Louis, André, Ferdinand Gatineau
1828 - 1885
- Informations générales
-
- Né le 13 juillet 1828 à Beaufrançois (Eure-et-Loir - France)
- Décédé le 12 mars 1885 à Paris (Seine - France)
1828 - 1885
Député de 1876 à 1885, né à Beaufrançois (Eure-et-Loir) le 13 juillet 1823, mort à Paris le 12 mars 1885, il vint faire son droit à Paris, fut en 1848 secrétaire à l'état-major de Lamoricière, puis auprès de Changarnier jusqu'en novembre 1851.
Reçu avocat cette même année, il acquit bientôt au barreau de Paris une assez brillante réputation, surtout en matière d'expropriation. Républicain, il recherchait volontiers les causes politiques: c'est ainsi qu'il fut, lors du procès de Blois, au nombre des défenseurs; son client, M. Prost, fut acquitté. La même année (1870), il combattit énergiquement le plébiscite dans le département d'Eure-et-Loir.
M. Gatineau fit, sous l'Empire, des tentatives Infructueuses pour entrer au Corps législatif; il échoua à deux reprises comme candidat indépendant, dans la 1re circonscription d'Eure- et-Loir : le 4 juin 1863, avec 957 voix contre 21,230 à l'élu officiel, M. Reille, député sortant, 6,780 à M. Labiche, 3,673 à M. Emile Lelong, 627 à M. Victor Bonnet et 279 à M. Joseph; et le 24 mai 1869, avec 3,265 voix contre 20,441 au député sortant, M. Reille, et 12,690 à M. Labiche.
Il figura, lors des élections du 8 février 1871 pour l'Assemblée nationale, sur une liste de candidats républicains, et recueillit, sans être élu, 14,025 suffrages sur 54,301 votants. Après la Commune, il porta presque quotidiennement la parole en faveur des accusés de 1871 devant les conseils de guerre. En avril 1873, il défendit, daus les réunions publiques, la candidature de M. Barodet contre celle de M. de Rémusat.
Les élections législatives de 1876 firent entrer M. Gatineau à la Chambre des députés : il fut élu, au second tour, le 5 mars, dans l'arrondissement de Dreux, par 9,205 voix (16,865 votants, 19,958 inscrits), contre 7,530 voix à M. Moreau, conservateur. M. Gatineau fit partie de l'Union républicaine et déposa une proposition relative à la cessation des poursuites pour faits insurrectionnels, proposition qui ne fut prise en considération qu'après de vifs débats. Il s'associa aux votes de la majorité de gauche, et, après l'acte du 16 mai 1877, fut un des 363 députés qui se déclarèrent contre le ministère Fourtou-de Broglie.
Réélu, le 14 octobre 1877, par 11,167 voix (17,326 votants, 20,092 inscrits), contre 5,962 voix à M. Vingtain, ancien représentant, soutenu par l'administration, il reprit sa place dans la majorité, appuya le ministère Dufaure, puis se montra partisan d'une politique plus accentuée, vota pour l'article 7, prit part à plusieurs discussions, notamment à celles des nouvelles lois sur la presse et le droit de réunion, défendit le maintien du scrutin d'arrondissement et, à cette occasion, se sépara de l'Union républicaine pour se rapprocher de l'extrême-gauche.
Le 21 août 1881, M. Gatineau obtint, comme radical, sa réélection par 8,684 voix (16,426 votants, 19,412 inscrits), contre 7,469 voix à M. Deschanel, opportuniste. Il s'inscrivit alors au groupe nouveau de la gauche radicale, fit de l'opposition aux cabinets Ferry et Gambetta, et donna son appui au ministère « libéral » de M. de Freycinet. En avril 1882, M. Gatineau prit la parole pour attaquer la « politique d'aventures » de Gambetta et pour défendre la conduite tenue par M. de Freycinet dans les affaires égyptiennes. La même année (juillet) il intervint dans le débat soulevé par le projet d'institution d'une mairie centrale à Paris et obtint, par 269 voix contre 101, le vote d'un ordre du jour déclarant que la Chambre sur ce point était « confiante dans le gouvernement ». Président du groupe de la gauche radicale, il prit parti, en 1883, contre le cabinet Jules Ferry, et, dans un discours qu'il prononça devant ses collègues de ce groupe, déclara (juin) que la Chambre avait trop sacrifié aux exigences de la stabilité ministérielle et qu'il était temps de reprendre son indépendance. Il combattit la loi sur la rélégation des récidivistes, vota contre les crédits réclamés pour l'expédition du Tonkin et proposa (octobre 1883), en réponse au discours du président du conseil, l'ordre du jour pur et simple qui fut repoussé. Vers la même époque, il plaida à Paris pour M. Henri Rochefort dans le procès qui lui fut intenté par M. Roustan à propos des affaires tunisiennes, et, plus tard, défendit Mme Clovis Hugues devant le jury de la Seine. Il apportait dans l'exercice de sa profession, comme d'ailleurs à la tribune parlementaire, une constante bonne humeur qui gagnait souvent à ses clients la bienveillance des juges. A la Chambre, en février 1884, il parla sur la loi relative aux manifestations et cris séditieux, et fit maintenir, par 275 voix contre 158, les immunités acquises par les circulaires et affiches électorales.
Aux élections sénatoriales de janvier 1885, M. Gatineau se porta sans succès comme candidat républicain radical dans la Seine, contre MM. Spuller, opportuniste, et Georges Martin, républicain autonomiste. Il mourut presque subitement avant la fin de la législature. Le 10 mars 1885, au moment où il sortait d'une matinée littéraire donnée chez le peintre Yvon, M. Gatineau fut frappé, devant la mairie du 16e arrondissement, d'une attaque d'apoplexie: elle détermina chez lui une paralysie du côté gauche à laquelle il succomba deux jours après.