Emile de Girardin
1802 - 1881
Député de 1834 à 1848, représentant en 1850, député de 1877 à 1881, mort à Paris le 27 avril 1881, Emile de Girardin serait, d'après son état civil, né en Suisse le 21 juin 1806 ; mais cette déclaration qui lui attribuait des parents imaginaires, a été depuis reconnue fausse, et un acte de notoriété, produit ultérieurement, a reporté l'époque de sa naissance à l'année 1802 à Paris. En réalité, ses père et mère n'étaient autres que le général Alexandre de Girardin, qui fut grand veneur sous Charles X, et Mme Dupuy, femme d'un conseiller à la cour de Paris. Le général de Girardin avoua, d'ailleurs, cette paternité en 1837, dans une commission de la Chambre des députés. L'enfant fut confié aux soins d'un ancien officier, devenu perclus à la suite de la campagne de Russie, M. Darel.
« M. de Girardin, raconte un biographe, venait d'entrer dans sa douzième année, lorsqu'il adressa un jour à son précepteur la requête suivante :
« Monsieur, le voudrais avoir des éperons.
- Des éperons, et pourquoi faire ?
- Pour faire du bruit », répliqua l'enfant.
Voilà, certes, une vocation bien décidée et qui, pour se manifester, n'attend pas le nombre des années. Faire du bruit a été en effet une des préoccupations les plus impérieuses de l'imagination de M. de Girardin. » (Hippolyte Castille, Portraits politiques du XIXe siècle.)
Il entra comme employé au cabinet de M. de Senonnes, secrétaire-général de la maison du roi ; mais ce fonctionnaire ayant été révoqué, il dut essayer de se frayer lui-même une carrière. Sans parents avoués, sans fortune, il passa quelque temps dans les bureaux d'un agent de change sous le nom supposé d'Emile Delamothe, puis se décidant tout à coup à revendiquer comme son vrai nom celui de son père naturel, il débuta (1827) dans la littérature par une sorte de roman, Emile, où il racontait, sous forme de fragments, l'histoire de sa naissance et de ses premières années.
Nommé, sous le ministère Martignac, inspecteur des beaux-arts, il utilisa les loisirs que lui laissait cette fonction gratuite pour suivre la vocation décidée qui l'entraînait vers les spéculations de presse. L'industrie des journaux devint rapidement, entre ses mains, une affaire des plus productives : sous ce titre original, le Voleur, il fonda une feuille de reproduction littéraire qui obtint un vif succès, mais qu'il abandonna devant les réclamations des auteurs, lésés dans leurs droits de propriété ; puis il lança la Mode, dont il fit accepter le patronage à la duchesse de Berry. Au bout de quelque temps, il vendit cette nouvelle feuille en adjudication publique.
Après 1830, M. de Girardin, comprenant tout le parti qu'on pouvait tirer de la presse, surtout de la presse à bon marché, publia le Journal des connaissances utiles (1831), qui coûtait 4 francs par an et qui eut 130 000 abonnés; puis le Journal des instituteurs primaires, à trente sous par an. Il chercha à intéresser le gouvernement à son système en offrant d'en faire l'application au Moniteur, dont il proposait de réduire le prix à un sou le numéro ; mais Casimir Perier refusa. M. E. de Girardin fonda alors coup sur coup le Musée des familles (1833), l'Almanach de France (1834), avec un tirage d'un million d'exemplaires, des Atlas à un sou la carte, etc.
Puis il brigua les suffrages des électeurs du 3e collège de la Creuse (Bourganeuf), qui l'élurent député, le 21 juin 1834, par 110 voix sur 130 votants et 150 inscrits. Mais cette élection donna lieu aux débats les plus vifs : M. de Girardin fut accusé de corruption électorale ; de plus, on alla jusqu'à lui contester la qualité de Français ; des enquêtes furent ordonnées, et la validation ne fut votée qu'à grand peine. Il siégea dans la majorité gouvernementale et essaya, mais sans succès, de former à la Chambre un parti de « conservateurs progressistes ». En même temps, il se mêlait activement à beaucoup d'affaires commerciales dont quelques-unes eurent devant les tribunaux le plus fâcheux dénouement : les mines de Saint-Bérain, l'Institut de Coëtbo, le Panthéon littéraire, subventionné par Guizot, acquirent une renommée peu enviable.
