au lancement d’une nouvelle société, Cœur assistance, qui commercialise un système d’appel à l’aide en cas de crise cardiaque. L’entreprise est arrêtée au bout de quelques années de fonctionnement.

A la fin des années 1970, dans un contexte d’aggravation de la crise économique, Bernard Tapie se spécialise dans le rachat d’entreprises en difficulté. Il devient président des sociétés de papeterie et d’imprimerie Diguet-Denis, Duverger, Brochage Express puis d’une autre affaire papetière, la Sacap. En juillet 1979, il fonde et préside la société anonyme Groupe Bernard Tapie devenue, en avril 1982, la société en nom collectif Groupe Bernard Tapie. S’il échoue à s’emparer des actifs de Manufrance, il reprend dans les années 1980 La Vie Claire, puis Testut, Terraillon, Tournus, Vivalp, L’Herbier de Provence, Toshiba France, Trayvou, Soleillou, Wrangler, Look, Amap Leonard, Soubitez, Karo, Ferme Saint-André, Grès Production parfum, BO communication et enfin, en 1984, le groupe Wonder, pour lequel il s’associe un an plus tard avec Bouygues, organisant ensemble le rapprochement Wonder-Mazda (l’ensemble étant cédé en 1989 au groupe américain Ralston-Purina). Les conditions de reprise puis de relance de ces entreprises en difficulté suscitent souvent les polémiques. Après avoir créé en 1987 Bernard Tapie-Finance Holding, dans laquelle il regroupe ses principales participations industrielles, il procède à l’automne 1989 à l’introduction en bourse de cette société, opération qui séduit davantage les petits actionnaires que les institutionnels.

Pour asseoir sa notoriété personnelle et celle de ses entreprises, Bernard Tapie a recours à la publicité, n’hésitant pas à payer de sa personne (publicité Mazda). Il s’investit surtout, à partir des années 1980, dans le sport utilisé comme vitrine publicitaire pour toucher les masses. Il monte une équipe cycliste La Vie Claire autour de Bernard Hinault puis de Greg LeMond, qui remporte le Giro et le Tour de France. En 1988, son voilier, Le Phocéa, racheté quelques années plus tôt au navigateur Alain Colas, bat le record de l’Atlantique nord en monocoque avec équipage. Il accepte enfin, en 1986, à la demande de l’entourage du maire de Marseille, de reprendre le club de football de la ville, l’Olympique de Marseille (OM), alors dans les profondeurs du classement de la 1ère division. Sous son énergique direction, et après avoir recruté des joueurs et cadres de talent, l’équipe remporte de 1989 à 1992 quatre titres de champion de France, multiplie les finales de coupes européennes avant de s’imposer en Ligue des Champions face au Milan AC en 1993.

Ses succès dans le monde des affaires et le milieu du sport lui valent rapidement l’intérêt des médias. A partir des années 1983-84, il est régulièrement l’invité d’émissions politiques ainsi que d’émissions de variété où son charisme, son sens de la répartie et son assurance fascinent les spécialistes comme le grand public. Déclaré « homme de l’année 1984 » par les médias, Bernard Tapie décide début 1986 de monter et d’animer sur TF1 sa propre émission de télévision, « Ambitions », qui accompagne un jeune dans le lancement de sa société. Comprenant que les Français, en pleine vague du néo-libéralisme, portent un regard nouveau et plus positif sur le monde de l’entreprise, il poursuit dans cette voie et lance sur fonds propres des écoles de commerce destinées à aider des jeunes sans diplôme mais dynamiques à créer leur firme. Il publie en 1986 chez Robert Laffont l’ouvrage Gagner qui se révèle un best-seller.

