Jean Longuet
1876 - 1938
Né le 10 mai 1876 à Londres (Grande-Bretagne), mort le 11 septembre 1938 à Aix-les-Bains (Savoie).
Député de la Seine de 1914 à 1919 et de 1932 à 1936.
Proscrit après l'écrasement de la Commune de Paris dont il faisait partie, son père, Charles Longuet, se réfugia à Londres. Reçu chez Karl Marx, il y connut et épousa, sa fille Jenny. De ce mariage d'exil naquit Jean Longuet. Puissamment marquée par son milieu familial, sa jeunesse fut nourrie de la pensée et de l'action socialiste internationale. Dès la classe de philosophie qu'il suivait au lycée de Caen, il participa à la fondation d'un groupe socialiste. Inscrit ensuite à la Faculté de droit de Paris, il adhère au groupe des étudiants collectivistes et participe à la fondation de la revue Le Mouvement socialiste.
D'abord membre du parti ouvrier français, il suit Jaurès après les déchirements consécutifs à l'affaire Dreyfus au congrès de 1901 : il sera, en particulier, avec Renaudel, l'aile gauche du parti socialiste.
Il collabore au journal La Petite République de Jaurès et participe avec celui-ci à la fondation de L'Humanité en 1904, où il est spécialiste de politique étrangère.
Marié en 1902, il aura deux enfants, Robert et Carl.
Il se présente pour la première fois aux élections législatives de 1914, dans la circonscription de Sceaux, sous l'étiquette socialiste. Il est élu le 1er juin 1914 par 10.151 voix contre 8.207 à Calary de Lamazière.
Pendant cette législature, il fait partie de plusieurs commissions : affaires extérieures et colonies, législation civile et criminelle, suffrage universel. Il prend part à de nombreux débats, en particulier aux discussions des projets de loi sur l'interdiction de l'absinthe et sur l'approbation du traité de Versailles.
Le succès des modérés aux élections de 1919 le prive de son siège. Il reprend alors ses activités au barreau.
Après la scission du parti socialiste au Congrès de Tours en 1920, il fonde avec Mayeras et Paul Faure Le Populaire du Soir qui deviendra ensuite Le Populaire, quotidien du matin.
En 1925, il est élu maire de Chatenay-Malabry et en 1929 conseiller général de la Seine, poste qu'il occupera jusqu'à sa mort. Son œuvre municipale a d'ailleurs laissé un profond souvenir chez ses concitoyens. En effet, il s'attache particulièrement aux projets en faveur des collectivités. D'ailleurs, la liste de ses réalisations démontre amplement qu'il fût un précurseur en matière sociale : piscine couverte, habitations à bon marché, stade, dispensaire, groupe scolaire, etc... En 1932, de nouveau candidat socialiste aux élections législatives, il est élu député de la Seine le 8 mai, au second tour de scrutin, par 9.704 voix contre 8.340 à Nomblot.
Au cours de cette législature, il fait partie de la commission des affaires étrangères et de la commission d'enquête sur les événements du 6 février 1934.
Il est chargé de plusieurs rapports et, en particulier, de ceux qui concernent la ratification de la convention de navigation avec le Canada et de la proposition de résolution envoyant les félicitations de la Chambre des députés à la République espagnole. Il dépose de nombreuses demandes d'interpellation : politique à l'égard de l'Autriche et de ses mouvements fascistes, pacte de non agression franco-soviétique, scandale du Crédit municipal de Bayonne, repos hebdomadaire, réforme électorale, activités des ligues.
Il demande à ses concitoyens le renouvellement de son mandat de député aux élections de 1936. Mais, respectant les accords du Front populaire, il s'efface au second tour devant le candidat communiste mieux placé.
Il reprend alors ses multiples activités municipales, mais il trouve une mort prématurée lors d'un accident d'automobile, à Aix-les-Bains, le 11 septembre 1938.
Outre ses très nombreux articles de politique étrangère au Populaire et dans diverses revues, il publia plusieurs ouvrages importants : en 1900 : Le Sultan et les grandes puissances ; en 1906, l'Evolution du mouvement socialiste en France ; en 1908, Terroristes et policiers; en 1913, Le mouvement socialiste international, tome VIII de l'Encyclopédie socialiste; enfin, en 1918, La politique internationale du marxisme.