La fiévreuse activité de M. de Girardin trouva bientôt un autre aliment. Le mauvais succès de ses dernières entreprises, l'attitude hostile de ses collègues de la Chambre et de ses confrères de la presse le mirent dans la nécessité de se forger contre eux une arme redoutable : cette arme fut la Presse, organe de la politique conservatrice, et dont le premier numéro parut le 1er juillet 1836. La Presse fit une révolution dans le journalisme. Diminuer le prix des grands journaux quotidiens, accroître leur clientèle par l'appât du bon marché et couvrir les pertes résultant du bas prix de l'abonnement par l'augmentation du tribut qu'allaient payer à une publicité, devenue plus considérable, toutes les industries qui se font recommander à prix d'argent, tel était le plan dont M. de Girardin poursuivait l'exécution. Par ce moyen il se vantait d'appeler à la vie publique un grand nombre de citoyens qu'en avait éloignés longtemps le prix élevé des journaux ; mais les polémistes démocrates ne manquèrent pas de faire observer que le résultat le plus certain du système inauguré était de rendre plus large la part faite jusque-là aux avis menteurs, aux recommandations banales, et cela aux dépens de la place que réclament la philosophie, l'histoire, les arts, la littérature : on se proposait de changer en un trafic vulgaire, ce qui était à leurs yeux une magistrature et presque un sacerdoce. Au surplus, la Presse, dont l'abonnement fut fixé au prix, fabuleux alors de bon marché, de 40 francs, menaçait dans leur prospérité ou dans leur existence la plupart des feuilles en possession de la faveur du public : il y eut contre M. de Girardin un tollé général. Le Bon Sens figura à la tête de ce mouvement. Bientôt Armand Carrel ne crut pas devoir rester spectateur impassible d'une querelle commencée par un journal de son parti ; et, le 20 juillet 1836, il publia dans le National quelques lignes dans lesquelles il déclarait approuver les critiques du Bon Sens. M. de Girardin répondit par un article qui semblait jeter des doutes sur la loyauté du rédacteur en chef du National et annonçait en termes généraux des attaques ultérieures. Alors Carrel n'hésita pas. Accompagné de M. Adolphe Thibaudeau, il se rendit en toute hâte chez M. de Girardin, décidé à obtenir, ou une explication publique ou une réparation par les armes. Il y eut entre eux un assez vif échange de paroles ; puis l'arrivée d'un ami de M. de Girardin, M. Lautour-Mézeray, vint donner à la discussion un tour plus conciliant, et il fut enfin convenu que quelques mots d'explication seraient publiés dans l'un et l'autre journal. La querelle paraissait presque éteinte : un incident la ralluma. M. de Girardin demandait que la publication de la note eût lieu simultanément dans les deux journaux. Carrel voulait, au contraire, qu'elle eût lieu d'abord dans la Presse ; mais il rencontra sur ce point une opposition persistante. Alors, blessé au vif, il se leva et dit : « Je suis l'offensé, je choisis le pistolet. » Le soir, la discussion se ranima entre MM. Ambert et Thibaudeau, amis de Carrel, Lautour-Mézeray et Gaillard de Villeneuve, représentants de M. de Girardin. On ne put s'entendre. Ce fut le vendredi 22 juillet, de grand matin, qu'Armand Carrel et M. de Girardin se retrouvèrent en présence dans le bois de Vincennes. Pendant qu'on chargeait les deux pistolets, Carrel dit à M. de Girardin :
« Si le sort m'est contraire, monsieur, et que vous fassiez ma biographie, elle sera honorable, n'est-ce pas, c'est-à-dire vraie ?
- Oui, monsieur », répondit celui-ci.