Intéressé par la politique, Bernard Tapie est approché en 1987 par François Mitterrand qui cherche alors à s’entourer de personnalités d’ouverture issues de la société civile dans la perspective de la présidentielle de 1988. Les deux hommes apprennent à s’apprécier et Bernard Tapie soutient le président lors de sa réélection. Une investiture à Marseille lui est promise lors des législatives de juin 1988, mais les responsables du PS restent méfiants à l’égard d’un homme dont la grande fortune récente leur paraît douteuse et dont le succès tapageur aux accents parfois populistes les agace. Ils lui réservent un fief de droite, la 6e circonscription des Bouches-du-Rhône. Bernard Tapie relève le défi et s’engage dans la bataille avec le soutien du député européen Charles-Emile Loo sous l’étiquette « Majorité présidentielle ». Au soir du second tour, il n’est battu que de 87 voix par Guy Teissier, un proche du maire Jean-Claude Gaudin. Toutefois le Conseil constitutionnel, qui a constaté des irrégularités lors du dépouillement, annule les résultats du scrutin. Une législative partielle se tient donc en janvier 1989. Se représentant dans la même circonscription avec le soutien de son suppléant, le professeur Jean-Claude Chermann (codécouvreur du sida), Bernard Tapie obtient 41,8 % à l’issue du premier tour avant de s’imposer de justesse au second face à Guy Teissier avec 50,9 % des suffrages exprimés. Sa victoire inattendue stupéfait la classe politique et les journalistes. Durant sa campagne, le patron s’est montré un adversaire virulent du Front national, très implanté en Provence, n’hésitant pas à engager le rapport de force directement avec l’extrême droite sur ses thématiques de prédilection : immigration et insécurité. Il confirme ce positionnement à la fin de l’année en acceptant d’affronter le 8 décembre 1989, à la télévision, Jean-Marie Le Pen alors que d’autres responsables politiques avaient décliné. En juin 1990, lors de l’émission télévisée « L’heure de vérité », il s’engage « à réduire à moins de 10 % le score du Front national en moins de 18 mois ».

Au Palais-Bourbon, Bernard Tapie siège parmi les non-inscrits et rejoint la commission des finances, de l’économie générale et du Plan, qu’il quitte en avril 1991 au profit de la commission des affaires culturelles, familiales et sociales. Durant ce début de législature, le député des Bouches-du-Rhône se montre peu présent dans l’hémicycle. Il est vrai qu’il doit cesser son mandat parlementaire dès le 2 avril 1992, lorsqu’il est nommé ministre de la Ville dans le gouvernement de Pierre Bérégovoy. A l’été 1988, Michel Rocard s’était opposé en tant que Premier ministre à ce que Bernard Tapie entre dans son gouvernement, mais au printemps 1992, le contexte politique est différent. Après l’échec d’Edith Cresson à Matignon, François Mitterrand a besoin de figures nouvelles et dynamiques pour relancer une gauche engluée dans la crise économique et les affaires. Il suggère donc à Pierre Bérégovoy de prendre dans son gouvernement Bernard Tapie, populaire auprès des jeunes et apprécié par certains à gauche pour son combat anti-Front national (FN). Bernard Tapie doit, en contrepartie, quitter le monde des affaires afin de ne pas prêter le flanc à une critique sur le mélange des genres. L’intéressé accepte (cédant la présidence de Bernard Tapie Finances à son directeur financier, Elie Felous) et obtient qu’on lui attribue un nouveau ministère supposé adapté à ses compétences et objectifs : un ministère de la Ville où il s’agirait de favoriser le développement des quartiers populaires. Bernard Tapie laisse son siège de député à son suppléant, Jean-Claude Chermann. Alors que son arrivée au gouvernement en avril avait suscité beaucoup d’attentes et d’espoirs, le nouveau ministre déçoit par une certaine forme d’inaction, plus ou moins dissimulée par une forte présence médiatique. Il est vrai qu’il doit surtout quitter le ministère très tôt, au bout d’un mois seulement, le 23 mai 1992, première victime d’une nouvelle règle voulant que les ministres mis en examen sortent du gouvernement. Or Bernard Tapie a des ennuis judiciaires dans le cadre d’un contentieux (Toshiba-France) qui l’oppose au député Rassemblement pour la République (RPR) des Hauts-de-Seine et patron de casino Georges Tranchant. Ayant obtenu un non-lieu en décembre 1992, il réintègre le même mois le gouvernement Bérégovoy mais son retour suscite un malaise dans les rangs socialistes où certains (à commencer par le président de l’Assemblée nationale, Henri Emmanuelli) expriment ouvertement leur rejet d’un personnage à leurs yeux douteux.

