Benoît Malon

1841 - 1893

Informations générales
  • Né le 23 juin 1841 à Précieux (Loiret - France)
  • Décédé le 13 septembre 1893 à Asnières (France)

Mandats à l'Assemblée nationale ou à la Chambre des députés

Régime politique
Assemblée Nationale
Législature
Mandat
Du 8 février 1871 au 3 mars 1871
Département
Seine
Groupe
Extrême-gauche

Biographies

Biographie extraite du dictionnaire des parlementaires français de 1789 à 1889 (Adolphe Robert et Gaston Cougny)

Représentant en 1871, né à Précieux (Loire) le 23 juin 1841, d'une famille de modestes journaliers, il perdit son père à deux ans, et, dès l'âge de sept ans, dut gagner sa vie.

Tour à tour gardeur de dindons, berger, bouvier, laboureur, il resta dans son village jusqu'à l'âge de 19 ans, privé de l'école, sans autre maître que la nature, puisant dans cette existence au milieu des champs et de ses chères bêtes, la notion de solidarité universelle qui est l'âme de sa sociologie. À 19 ans, une crise de fatigue et de délabrement, aggravée par les effets d'une transformation physiologique tardive, le força à se retirer chez son frère aîné, instituteur dans un village voisin. Reçu avec bonté, il s'alita, et, bientôt convalescent, dévora alphabets et livres. Ayant lu, dans une brochure qu'il épelait, cette idée :
« Il est de stricte justice que la société soit responsable de l'existence de tous les individus qui la composent. »
- « Ah ! cela sera ! » s'écria-t-il.
Et quelques semaines après, le bâton de voyage à la main, il partit pour la capitale.

Exténué par quinze jours de marche, et sans un sou en poche, il arriva à Paris en septembre 1863, et se plaça à Puteaux comme homme de peine, puis comme aide-teinturier. Il passait ses nuits à lire. Les grèves de 1865 et 1866 lui donnèrent l'occasion de défendre les intérêts de ses compagnons. Affilié ensuite par Tolain à l'Internationale, dont Blanqui disait qu'il y avait « du bonapartisme dans l'affaire », il fut l'un des fondateurs de la 2e section dans la Seine, et, en 1868, fut condamné à 3 mois de prison ; à Sainte-Pélagie, il put compléter son instruction rudimentaire. Il organisa ensuite, avec l'aide de Varlin, la fédération des sociétés ouvrières, fut secrétaire de la section des Travailleurs réunis de Puteaux, se rendit au congrès de Bâle en qualité de délégué, et y soutint les théories internationalistes.

Au mois de février 1870, il fut l'un des promoteurs de la grève du Creusot qui prit rapidement d'inquiétantes proportions. Il était alors rédacteur à La Marseillaise ; sa correspondance avec Varlin ayant été saisie, il passa, en juin 1870, devant la cour d'assises qui le condamna à un an de prison. Remis en liberté après le 4 septembre, il se montra l'adversaire du gouvernement de la Défense nationale, prit part à la tentative d'insurrection du 22 janvier 1871 contre l'Hôtel de ville, et fut élu, le 8 février suivant, représentant de la Seine à l'Assemblée nationale, le 15e sur 43, par 117 483 voix (328 970 votants, 547 858 inscrits).

Il vota à Bordeaux contre les préliminaires de la paix, donna sa démission avec Rochefort, Ranc et quelques autres, et vint reprendre aux Batignolles ses fonctions municipales. Après le 18 mars, il se rallia au Comité central, approuva les élections du 26, et fut élu membre de la Commune de Paris, par le 17e arrondissement, avec 4 199 voix (26 574 inscrits). Membre du comité du travail et d'échange, il vota la validation des élections complémentaires à la majorité absolue des suffrages, repoussa la création d'un comité de salut public, et signa, avec la minorité, une déclaration d'abstention politique qui lui valut d'être dénoncé. À la rentrée des troupes, il combattit sur les barricades. Condamné à mort par contumace, il fut caché par deux amis. Mais, ayant reparu dans son ancien quartier et ayant encore dans sa poche l'écharpe rouge des membres de la Commune, il fut reconnu, place Rochechouart. par un habitant des Batignolles, qui ne le dénonça pas ; Malon avait encore dans sa poche l'écharpe rouge des membres de la Commune.

Malon et sa compagne André Léo se réfugièrent à Genève, où il fut successivement vannier, typographe, fardelier, et où il rédigea, avec Eudes, Lefrançais et Razoua, le journal La Revanche, dont le gouvernement helvétique interdit la publication en 1872.

Rentré en France à l'amnistie, Malon s'occupa de socialisme technique, fonda la Revue socialiste, et publia entre autres ouvrages Histoire du socialisme, la Morale sociale, L'Agiotage de 1815 à 1870, les traductions du Capital et Travail de Lassalle, Quintessence du socialisme de Schaffer ; il publia aussi Le Socialisme intégral, s'imposant comme l'un des principaux théoriciens du socialisme républicain.