Médard Albrand
1898 - 1981
ALBRAND (Médard)
Né le 8 juin 1898 au Petit-Canal (Guadeloupe)
Décédé le 26 juillet 1981 à Paris
Député de Guadeloupe de 1958 à 1967
Médard Albrand est né le 8 juin 1898 au Petit-Canal en Guadeloupe. Il fait ses études sur l’île au lycée Carnot de Pointe-à-Pitre où il obtient son baccalauréat. Mobilisé en 1917, il prend une part active à la première guerre mondiale. De retour en Guadeloupe en 1920, Médard Albrand devient instituteur puis, à partir de 1921, professeur adjoint au Lycée Carnot de Pointe-à-Pitre. En 1943, il démissionne et choisit d’exercer la profession de commerçant en alimentation générale.
En 1935, Médard Albrand se présente pour la première fois à la mairie de Petit-Canal. Il est élu et conserve son mandat municipal jusqu’en 1967. Élu en 1937 au Conseil général du canton de Petit-Canal, il en prend la tête de 1943 à 1945. Il abandonne ses fonctions de conseiller général en 1970. Sous l’étiquette du Rassemblement du peuple français (RPF), le maire de Petit-Canal est brièvement conseiller de l’Union française pour la Guadeloupe de 1950 à 1953, date à laquelle son mandat n’est pas reconduit malgré son activité dynamique en tant que président de la Commission des affaires sociales de cette assemblée.
Investi par l’Union pour la nouvelle République (UNR), Médard Albrand se porte candidat aux élections législatives de novembre 1958 dans la 1ère circonscription de Guadeloupe traditionnellement ancrée à gauche (qui comprend notamment les communes de Petit-Canal et de Pointe-à-Pitre). Il affronte sept candidats dont le communiste Rosan Girard, maire du Moule et député sortant élu sans discontinuité depuis 1946. Lors de la campagne, le maire de Petit-Canal se montre virulent à l’encontre de son principal rival et annonce, dans sa profession de foi, la fin « des communistes, ces vils agents de l’étranger dont la propagande perfide a fait tant de mal à la France et à la Guadeloupe ». Le premier tour le place en tête avec 46,5% des suffrages contre 34,7% pour Rosan Girard et 8% pour le socialiste Paul Valentino. Il obtient ses meilleurs résultats dans son canton de Petit-Canal (il y a recueilli 98% des 2500 voix) et à Sainte-Anne, commune marquée à droite (98% des suffrages exprimés). En revanche, les habitants de Pointe-à-Pitre, ville marquée à gauche, n’ont voté qu’à près de 20% pour le candidat de droite. Au second tour, dans le cadre d’une triangulaire qui divise la gauche, le maire de Petit-Canal obtient la majorité relative avec 46,2% des voix. Ses adversaires le communiste Rosan Girard et le socialiste Paul Valentino ont recueilli respectivement 44,8% et 7%.