Sur le plan professionnel, Bernard Tapie frappe un grand coup en 1990 en s’emparant de l’équipementier sportif Adidas alors en difficulté. L’entreprise allemande, malmenée par la concurrence américaine (Nike) et les coûts de production trop élevés de ses usines allemandes, est efficacement reprise en main par le patron français. Une série d’opérations énergiques (délocalisations, nouvelles méthodes de vente, nouveau logo) permet à l’entreprise de redevenir bénéficiaire à partir de 1993. Bernard Tapie vend alors la société et confie l’opération à la Société de Banque Occidentale (SDBO), filiale du Crédit Lyonnais. Il en résultera par la suite un contentieux entre l’homme d’affaires et la banque.

L’échec de la gauche aux législatives de mars 1993 met un terme au gouvernement de Pierre Bérégovoy et empêche Bernard Tapie de se relancer pleinement dans un ministère de la Ville où il n’aura finalement exercé que quelques mois. Lors de ces législatives, alors que partout les députés socialistes sortant dévissent, Bernard Tapie résiste bien dans la dixième circonscription marseillaise (Gardanne, Allauch, Roquevaire, quartiers nord de Marseille). Il est qualifié au second tour face au RPR Hervé Fabre-Aubrespy et au FN Damien Bariller, directeur de cabinet de Bruno Mégret, le numéro deux du parti. Plusieurs témoignages attestent d’un arrangement entre Bernard Tapie et Jean-Marie Le Pen pour que le candidat frontiste se maintienne au second tour et divise ainsi les voix à droite. Cela favorise de fait la victoire de Bernard Tapie qui, bien qu’englué dans l’affaire Valenciennes-OM (des joueurs de Valenciennes avaient été corrompus pour « lever le pied » face à l’OM lors d’un match le 20 mai 1993 avant une finale de coupe d’Europe, l’affaire éclabousse l’OM qui est interdit de compétitions européennes et se voit rétrogradé en 2e division), l’emporte au soir du second tour avec 44,5 % des suffrages exprimés. C’est sous la nouvelle étiquette Mouvement des radicaux de gauche (MRG), que Bernard Tapie retrouve le Palais-Bourbon. François Mitterrand, qui croyait toujours en un destin politique national pour Bernard Tapie mais qui avait pris la mesure des réticences des socialistes envers son champion, lui avait en effet conseillé, début 1993, de trouver un parti à gauche pour l’appuyer lors de ses campagnes électorales. En février, le ministre s’est tourné vers le MRG, petit parti alors déclinant et dont le responsable, Jean-François Hory, cherchait, pour relancer et moderniser la structure, une figure de proue médiatique. Bernard Tapie fait ainsi partie des six députés MRG élus au printemps 1993. Dans la foulée, il fusionne le MRG des Bouches-du-Rhône avec la petite formation qu’il avait créée en mars 1992 à l’occasion des élections régionales, Energie Sud. L’année suivante, Bernard Tapie consolide son implantation locale en entrant au conseil général des Bouches-du-Rhône (canton de Marseille V).

