Marie Tony-Révillon
1891 - 1957
Né le 24 avril 1891 à Paris (5e).
Député de l'Ain de 1932 à 1935.
Sénateur de l'Ain de 1935 à 1945.
Né à Paris, Marie-Michel Tony Révillon était le fils de Tony Révillon, journaliste, littérateur et homme politique qui s'illustra par sa lutte contre les opportunistes et fut député de Belleville entre 1881 et 1893.
Après des études au lycée Henri IV, à l'école Alsacienne et à la Faculté de droit, il s'inscrivit au barreau de Paris.
Attiré très jeune par la politique, Tony Révillon adhéra au parti radical socialiste pour lequel il milita activement et dont il fut a plusieurs reprises membre du bureau. En 1930 il publie un livre consacré à L'Apôtre républicain, Camille Pelletan.
Dès cette époque son activité politique s'oriente vers le département de l'Ain dont son père était originaire, puisqu'il fonde en 1930 à Bourg-en-Bresse le journal La République de l'Ain, qu'il dirigea jusqu'en 1936. Le 8 mai 1932 il est élu député de la 1re circonscription de Bourg, battant au second tour le député sortant, P. de Monicault, en obtenant 8.662 voix sur 15.099 votants.
A la Chambre des députés, Tony Révillon fit partie des commissions des colonies, des douanes et conventions collectives, et du suffrage universel. Il fut rapporteur en 1933 du projet de loi portant fixation de l'organisation douanière et fiscale des zones franches de Haute-Savoie et du pays de Gex, que visait l'arrêt de la Cour permanente de justice internationale en date du 7 juin 1932. Il intervint également dans la discussion du projet de loi portant approbation du traité de 1935, entre la France et l'Italie, pour le règlement de leurs intérêts en Afrique.
Le 17 novembre 1935, Tony Révillon est élu sénateur de l'Ain en remplacement du général Messimy qui était décédé. Il sera réélu le 23 octobre 1938. Au sein de la Haute Assemblée il devait participer aux travaux des commissions de législation civile et criminelle, de l'enseignement, de l'Algérie, des colonies et de la marine. Il fut également élu secrétaire du Sénat en 1939 et 1940.
Durant cette période il rapporta le projet de loi tendant à modifier l'organisation des cours d'assises et du jury criminel en Algérie. Par ailleurs, le ministre des Colonies, Georges Mandel, le nomma président de la commission d'enquête sur les travaux d'irrigation du Niger.
Ces activités parlementaires montrent bien l'intérêt profond que Tony Révillon a toujours porté aux problèmes internationaux. On en donnera comme preuve supplémentaire ses nombreux voyages et sa participation aux travaux de l'Union interparlementaire et de l'entente internationale des partis radicaux et démocratiques.
Lors de l'invasion allemande, il se rend à Bordeaux. C'est là, le 18 juin 1940, dans une école de la rue Anatole-France où se tient une réunion de députés et de sénateurs, qu'il prend la parole pour s'opposer à la demande d'armistice et préconiser la poursuite de la lutte en Afrique jusqu'à la victoire des Alliés. En compagnie, entre autres, d'Yvon Delbos, Georges Mandel et Campinchi, il s'embarque sur le Massilia qui le conduit à Alger. C'est là qu'il se trouve avant d'être placé en résidence surveillée à Marseille, lorsque est votée le 10 juillet 1940 la loi sur les pleins pouvoirs accordés au maréchal Pétain.
RÉVILLON (Marie, Michel, dit TONY-RÉVILLON)
Né le 24 avril 1891 à Paris (5ème)
Décédé le 11 janvier 1957 à Paris (17ème)
Député de l'Ain de 1932 à 1935 et de 1946 à 1957
Sénateur de l'Ain de 1935 à 1945
Membre de la première et de la seconde Assemblée nationale constituante (Ain)
Ministre de l’éducation nationale du 5 septembre au 11 septembre1948
Secrétaire d'Etat à la France d'outre-mer du 11 septembre 1948 au 28 octobre 1949
Secrétaire d'Etat aux affaires économiques du 14 mars 1952 au 8 janvier 1953
Quand il rejoint Bordeaux en juin 1940, fuyant l'avance allemande, Tony Révillon, secrétaire du Sénat, fait déjà figure de personnalité radicale-socialiste. Avocat à la Cour d'appel de Paris, animateur influent des Jeunesses laïques et républicaines, ce fils d'un ancien député de la Seine a manifesté au cours de huit années parlementaires un intérêt soutenu pour les questions coloniales (Algérie, Niger) et internationales (Union interparlementaire, Entente internationale des partis radicaux et démocratiques).