Lors de son entrée en fonction, Médard Albrand est nommé membre de la Commission des affaires culturelles, familiales et sociales et membre du Comité directeur du Fonds d’investissement des départements d’outre-mer. Il fait preuve d’un soutien constant à l’exécutif. Il s’exprime ainsi en faveur du programme du gouvernement Debré (16 janvier 1959) ainsi que du nouveau règlement de l’Assemblée nationale, qui limite les possibilités d’expression des élus de la Nation (3 juin 1959). Il approuve la déclaration de politique générale du Premier ministre le 15 octobre 1959 peu après que le général a évoqué l’« autodétermination » de l’Algérie. Il adopte la loi Debré sur le financement de l’enseignement privé du 23 décembre 1959, accorde le 2 février 1960 les pouvoirs spéciaux au gouvernement pour ramener l’ordre en Algérie après la semaine des barricades, ne s’associe pas à la motion de censure du 4 octobre 1962 et vote favorablement à la levée de l’immunité parlementaire de Georges Bidault le 5 juillet 1962. Ses préoccupations essentielles demeurent les problèmes intéressant l’outre-mer. Au cours de cette législature, il dépose une seule proposition de loi tendant à proroger la loi du 31 décembre 1948 maintenant dans les lieux les locataires de locaux d’habitation ou des locaux professionnels dans les départements d’outre-mer (DOM) et fixant le prix des loyers applicables (15 juin 1962). Toutes ses interventions concernent les questions antillaises. En 1960, il dénonce le projet de loi-programme pour les départements d’outre-mer comme « un rempli de bonnes intentions mais dépourvu de décisions concrètes » et s’élève contre le retard dans le domaine de l’équipement à la Guadeloupe (routes, port de Pointe-à-Pitre), le coût élevé du fret, la faible production sucrière et l’absence d’une véritable réforme de la sécurité sociale dans les DOM. Il défend avec conviction les petits planteurs de cannes, les fabricants de sucre et les planteurs de bananes notamment contre les producteurs des pays africains. Dans sa profession de foi de 1962, il met d’ailleurs en avant son implication en faveur des intérêts de la Guadeloupe et en particulier ses interventions, à l’occasion des discussions budgétaires, en faveur du tourisme, de la pêche, de l’agriculture, des constructions scolaires, des assurances agricoles, de la rémunération des fonctions ou encore du port de Pointe-à-Pitre.
En effet, solidement implanté dans sa circonscription, Médard Albrand sollicite le renouvellement de son mandat législatif en 1962 sous l’étiquette Union pour la nouvelle République (UNR). Il affronte Nicolas Ludger, conseiller général des Abymes investi par le PCF et Fernand Balin du Parti républicain scholchériste, parti d’inspiration radicale fondé par Maurice Satineau. Ils obtiennent respectivement 29,7% et 14,6% des suffrages tandis qu’une majorité d’électeurs (55,5%) se prononce en faveur du député sortant dès le premier tour. Son bastion de Petit-Canal est demeuré solide : il a recueilli 2 666 voix sur les 2 673 votants. Comme en 1958, le parlementaire guadeloupéen a également pu compter sur la très grande majorité des voix de Sainte-Anne. En revanche, la commune de Pointe-à-Pitre reste ancrée à gauche, mais l’abstentionnisme (moins de 27% de votants sur les 13 646 inscrits) a joué en défaveur des candidats de l’opposition qui y ont obtenu 63% des suffrages exprimés.
Au cours de cette législature, il déploie une activité parlementaire moindre, même s’il continue de siéger à la Commission des affaires culturelles, familiales et sociales et est nommé membre du comité directeur du Fonds d’investissement des départements d’outre-mer. Il prend la parole à cinq reprises en séance publique entre 1962 et 1967, pour y évoquer son sujet de prédilection : la Guadeloupe. Les producteurs de sucre restent au cœur de son activité parlementaire. Il les défend à deux reprises à l’occasion du projet de loi de finances rectificative pour 1964 et du projet de loi de finances de 1965. Cette même année, il s’emploie également à faire jouer la solidarité nationale après le passage du cyclone Cléo au mois d’août 1964. Il réclame par ailleurs que la production d’outre-mer soit intégrée dans le Marché commun comme une production française. Lors des grands débats, Médard Albrand soutient avec constance l’action du gouvernement. Il se prononce ainsi en faveur de la ratification du traité de l’Elysée (13 juin 1963), de la réforme du mode d’élection des conseillers municipaux (17 juin 1964) et de la réforme du service national (26 mai 1965).
En 1967, alors âgé de 69 ans, Médard Albrand démissionne de la mairie de Petit-Canal et choisit de ne pas se représenter aux élections législatives. Son successeur Hégésippe Ibène ne parvient pas à battre le socialiste Paul Valentino, élu à près de 52% des voix. Médard Albrand est décédé le 26 juillet 1981. Il était officier de la Légion d’honneur, commandeur de l’ordre national du Mérite, officier des Palmes académiques et chevalier de l’Etoile Noire du Bénin.