Jean Taurines
1884 - 1958
Né le 21 janvier 1884 à Baziège (Haute-Garonne), décédé le 22 octobre 1958
Député de la Loire de 1919 à 1924 et de 1928 à 1932.
Sénateur de la Loire de 1932 à 1941.
Issu d'une modeste famille, Jean Taurines fit ses études secondaires au collège de Clermont-L'Hérault et entra ensuite dans l'administration des Contributions indirectes.
En 1914, étant rédacteur principal à la direction de la Loire à Saint Etienne, il fut mobilisé comme officier d'infanterie. D'une bravoure légendaire au feu, il fut blessé à deux reprises et la dernière fois si grièvement que l'on dut l'amputer de la jambe gauche et le réformer pour invalidité à 100 %.
Conseiller général de Saint-Just-en-Chevalet, il fut élu député de la Loire sur la liste de l'union nationale le 16 novembre 1919, avec 52.766 voix sur 132.611 votants, après Laurent qui en obtint 53.185 et Dupin qui en recueillit 52.810. Il s'inscrivit au groupe de l'entente républicaine démocratique. Nommé secrétaire de la Chambre parmi les quatre plus jeunes députés de l'assemblée, il vit sa fonction renouvelée une deuxième fois par le vote de ses collègues.
Il se représenta le 11 mai 1924 en tête de la liste de même formation politique qui fut battue dans la Loire. Il n'obtint, au premier tour, que 60.339 suffrages sur 154.758 votants, alors que Durafour en recueillit 88.243.
Le retour du scrutin d'arrondissement le ramena à la Chambre aux élections du 29 avril 1928 où il fut élu au deuxième tour, avec 11.710 voix sur 23.289 votants, contre 11.120 à Faure.
Il s'inscrivit alors au groupe des indépendants.
Au cours de ses mandats de député, il participa aux travaux des commissions des pensions civiles et militaires, des mines, de l'armée, des finances et des boissons. Rapporteur tour à tour des monnaies et médailles en 1929, des pensions en 1931, des mines et de l'armée, il prit part à de nombreux débats budgétaires. Il intervint au sujet des bouilleurs de cru et joua un rôle considérable en faveur de ses camarades anciens combattants et victimes de la guerre dont il connaissait, hélas, les misères.
Il fut élu sénateur de la Loire le 16 octobre 1932 au deuxième tour par 503 voix sur 988 votants devant Drivet qui en obtint 464 et Merlin qui en recueillit 461.
Il s'inscrivit au groupe de l'union démocratique et radicale.
Membre de diverses commissions, et notamment de celles des finances, de l'armée, de l'administration générale, départementale et communale, des mines, des emplois réservés, de l'Algérie, il fut rapporteur non seulement du budget de l'Algérie en 1937, mais aussi de multiples projets de loi ayant trait principalement aux emplois réservés, au recrutement des sous-lieutenants d'administration, à l'attribution du pécule et à la nationalisation de la fabrication des matériels de guerre. Auteur de propositions de loi relatives d'une part, aux modifications des dispositions d'appel devant le Conseil d'Etat en matière d'impôts et de contributions et, d'autre part, aux sociétés de secours mutuels, il intervint fréquemment à la tribune du Sénat au cours des débats budgétaires et particulièrement pour défendre les droits des anciens combattants et victimes de la guerre. Son discours sur la politique du Gouvernement, le 7 février 1939, lui valut un franc succès.
Le 1er octobre 1939, il donna sa démission de membre de l'Alliance démocratique et eut à ce sujet un échange de lettres avec Pierre Etienne Flandin.
La guerre et les événements qui suivirent ne lui permirent pas d'exercer plus avant son activité de sénateur ; néanmoins le 1er juin 1940 le Président Caillaux le chargea, au nom de la commission des finances du Sénat, de contrôler sur place et sur pièces les dépenses du budget de l'armement. Sa lettre de mission était valable jusqu'au 31 décembre 1940, mais ce fut l'arrivée des Allemands.
A Vichy, lors de la réunion de l'Assemblée nationale, il est parmi ceux qui prirent la parole pour défendre les libertés de la France. Le 6 juillet 1940, il présenta, au nom des anciens combattants et signé par trente-sept sénateurs, un contre-projet de résolution tendant à réviser les lois constitutionnelles.
Cependant, le 10 juillet, il vota pour les pouvoirs constituants demandés par le Maréchal Pétain, celui-ci ayant accepté une modification au projet demandée par le groupe des anciens combattants du Sénat, à savoir que la nouvelle Constitution serait ratifiée par la Nation et non par les Assemblées qu'elle aurait créées. Jean Taurines était Grand Croix de la Légion d'honneur et Croix de guerre 1914-1918 et 1939-1940.