Louis Chassaignac de Latrade
1811 - 1883
Représentant en 1848, en 1849, en 1873 et député de 1876 à 1883, né à Sauvebœuf, commune d'Aubas (Dordogne) le 25 novembre 1811, mort à Paris le 26 décembre 1883, il fut élève de l'Ecole polytechnique, en sortit officier en 1833, et quitta l'armée l'année suivante, à la suite d'un procès politique qui aboutit à un acquittement, pour s'occuper activement de politique républicaine.
Rédacteur du National, il parcourut l'Angleterre et les Etats-Unis pour y étudier les institutions libres, rentra en 1838, et fut impliqué dans plusieurs procès de presse sous Louis-Philippe, qu'il combattait au nom du suffrage universel.
La révolution de 1848, qui mit ses amis au pouvoir, le trouva directeur de l'exploitation d'une compagnie de chemin de fer, et le fit commissaire du gouvernement provisoire dans la Gironde; mais il réussit mal à faire respecter l'autorité dont il était investi, et fut envoyé peu après, au même titre, dans son département natal.
Elu, le 23 avril, à la fois par la Dordogne et par la Corrèze, représentant à l'Assemblée constituante, il opta pour la Corrèze, qui l'avait nommé, le 7e sur 8, par 17,124 voix, alla siéger dans les rangs de la gauche modérée, fit partie du comité de l'intérieur et des travaux publics, et soutint de ses votes le pouvoir du général Cavaignac. Il prit plusieurs fois la parole dans l'Assemblée et se prononça :
- contre le rétablissement du cautionnement,
- contre les poursuites contre Caussidière,
- pour le rétablissement de la contrainte par corps,
- contre l'abolition de la peine de mort,
- contre l'abolition du remplacement militaire,
- pour la Constitution,
- contre la proposition Rateau,
- contre l'interdiction des clubs,
- contre les crédits de l'expédition romaine,
- pour l'amnistie des transportés,
- pour l'abolition de l'impôt des boissons.
Réélu à l'Assemblée législative, le 13 mai 1849, représentant de la Corrèze, le 2e sur 7, par 36,988 voix (56,045 votants, 84,363 inscrits), M. de Latrade inscrit à la Montagne fit une vive opposition au gouvernement présidentiel de L-N. Bonaparte et vota avec la minorité démocratique :
- contre l'expédition de Rome,
- contre la loi Falloux-Parieu sur l'enseignement,
- contre la loi restrictive du suffrage universel, etc.
Son attitude hostile au coup d'Etat le fit porter le cinquième sur la liste des représentants expulsés du territoire français; il gagna alors la Belgique, d'où il passa en Espagne, pour exécuter divers travaux en qualité d'ingénieur : il coopéra notamment à l'exécution de plusieurs lignes de chemins de fer.
Rentré en France en 1860, il fit dans le Cantal de l'opposition à l'Empire, et posa, le 24 mai 1869, sa candidature d'opposition au Corps législatif, dans la 2e circonscription de la Corrèze : il réunit 4,589 voix contre 24,796 à l'élu officiel, M. Mathieu, 2,278 à M. de Cosnac, et 374 à M. Le Cherbonnier.
Nommé préfet de la Corrèze après le 4 septembre 1870, M. de Latrade remplit cette fonction jusqu'aux élections du 8 février 1871. Conseiller général d'Ayen depuis octobre 1871, il profita d'une élection partielle, motivée par le décès de M. Rivet, pour entrer à l'Assemblée nationale, le 27 avril 1873, comme représentant de ce département, avec 38,285 voix (57,333 votants, 83,510 inscrits). Il siégea dans le groupe de la gauche républicaine, et vota
- contre la chute de Thiers au 24 mai,
- contre le septennat,
- contre l'état de siège,
- contre la loi des maires,
- contre le ministère de Broglie,
- pour les amendements Wallon et Pascal Duprat
- et pour l'ensemble des lois constitutionnelles.
Aux élections législatives du 20 février 1876, M. de Latrade se présenta dans la 2e circonscription de Brives, qui l'élut par 7,967 voix (11,725 votants, 15,495 inscrits), contre 3,731 à M. Fauquoux. Avec la majorité républicaine il combattit le gouvernement du Seize-Mai; puis il obtint sa réélection, le 14 octobre 1877, comme un des 363, par 8,281 voix (12,886 votants, 15,918 inscrits), contre 4,536 à M. Roque, candidat officiel. M. de Latrade soutint, dans sa législature, la politique opportuniste, se prononça
- pour le ministère Dufaure,
- pour les lois Ferry sur l'enseignement,
- contre l'amnistie plénière,
- pour l'invalidation de l'élection Blanqui, etc.,
et fut encore réélu, le 21 août 1881, par 8,940 voix (9,623 votants, 16,107 inscrits). Il suivit la même ligne politique que précédemment, vota pour le cabinet Gambetta, et mourut pendant la session. M. de Latrade fut remplacé à la Chambre, le 24 février 1884, par M. Labrousse, Président du conseil général de la Corrèze.
Date de mise à jour: janvier 2018