Ernest, François, Joseph Deusy
1823 - 1897
Député de 1876 à 1881, né à Bapaume (Pas-de-Calais), le 23 avril 1823, petit-fils de Sixte François Joseph Deusy qui avait été élu en 1791 et petit-neveu de l'abbé Léonard Breuvard, député du clergé aux Etats-Généraux pour le bailliage de Douai et d'Orchies, il fut reçu avocat à Paris en 1845.
Ses débuts au barreau attirèrent l'attention ; il fut attaché, dès 1846, au parquet du tribunal de la Seine, et fut chargé, comme juge délégué, d'instruire le procès de l'insurrection de juin à Belleville. Le président de la commission militaire, général Bertrand, signala le courage et l'activité avec lesquels il s'acquitta de cette délicate mission.
Rappelé à Arras en 1850 par la mort de son père, il se fit inscrire au barreau de cette ville, et, quelques mois après, fut nommé juge-suppléant. Il prit en main la cause des intérêts agricoles et des classes ouvrières, devint bientôt président de la Société de secours mutuels d'Arras, fonctions qu'il occupe encore aujourd'hui, et, lors de la fondation de la Société des Agriculteurs de France (1868), fut nommé membre du conseil d'administration.
Le 24 mai 1869, il se présenta comme candidat de l'opposition libérale dans la 1re circonscription du Pas-de-Calais, où il échoua avec 4,181 voix contre 21,890 données au candidat officiel élu, M. Sens, 8,188 à M. Florent, et 1,602 à M. Hervé.
Le 8 septembre 1870, il accepta les fonctions de maire d'Arras, qu'il conserva pendant onze ans, et qu'il abandonna à la suite de la laïcisation d'une école des frères de la doctrine chrétienne. Porté aux élections générales du 8 février 1871 sur la liste républicaine du Pas-de-Calais, il échoua avec 34,005 voix sur 139,532 votants.
Mais, le 20 février 1876, la 1re circonscription du Pas-de-Calais l'élut député avec 10,155 voix sur 18,681 votants et 22,985 inscrits, contre 8,333 voix à M. Sens, ancien député et conservateur. Dans son programme, M. Deusy demandait la protection de l'agriculture, la révision des traités de commerce, l'économie dans les budgets, la liberté de l'enseignement, la résistance aux guerres aventureuses, l'organisation définitive de la République conservatrice et constitutionnelle. Républicain libéral et complètement indépendant, il siégea à gauche, combattit le ministère de Broglie et fut des 363.
Aux élections qui suivirent la dissolution de la Chambre, il échoua (14: octobre 1877), avec 9,122 voix contre 10,535 à l'élu, M. Sens, candidat du gouvernement du Seize-Mai. Mais cette élection fut invalidée, et les électeurs convoqués à nouveau le 7 avril 1878, donnèrent la majorité à M. Deusy, avec 9,914 voix sur 19,514 votants et 23,745 inscrits, contre 9,500 voix à M. Sens.
M. Deusy a été président des commissions de la législation sur les mines, des emprunts faits en France par les nations étrangères, du vinage des vins, et des voies navigables de la région du Nord. On lui doit le célèbre rapport sur les comptes de la guerre de 1870, véritable monument d'histoire contemporaine, qui éclaire d'un jour nouveau les causes de nos désastres; il fut aussi rapporteur des commissions du classement du canal du Nord, et des récompenses à décerner à l'occasion de l'Exposition universelle de 1878.
Les électeurs de Bapaume l'ont réélu pour la quatrième fois conseiller général en 1889. Au conseil général, il s'est toujours montré le défenseur ardent de l'agriculture et de l'industrie nationales; depuis 1885, il s'est voué principalement à la création des syndicats agricoles; le syndicat de Bapaume, qu'il a fondé, a servi de modèle aux 762 syndicats qui existent aujourd'hui; on doit encore à son initiative l'Union des syndicats et le syndicat des Agriculteurs de France, dont il est le vice-president. Dans sa séance du 26 août 1886, le conseil général du Pas-de-Calais, a déclaré solennellement et à l'unanimité que « M. Deusy a bien mérité de l'agriculture ». Cet éloge a été confirmé par M. Laudrillart, membre de l'Institut, par M. Victor de Bled (Revue des Deux-Mondes, n° du 1er septembre 1887), par le président Sénart (discours du 18 mai 1888) au congrès des catholiques à Paris, ce dernier en ces termes : « Il y a une croisade à entreprendre pour relever l'agriculture. Pour cette croisade d'un nouveau genre, la Providence avait préparé un homme qui en a été comme le Pierre l'Ermite. M. Deusy a tout ce qu'il faut pour faire un apôtre, il a la foi, il a le tempérament, le dévouement sans bornes, l'énergie morale, la vigueur intellectuelle. »
A l'expiration de son mandat de député en 1881, M. Deusy ne s'est plus représenté, afin de se consacrer entièrement à la cause de l'agriculture nationale, qu'il a tant à cœur.
Né à Bapaume (Pas-de-Calais) le 23 avril 1823, mort à Châteauroux (Indre) le 29 mars 1897.
Député du Pas-de-Calais de 1876 à 1881. (Voir première partie de la biographie dans ROBERT ET COUGNY, Dictionnaire des Parlementaires, t. II, p. 375.)
Deusy ne se représenta pas aux élections de 1881 et se consacra désormais entièrement à l'agriculture.
Il mourut à Châteauroux, le 29 mars 1897, à l'âge de 74 ans.