Le 18 juin 1940, lors d'une réunion de parlementaires repliés à Bordeaux, il vilipende publiquement la demande d'armistice et prône la poursuite de la guerre depuis l'Afrique. Naturellement, il accepte l'offre de l'amiral Darlan d'embarquer sur le Massilia, affrété par la Questure et embarque au Verdon le 21 juin, partageant sa cabine avec Paul Bastid. A Yvon Delbos qui, en mer, évoque un torpillage par les sous-marins ennemis, il rétorque : "Ah non ! Je suis trop combatif. Je veux voir la victoire des démocraties." Après les retards et tracasseries provoqués par le général Noguès à Casablanca et le détour par Alger, Tony Révillon arrive à Marseille le 20 juillet sur le Florida sous les huées orchestrées par le PPF et la préfecture contre les parlementaires " fuyards "…
Anti-vichyste de la première heure, Tony Révillon soutient les ouvertures que fait Paul Bastid à de Gaulle dans sa lettre d'août 1942 et dans la préparation du congrès radical clandestin du 22 janvier 1944. Il fait partie des parlementaires désignés par le Parti radical pour siéger à l'Assemblée consultative provisoire à Alger puis à Paris. Désigné comme juré à la Haute Cour de Justice, il a à siéger dans plusieurs procès dont ceux du maréchal Pétain (juillet-août 1945) et de l'amiral Jean-Pierre Esteva, résident collaborationniste en Tunisie. Quand il pose sa candidature, dans l'Ain, sous l'étiquette du Parti radical socialiste aux élections du 21 octobre 1945, il est un des rares vétérans du radicalisme élus à l'Assemblée nationale constituante. De justesse, certes, car avec 24531 (17,4%), il arrive derrière les élus du MRP, du PCF et de la SFIO. Membre, en 1945, de la commission de l'éducation nationale, des beaux-arts, de la jeunesse, des sports et loisirs et de celle des territoires d'outre-mer, il entre, en 1946, à la commission de la Constitution. Comme on le constate pour ses mandats ultérieurs, il semble déployer plus d'activité dans les commissions qu'en séance. Son élection, le 2 juin 1946, à la seconde Assemblée nationale constituante marque un léger progrès ; avec 27179 suffrages (18,3%), il surpasse de 3000 voix le candidat sortant SFIO. Aux élections législatives du 10 novembre 1946, malgré les progrès du PCF (deux élus), Tony Révillon est réélu (25496 voix, soit 18,5%) distançant de 5000 voix la liste SFIO.
Vice-président de la commission des territoires d'outre-mer, il est discret à l'Assemblée, du moins jusqu'en 1948 où ses interventions sont liées à ses fonctions gouvernementales, en réponse aux interpellations des députés notamment sur la politique économique et financière : programmes en AOF et en Indochine, dévaluation du franc CFA, cours du café, du cacao, de la vanille, du miel de Guinée etc… Enfin, après avoir reçu le portefeuille de l'éducation nationale dans le deuxième cabinet de Robert Schuman, le 5 septembre 1948, il démissionne le 8 septembre et devient, le 11 septembre, secrétaire d'Etat à la France d'Outre-Mer dans le cabinet Queuille (jusqu'au 13 octobre 1949).
Pour les élections législatives du 17 juin 1951, marquées, dans l'Ain, par un taux d'abstention de 28,5%, Tony Révillon, tête de la liste radicale-socialiste RGR, s'appuie sur l'apparentement avec la SFIO, le MRP-Républicains démocrates et l'Union des indépendants paysans-Républicains nationaux. Arrivés en tête de l'apparentement avec 19% des suffrages, Tony Révillon (25 523 voix) et son colistier, le sénateur Jean Saint-Cyr (25 600 voix) sont élus aisément. Tony Révillon, membre de la commission de l'éducation nationale dès 1951 puis de celles des territoires d'outre-mer et du suffrage universel, des lois constitutionnelles, du règlement et des pétitions (en 1953) dépose huit propositions de lois et trois propositions de résolution relatives à des secours d'urgence aux sinistrés des inondations de l'Ain et au code de la famille (adoption, légitimation, droit des orphelins…). Nommé secrétaire d'Etat aux affaires économiques le 14 mars 1952 dans le cabinet Pinay (il en démissionne le 23 décembre suivant), il répond aux interpellations concernant ses attributions et prend part aux discussions concernant les ententes professionnelles, les échanges extérieurs, les enquêtes économiques. Tandis que ses engagements de la campagne électorale de 1951 étaient d'ordre idéologique et politique contre le PCF et le RPF, son action à l'Assemblée nationale est essentiellement technique.
La campagne électorale pour les élections législatives du 2 janvier 1956 est d'une autre nature. Onze listes s'affrontant dans l'Ain, celle du Parti républicain radical et radical socialiste conduite par Tony Révillon est apparentée à la seule liste SFIO. Les engagements électoraux font une large part à la protection sociale, aux agriculteurs, au logement, à l'enseignement public et à l'organisation européenne. Tony Révillon est élu avec 24 547 voix (16%). Inscrit à la commission de l'éducation nationale et à celle du suffrage universel, des lois constitutionnelles, du règlement et des pétitions, il réitère quelques uns de ses dépôts de la précédente législature mais ajoute plusieurs propositions concernant l'enseignement. Lui qui avait pris la présidence du groupe républicain radical et radical socialiste dans les dernières semaines (novembre-décembre 1955) de la seconde législature, il adhère le 15 octobre 1956 au nouveau Parti radical socialiste et prend la présidence de son groupe parlementaire à l'Assemblée nationale le 19 octobre. Il décède trois mois plus tard, le 11 janvier 1957.