Les témoins avaient mesuré une distance de quarante pas, on devait s'approcher jusqu'à une distance de vingt. Armand Carrel s'avança aussitôt, présentant à la balle de l'adversaire toute la largeur de son corps. M. de Girardin avait fait quelques pas. Les deux coups étant partis presque en même temps, on vit les deux adversaires tomber blessés tous les deux, l'un à la jambe, l'autre dans l'aine. La blessure de Carrel était la plus profonde, la plus dangereuse, la balle ayant froissé les intestins. En passant à côté de M. de Girardin, il lui demanda s'il souffrait ; il était en proie lui-même à de vives douleurs et il se sentait perdu. Transporté à Saint-Mandé chez un de ses anciens camarades de l'Ecole militaire, son état prit, dans la nuit du 23 au 24 juillet, le caractère le plus alarmant, et il succomba après quelques heures d'agonie. Ce duel était le quatrième de M. de Girardin ; il fut son dernier. Mais il mit le comble à la fureur de ses ennemis politiques, qui l'accusèrent de n'avoir vu dans une rencontre dont on devait tant parler, qu'une affaire de bruit, qu'une manière de spéculation.
Réélu député, le 4 novembre 1837, par 107 voix (124 votants, 150 inscrits), il vit redoubler contre lui les attaques les plus outrageantes, donna sa démission et obtint sa réélection par 86 voix sur 132 votants, contre 46 à M. Voysin de Gartempe. Il ne cessa de prêter la concours de ses votes à l'opinion conservatrice et soutint le ministère Molé contre la coalition.
M. de Girardin fut encore renommé, le 2 mars 1839 mais son élection ayant été annulée, il dut se représenter devant ses électeurs et n'obtint plus que 63 voix contre 67 à M. de Peyramont, élu.
Il revint, d'ailleurs, à la Chambre, le 9 juillet 1842 : le collège de Bourganeuf l'y avait rappelé par 79 voix (142 votants, 151 inscrits), contre 62 au député sortant, M. de Peyramont ; et en même temps, le 3e collège de Tarn-et-Garonne (Castelsarrazin) l'avait élu par 297 voix (501 votants, 679 inscrits). Il opta pour ce dernier collège et fut remplacé à Bourganeuf par M. Aubusson de Soubrebost. Mais il arriva que ce dernier, promu avocat général, fut soumis à la réélection : alors M. E. de Girardin donna sa démission de député de Castelnaudary, pour se faire élire à Bourganeuf, le 30 mai 1846, par 81 voix sur 124 votants et 150 inscrits, contre 63 au député sortant, M. Aubusson de Soubrebost. Son admission, chaque fois, avait été très vivement contestée.
Partisan du ministère Guizot, il mit son journal à la disposition de cet homme d'Etat, jusqu'au jour où il se vit brusquement retirer les faveurs gouvernementales.
L'Epoque et le Globe, feuilles ministérielles, furent destinées alors à combattre l'influence de la Presse, devenue hostile. M. de Girardin s'abstint lors du vote sur l'indemnité Pritchard et vota contre la proposition Rémusat, tendant à réduire le nombre des députés fonctionnaires. Il ne joua, d'ailleurs, au parlement, qu'un rôle secondaire.
Journaliste avant tout, c'est dans son journal qu'il obtint les plus brillants succès. Sa personnalité très accentuée, son tempérament spécial, sa physionomie intellectuelle se reflétaient avec exactitude dans la Presse, qui devint, sous sa direction, une puissance. « La Presse, écrivait le biographe cité plus haut, a été quelque chose de plus qu'un journal ; elle a été un spectacle. C'était une sorte de théâtre ou l'on montrait des idées. Son rédacteur en chef se vantait d'en avoir une par jour. Si l'on ajoute à cela celles qu'il recueillait sur la place, on peut imaginer le flamboiement que cette abondance devait produire dans les bonnes saisons. »
Aux élections générales du 1er août 1846, M. Emile de Girardin obtint, une fois de plus, le renouvellement de son mandat, avec 83 voix (136 votants, 149 inscrits), contre 51 à M. Aubusson de Soubrebost. De nouvelles attaques furent dirigées contre lui, et d'autant plus vives qu'il était alors en froid avec le pouvoir ; il venait de se jeter dans l'opposition, et de ses devises favorites : « améliorer le gouvernement établi », faire « la révolution par en haut », il avait tiré tout un programme, des plus hostiles en somme au ministère.