A l’Assemblée, le député s’inscrit au groupe République et Liberté et rejoint la commission des affaires culturelles, familiales et sociales. Le 28 avril 1993, il intervient après la déclaration du Premier ministre Edouard Balladur et de Simone Veil, ministre des affaires sociales, de la santé et de la ville, sur la politique urbaine du gouvernement. Bernard Tapie défend son bilan d’ancien ministre de la Ville. Il évoque les partenariats noués sous sa direction entre les collectivités locales et l’Etat, les modalités de lutte contre le trafic de drogue, les actions tournées spécifiquement vers les jeunes et souligne l’importance des crédits engagés. En décembre 1993, lorsqu’une première demande de levée de son immunité parlementaire est faite dans le cadre de l’affaire Testut, il se défend à l’Assemblée en présentant cette demande comme un choix politique et médiatique plus qu’une nécessité judiciaire. Le 5 juillet 1994, il dépose une originale proposition de loi tendant à réaffirmer l’inconstitutionnalité du chômage et à lever le processus d’inactivité des jeunes de moins de vingt-cinq ans. Deux nouvelles demandes de levée de son immunité parlementaire, en juin 1994, le conduisent à contester le bienfondé de cette opération. Convoqué devant la commission des immunités à l’Assemblée nationale, le député remet à chaque membre de la commission un argumentaire de défense intitulé « Faiblesses juridiques et signification politique » destiné à réfuter les accusations de fraude fiscale et d’abus de bien sociaux portées contre lui dans le cadre d’une affaire concernant la gestion de son bateau, Le Phocéa. Finalement, l’Assemblée lève le 28 juin son immunité parlementaire. Très remonté contre les députés socialistes qui ne l’ont pas défendu, Bernard Tapie met en garde ses anciens amis à la tribune de l’Assemblée : « Attendez-vous à ce que votre décision ait forcément des conséquences politiques ». Le 29 juin, l’ancien ministre de la Ville est interpellé à son domicile parisien de la rue des Saints-Pères avant d’être mis en examen par la juge Eva Joly.

Les élections européennes de juin 1994 confirment la proximité entre François Mitterrand et Bernard Tapie. Le président ne veut pas d’un retour politique de Michel Rocard après le départ de ce dernier de Matignon en 1991. Il suggère à Bernard Tapie, que Michel Rocard a refusé de voir avant le lancement de la campagne des européennes, de monter sa propre liste, Energie radicale. Celle-ci, portée par un Bernard Tapie très remonté dans les médias, obtient 12 % des voix, à deux points seulement d’une liste socialiste qui souffre de cette concurrence inattendue sur sa gauche. Michel Rocard ne s’en relèvera jamais. Au Parlement européen, Bernard Tapie siège dans le groupe Alliance radicale européenne. Alors que certains commencent à voir dans le populaire député radical des Bouches-du-Rhône le possible futur maire de Marseille après les municipales de 1995 (n’a-t-il pas obtenu dans la ville ses meilleurs scores lors des européennes avec près de 28,7 % des voix ?), Bernard Tapie ne peut se présenter à ce scrutin. En décembre 1994, il est mis en liquidation judiciaire par le tribunal de commerce de Paris, ce qui entraîne la perte de ses mandats électoraux et son inéligibilité pour cinq ans. L’intéressé se pose une fois de plus en victime d’une décision politique. « Le gouvernement et sa justice sont tombés bien bas en voulant éliminer de la vie politique un homme en litige avec son ex-banquier et associé pour un conflit commercial privé, sans interférence d’argent public ».

Bernard Tapie est aussi rattrapé par l’affaire VA-OM dont le procès débute en mars 1995. Le parlementaire est condamné deux mois plus tard à deux ans de prison dont un an ferme (ramené en appel à deux ans de prison dont huit mois ferme et trois ans d’inéligibilité). Il est déchu de son mandat de député le 5 septembre 1996. Incarcéré à la prison de la Santé puis à celle de Luynes, le détenu est finalement transféré à la prison des Baumettes où il bénéficie d’un régime de semi-liberté. C’est la fin de sa carrière politique personnelle, même si l’intéressé reste présent sur la scène politique et médiatique où il continue régulièrement d’afficher son rejet du FN (appelant ainsi à faire barrage à Jean-Marie Le Pen au deuxième tour de la présidentielle de 2002).

