Edmond Toussaint
1849 - 1931
- Informations générales
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- Né le 16 juillet 1849 à Lunéville (Meurthe - France)
- Décédé le 26 février 1931 à Paris (Seine - France)
1849 - 1931
Né le 16 juillet 1849 à Lunéville (Meurthe), mort le 26 février 1931 à Paris (14e).
Député de la Seine de 1893 à 1898.
Né sous la IIe République et mort au déclin de la IIIe, Edmond Toussaint connut une longue et curieuse existence au fil dramatiquement tranché.
Fils d'un facteur rural de Lunéville, il a tout juste 21 ans lorsque éclate la guerre de 1870 : il fait la campagne au 16e bataillon des mobiles de la Seine, puis commence une fougueuse carrière de militant en servant la Commune en qualité de volontaire.
En 1879, il est l'un des fondateurs de la Pensée libre et de l'Excommunié, titres qui sont tout un programme, auxquels il collabore à côté d'Henri Place, de Louise Michel etc... Il fait adopter le drapeau rouge au congrès de la libre pensée et compte, dès 1880, parmi les premiers adhérents au parti ouvrier français puis au parti ouvrier socialiste révolutionnaire créé en 1891.
Mieux organisés, les mouvements socialistes vont voir, aux élections de 1893, leurs premières percées à la Chambre : Toussaint, alors employé de commerce, se présente le 20 août dans la 3e circonscription du XIe arrondissement de Paris pour arracher au radical-socialiste ; Henri Mathé le siège que celui-ci détient depuis 1885. Au premier tour, Mathé arrive largement en tête avec 5.102 voix sur 12.154 votants, suivi de Toussaint 3.190 voix et d'Etienne Susini 2.068 voix. Au scrutin de ballottage le 3 septembre Mathé ne gagne que 61 voix et Toussaint l'emporte avec 5.554 voix sur 10.982 votants : Susini, socialiste blanquiste, s'est retiré lui laissant le bénéfice des 2.000 suffrages qu'il avait recueillis au premier tour.
Toussaint a fait sien le programme officiel du parti ouvrier socialiste révolutionnaire, préconisant entre autres l'acheminement vers une société communiste, la suppression du Sénat et de la présidence de la République, la reconnaissance du mandat impératif, la suppression de la magistrature remplacée par des jurys, le repos hebdomadaire, la journée de 8 heures, l'égalité du salaire masculin et féminin, la prise en charge par la société des vieillards et des invalides du travail et enfin la création d'un impôt unique et progressif sur le capital et sur les revenus supérieurs à 3.000 F. A la Chambre il siège dans les rangs du petit groupe socialiste et appartient à plusieurs commissions.
Il participe au dépôt de deux propositions de loi, l'une tendant à amnistier les militaires insoumis, déserteurs, rebelle les ou indisciplinés, l'autre à interdire les divers biais conduisant à aboutir à des diminutions de salaires pour les employés et ouvriers. Lorsqu'il aborde la tribune, c'est plus pour prononcer contre la société bourgeoise et pour la révolution par le socialisme une diatribe, qu'il commence toujours en apostrophant ses collègues du titre de « citoyens ! » que pour discuter au fond le texte soumis à la Chambre. Il s'oppose ainsi, par exemple, aux restrictions à la liberté de la presse et d'association (les « lois scélérates » de 1894), à la nomination des sénateurs au suffrage universel, à la prolongation du privilège de la Banque de France et demande à interpeller le gouvernement pour s'élever contre l'empiètement éventuel des heures de catéchisme sur les heures de classe de la communale.
En 1898, il se représente, mais n'est pas réélu. En tête au premier tour avec 5.859 voix sur 14.770 votants, il ne peut, au scrutin de ballottage, malgré l'apport des 1.800 voix d'Etienne Susini, l'emporter sur le radical socialiste Levraud qui le distance de 143 voix avec 6.552 voix sur 13.212 votants. Il s'entêtera en 1902, mais n'obtient plus que 2.721 voix sur 16.780 votants et ne se maintient pas au second tour.
Sa fougue militante, qui l'avait fait condamner en avril 1894 après les grèves de Trignac à dix jours de prison, le conduit après la scission survenue lors du congrès socialiste de Paris en 1900 puis de Lyon en 1901 à adhérer au nouveau parti socialiste de France, issu de cette scission, au comité directeur duquel il appartient dès 1901.
Son nouvel échec aux élections de 1902 change l'orientation de sa vie, mettant un point final à son activité politique. Il se consacre désormais aux affaires, y acquérant même une fortune réputée considérable, de plusieurs millions aux dires de la presse.
Est-ce le souvenir de la modestie de ses premières années ou la peur de manquer qui le conduisent à l'avarice la plus sordide ? Toujours est-il que resté seul après la mort de sa femme, il va connaître une fin lamentable : propriétaire de l'immeuble qu'il habite rue Michal dans le XIIIe arrondissement, ainsi que d'un autre, il y vit comme un clochard, sans électricité, « faisant », le matin, les poubelles pour y récupérer le pain dont il se nourrit. Ayant rafistolé son tuyau d'arrivée de gaz, tout fendillé, avec de la ficelle et de vieux chiffons, le résultat de ce bricolage est dramatique : asphyxié, découvert trop tard par sa concierge et transporté à l'hôpital Cochin, il y succombe le 26 février 1931 à l'âge de 82 ans.