Le 3 juin 1847, une demande en autorisation de poursuites fut déposée contre lui, à l'occasion d'un article extrêmement vif relatif à une promesse de pairie moyennant argent. La majorité de la Chambre des députés accorda l'autorisation. M. de Girardin fut traduit devant la Chambre des pairs ; il y comparut le 22 juin, sans défenseur, prononça une brève défense, et, contre toute attente, fut renvoyé des fins de la citation.
Le 14 février 1848, pressentant la révolution, il résigna son mandat de député, par une lettre où il s'exprimait ainsi : « Entre la majorité intolérante et la minorité inconséquente, il n'y a pas de place pour qui ne comprend pas : le pouvoir sans l'initiative et le progrès, l'opposition sans la vigueur et la logique. Je donne ma démission. J'attendrai les élections générales. »
Le 24 février au matin, à l'aspect de Paris armé et couvert de barricades, il jugea la gravité de la situation, se rendit aux Tuileries, et fit remettre au roi une note signée de son nom et où il demandait, dans des formules quasi-impératives, l'abdication de Louis-Philippe et la régence du duc d'Orléans. La chute irrémédiable de la dynastie ne le prit pas d'ailleurs au dépourvu ; M. de Girardin ne songea qu'à tirer le meilleur profit de la nouvelle situation faite aux anciens partis, et, le premier, il leur donna le signal du ralliement provisoire à la République. Son fameux article Confiance ! confiance ! eut à cet égard une influence considérable ; mais le suffrage universel fit d'abord à M. Emile de Girardin un accueil peu empressé : l'opposition violente de la Presse au gouvernement provisoire avait irrité les républicains; au fond, M. de Girardin combattait surtout ce qu'on nommait le parti du National. Adversaire déclaré du général Cavaignac et de sa dictature, il fut arrêté, le 25 juin, par ordre de celui-ci, et tenu au secret pendant onze jours à la Conciergerie. Le journaliste se vengea en publiant après sa sortie le journal d'un journaliste au secret puis en reprenant, dans la Presse, qui avait été suspendue, une guerre opiniâtre et meurtrière, où les ressentiments personnels avaient au moins autant de part que les dissentiments politiques. Quoi qu'il en soit, on vit M. de Girardin appuyer de tout son pouvoir la candidature à la présidence de la république de Louis-Napoléon Bonaparte, dont il espérait devenir le ministre ; mais le gouvernement de l'Elysée n'ayant pas fait appel à son concours, M. de Girardin ne tarda pas à se retourner contre lui : il fit même adhésion au socialisme, brigua une candidature démocratique à Paris, où le « conclave » électoral le repoussa, et fut plus heureux, le 9 juin 1850, lors de l'élection partielle motivée dans le Bas-Rhin par la démission de M. de Goldenberg : élu représentant de ce département à la Législative par 37 566 voix (73 607 votants, 145 695 inscrits), contre 29 539 à M. Muller et 13 057 à M. Liechtenberger, ancien représentant, il siégea à la Montagne, vota le plus souvent avec elle et prit part aux débats orageux des derniers temps de la session.
Au coup d'Etat de décembre, il ne fut pas arrêté : une dépêche de M. de Morny à M. de Maupas, du 4 décembre, porte : « Le ministre a de graves raisons pour qu'on n'inquiète pas Emile de Girardin. » Mais un décret, en date du 9 janvier 1852, « éloigna » de France M. de Girardin pour quelque temps : les anciennes relations du proscrit avec le prince Napoléon lui permirent bientôt de venir reprendre à Paris la direction de son journal. Il s'attira plusieurs « avertissements », se retira de la rédaction, et finit par vendre au banquier Millaud, moyennant 800 000 francs, sa part de propriété. La Presse était complètement déchue lorsqu'il en redevint le rédacteur en chef le 1er décembre 1862. Après diverses transformations du journal auquel il n'avait cessé de s'intéresser, il l'abandonna tout à fait pour créer la Liberté (juin 1866). M. de Girardin continua à attirer sur lui l'attention en traitant les questions les plus diverses avec sa vivacité et sa facilité habituelles. Assez bien en cour, il affectait d'attaquer seulement la politique de M. Rouher ; le ministre d'Etat le fit traduire en police correctionnelle, le 6 mars 1867, pour un article intitulé les Destinées meilleures, et condamner à 5 000 francs d'amende. Peu après, la vente de la Liberté fut interdite sur la voie publique.