En 1995, Bernard Tapie est ruiné, inéligible et interdit de toute responsabilité dans le monde du football. Il doit se réinventer professionnellement. Il se reconvertit dans le monde du spectacle. Après avoir joué en 1996 dans le film de Claude Lelouch, Hommes, femmes, mode d’emploi, il rédige deux ans plus tard un livre, Librement, avant de s’essayer de nouveau à la chanson aux côtés du rappeur Doc Gyneco, puis d’animer en 1999 une émission sur RMC, « Allo Bernard ». Il s’oriente finalement vers le théâtre, jouant à partir de 2000 dans une adaptation remarquée du film Vol au-dessus d’un nid de coucou. Passionné par le théâtre, il prolongera cette expérience d’acteur avec d’autres pièces plus légères. De 2000 à 2002, il anime sur RTL9 l’émission « Rien à cacher » avant de présenter sur TF1 de 2002 à 2003 « A tort ou à raison ». Il s’essaie également les années suivantes comme commentateur sportif, animant des soirées football sur TF1 puis sur RTL. De 2001 à 2008, on le voit régulièrement dans des téléfilms policiers sur TF1 (« Cazas » puis « Commissaire Valence »).

De 1994 à la fin de sa vie, Bernard Tapie est poursuivi pour l’affaire Adidas l’opposant au groupe Crédit lyonnais. En février 1993, l’homme d’affaires, soucieux de se concentrer sur ses activités politiques, avait vendu Adidas via une filiale de la banque. Mais en mars 1994, Bernard Tapie est mis en faillite par décision de justice. En novembre 1996, le tribunal de commerce de Paris condamne le Consortium de réalisation, la structure de défaisance de la banque, à verser à l’homme d’affaires une importante provision en raison de la plus-value réalisée sur le rachat d’Adidas. En 2004, la cour d’appel de Paris autorise une médiation entre Bernard Tapie et l’Etat, propriétaire du consortium, mais la médiation échoue et après plusieurs péripéties judiciaires, les deux parties recourent en 2007 à un arbitrage en droit soutenu par la ministre de l’Economie, Christine Lagarde. En juillet 2008, le tribunal arbitral accorde 403 millions d’euros à l’ancien patron d’Adidas. Cette décision suscite la polémique et, en 2011, la Cour de justice de la République met en examen Christine Lagarde. Ayant retrouvé des moyens financiers importants, Bernard Tapie se relance dans les affaires : en 2009, il entre au capital du Club Méditerranée avant de s’en désengager puis en 2012 devient actionnaire à 50 % du groupe de presse Hersant Media, ce qui l’amène à s’impliquer dans la restructuration du quotidien La Provence, où il installe le journaliste Olivier Mazerolle. Mais la justice le rattrape bientôt dans l’affaire Adidas. En 2015, la cour d’appel de Paris condamne Bernard Tapie à rembourser la compensation perçue en 2008. L’arbitrage donne lieu à poursuites pénales. Les juges d’instruction le renvoient devant le tribunal correctionnel en décembre 2017. Un premier jugement l’ayant relaxé en juillet 2019, un second procès en appel intervient au printemps 2021 en l’absence de l’intéressé, atteint d’un cancer. Entre-temps, au printemps 2020, les sociétés de l’homme d’affaires ont été placées en redressement judiciaire.

Alors que le parquet général avait requis contre lui cinq ans de prison et 300 000 euros d’amende, Bernard Tapie est emporté le 3 octobre 2021 par le mal dont il souffrait depuis 2017. Plusieurs personnalités du monde du spectacle, de la politique et du sport lui rendent hommage. Une chapelle ardente est installée sur le stade Vélodrome le 7 octobre, avant ses funérailles le lendemain à la cathédrale Sainte-Marie-Majeure de Marseille.