Pierre Biétry

1872 - 1918

Informations générales
  • Né le 9 mai 1872 à Fèche-l'église (Territoire-de-Belfort - France)
  • Décédé le 3 décembre 1918 à Saïgon (Vietnam)

Mandats à l'Assemblée nationale ou à la Chambre des députés

Régime politique
Troisième République - Chambre des députés
Législature
IXe législature
Mandat
Du 20 mai 1906 au 31 mai 1910
Département
Finistère
Groupe
Non inscrit

Biographies

Biographie extraite du dictionnaire des parlementaires français de 1889 à 1940 (Jean Jolly)

Né à Fèche l'Eglise-(territoire de Belfort) le 9 mai 1872, mort à Saigon le 3 décembre 1918.

Député du Finistère de 1906 à 1910.

Tout jeune, Pierre Bietry quitta la France métropolitaine pour l'Algérie où il exerça divers métiers. Puis, après son service militaire, il entra aux usines Japy à Beaucourt. Mais son adhésion au parti socialiste et la part qu'il prit à un mouvement de grève en 1898 lui valurent d'être renvoyé. Il vint alors à Paris, et participa au congrès ouvrier d'Ivry. Les positions qu'il y prit, contre la grève générale, entraînèrent sa rupture avec les socialistes. Par la suite, Bietry rejeta complètement l'idée de la lutte des classes pour prôner la collaboration du capital et du travail. Loin de réclamer la suppression de la propriété individuelle, il voulait au contraire - c'est ce qu'il appelait le « propriétisme » - y faire accéder les masses.

Propagandiste et militant infatigable, il créa «l'Union des syndicats indépendants », puis la «Fédération nationale des jaunes de France » et des bourses du travail indépendantes. Cette action n'alla pas sans provoquer des oppositions très vives, parfois violentes : celle,. bien entendu, des socialistes révolutionnaires ; celle aussi des catholiques de-gauche, dont il avait attaqué le mouvement « le Sillon ».

Pour répandre ses idées, Bietry fit paraître plusieurs périodiques : L'ouvrier indépendant, Le travail libre, Le Jaune, Le genêt de Bretagne, et nombre de brochures et de livres : Les grèves (1889), Leur socialisme (1901), Le socialisme et les Jaunes (1906), Les Jaunes de France (1907), La séparation des écoles et de l'Etat (1910) et Le Trépied (1911), exposé de la doctrine «propriétiste».

A Brest, où il se trouvait en 1906, la situation sociale était tendue. Les socialistes révolutionnaires, des éléments. anarchisants même, y multipliaient les manifestations, parfois ardentes. Aussi, la campagne électorale qui précéda les élections générales des 6 et 20 mai fut-elle particulièrement vive. Bietry s'y jeta à corps perdu, dénonçant « la démagogie et le sectarisme» des radicaux et des socialistes « dont les bandes exaspérées, sous les plis du drapeau rouge, incendient les usines, dévastent les maisons, profanent et pillent indifféremment les chaumières et les églises ».

Peut-être est-ce cet extrémisme anti-révolutionnaire qui lui valut d'être élu. De justesse d'ailleurs puisqu'il ne l'emporta qu'au second tour de scrutin, et avec une marge assez étroite : 8.886 voix contre 8.292 à son concurrent de gauche, Goude.

A la Chambre, il se tint à l'écart des partis. Il déposa des propositions de loi relatives au rachat par l'Etat du réseau de la compagnie des chemins de fer de l'Ouest, et à la séparation des Eglises et de l'Etat.

A plusieurs reprises, il monta à la tribune pour exposer ses thèses. Il le fit notamment, en 1907, au milieu des interruptions et des invectives des députés socialistes, au cours de la discussion d'une interpellation de Jaurès sur une grève des électriciens.

En 1908, interpellant lui-même le Gouvernement, il reprenait à la tribune les accusations qui avaient été lancées contre la Cour de cassation, et notamment contre le Président Ballot-Beaupré, après l'arrêt de révision du procès Dreyfus, en 1906. Parlant toujours au milieu du bruit, dans une atmosphère de plus en plus surchauffée, Bietry en vint à accuser Aristide Briand, alors Garde des Sceaux, de s'être fait « l'avocat du traître », et à traiter les magistrats de la Cour de cassation de « prévaricateurs et de faussaires ». Il fut frappé de la censure avec exclusion temporaire et, comme il refusait de quitter la tribune, la séance dut être suspendue.

Bietry ne se représenta pas aux élections générales de 1910. Il quitta la France pour l'Indochine où il mourut, à Saigon, le 3 décembre 1918.