De concert avec son collaborateur M. C. Duvernois, il entreprit, en 1868, une longue campagne pour que la France déclarât la guerre à l'Allemagne et conquît la Belgique. Puis il sa déclara contre la souscription Baudin organisée par les journaux démocratiques, adhéra au ministère du 2 janvier 1870, appuya le gouvernement impérial dans son évolution parlementaire, soutint l'opportunité du plébiscite, et défendit l'administration de M. Haussmann, pour qui il réclama le ministère des Travaux publics.
Un décret non publié, contresigné Emile Ollivier, en date du 27 juillet 1870, et retrouvé, après le 4 septembre, dans les papiers des Tuileries, élevait M. de Girardin à la dignité de sénateur en considération « des services qu'il avait rendus comme publiciste ». À la même époque, il se signala par son ardeur à approuver la déclaration de guerre à la Prusse.
L'Empire tombé, il suivit la Liberté en province, à Tours et à Bordeaux, offrit vainement ses services à la délégation du gouvernement de la Défense, combattit la dictature de Gambetta, proposa, au moment de l'insurrection communaliste, de diviser la France en 15 groupes fédératifs, et devint (mai 1872) acquéreur du Journal officiel. L'année d'après, il fut un des trois propriétaires du Petit Journal, dont il releva la situation matérielle, et qu'il mit, politiquement au service des idées « républicaines conservatrices », représentées par Thiers au pouvoir. Il y joignit bientôt (15 novembre 1874) la direction du journal la France qui, en dépit de ses efforts, n'était pas encore parvenue à attirer l'attention du grand public, lorsque la crise du 16 mai 1877 fournit à l'infatigable publiciste l'occasion d'une campagne qui lui attira rapidement la faveur populaire. Avec une verve et une ardeur inépuisables, M. de Girardin fit une guerre de chaque jour au ministère de Broglie-Fourtou, dénonça sans trêve les abus reprochés au gouvernement de l'ordre moral, toujours prêt à riposter à toutes les attaques et profitant de l'immense publicité du Petit Journal et de la France pour répandre, parfois avant le gouvernement lui-même, certains documents officiels de nature à servir la polémique de l'opposition républicaine. Le ministère tenta, mais sans succès, d'enlever à M. de Girardin sa part de propriété du Petit Journal.
Aux élections du 14 octobre 1877, M. de Girardin refusa d'abord une candidature qu'on lui offrit dans l'Oise. Mais, après l'option pour Dôle de M. Jules Grévy, élu également dans le 9e arrondissement de Paris, les électeurs républicains de cette circonscription élurent M. de Girardin (16 décembre) par 10 963 voix (14 397 votants, 22 042 inscrits), contre 1 693 à M. Daguin et 529 à M. Bertron. M. Emile de Girardin prit place à gauche, soutint le ministère Dufaure, fut membre et président de la commission de révision générale des lois sur la presse, et s'efforça d'en diriger les travaux dans le sens de sa thèse favorite de la liberté absolue des journaux, motivée par leur « impuissance ».
Il avait épousé, le 1er juin 1831, Mlle Delphine Gay, une des « Muses de la Restauration », qui donna au nom de son mari un nouvel éclat dans le monde et dans les lettres.
Devenu veuf, le 29 juin 1855, il épousa en secondes noces, l'année d'après, Mlle Guillemette-Joséphine Brunol, comtesse de Tieffenbach, veuve du prince Frédéric de Nassau, dont il se sépara judiciairement en 1872, après lui avoir intenté un procès en désaveu de paternité.
M. de Girardin avait été fait chevalier de la Légion d'honneur le 24 août 1842.
Ses idées politiques et sociales ont été recueillies ou exposées dans un nombre presque incalculable de publications et de brochures parmi lesquelles on petit citer :
- De la presse périodique au XIXe siècle (1837) ;
- De la liberté de la presse et du journalisme (1842) ;
- De la liberté du commerce (1846) ;
- Questions de mon temps (1858) ;
- des pièces de théâtre très discutées : La Fille du millionnaire (1858) ; Le Supplice d'une femme (1865) avec la collaboration d'Alexandre Dumas fils ; Les deux Sœurs (1865), etc.