Elie, Clainville Bloncourt
1896 - 1978
* : Un décret de juillet 1939 a prorogé jusqu'au 31 mai 1942 le mandat des députés élus en mai 1936
Né le 5 mai 1896 à Basse-Terre (Guadeloupe). Député de l'Aisne de 1936 à 1942. Député à la première Assemblée Nationale Constituante de 1945 à 1946.
Venu au monde trois jours après la mort de son père, Elie Bloncourt fut élevé par sa mère, veuve, ayant six enfants à sa charge. Elève intelligent et appliqué, il concourut pour une bourse, et, l'ayant obtenue s'en fut accomplir ses études secondaires au Lycée Carnot de Pointre-à-Pitre, d'où il sortit bachelier en 1913.
Il désirait se rendre en France pour aborder des études supérieures, mais la mort de sa mère et des circonstances d'ordre familial l'en empêchèrent. L'année suivante la première Grande Guerre mondiale éclatait.
Mobilisé en 1915 avec sa classe, il -est dirigé sur la France et incorporé à Bordeaux au 7e régiment d'infanterie coloniale. Après quatre mois d'instruction militaire il est envoyé aux Dardanelles avec quelques unités de renfort. En décembre 1915, après l'évacuation de ce secteur, il est dirigé sur Salonique- avec le corps expéditionnaire de l'armée d'Orient et prend part aux opérations qui se déroulent en Macédoine.
N'ayant bénéficié d'aucune permission de détente durant son long séjour aux Dardanelles et en Macédoine, il lui en est accordé une de longue durée pour la Guadeloupe, son pays d'origine, où il arrive en septembre 1917.
En novembre il revient en France pour être affecté au 33e régiment d'infanterie coloniale qui opère dans la région de la Meuse.
Le 27 mai 1918 il aborde le secteur de Château-Thierry avec d'autres unités constituant la division Marchand, pour y relever des troupes américaines. Une grande offensive allemande vient de se déclencher. Les formations françaises se replient. Et le 30 mai 1918 surgit comme un éclair le grand drame de sa vie : il est atteint au visage, de plein fouet, par une balle de mitrailleuse allemande qui provoque l'éclatement de ses deux globes oculaires. Abandonné sur le champ de bataille, porté disparu, il est relevé trente six heures plus tard par une patrouille allemande qui l'évacue sur Fismes, d'où il est transféré au camp de prisonniers de Parchim dans le Mecklembourg. Il est interné malgré sa cécité totale. C'est là qu'il apprend la signature de l'armistice du 11 novembre 1918 ; mais sa captivité ne prend fin que le 27 décembre, date à laquelle il est rapatrié par voie de mer, pour arriver à Brest au début de janvier 1919.
Après un bref séjour à l'hôpital maritime de cette ville, il est dirigé sur l'hôpital du Val-de-Grâce, à Paris, sa blessure nécessitant encore des soins. Il y reste pendant de nombreux mois.
Rendu aveugle, à la vie civile, il décide de faire venir en France sa femme et son fils restés à la Guadeloupe, car il désire toujours entreprendre les études supérieures auxquelles il aspirait avant sa mobilisation. Mais il lui faut auparavant faire l'apprentissage de la nuit, et il est admis dans ce but dans une école spéciale, créée à Neuilly par un Comité franco-américain, où il apprend à lire et à écrire en « braille », et se familiarise avec la dactylographie.
A la rentrée scolaire d'octobre 1919, il s'inscrit à la Faculté des lettres de Paris pour y préparer une licence de philosophie, dont il subit avec succès les épreuves à la session de juin 1921, en dépit des obstacles découlant de sa cécité. Professeur de renseignement secondaire à La Fère, il est sollicité, en 1934, par ses concitoyens pour représenter le canton au Conseil d'arrondissement. Condamnant la politique de déflation et dénonçant « les ligues de guerre civile que le Gouvernement néglige de désarmer et qui achèvent de déshonorer le régime », il est élu sous l'étiquette de socialiste S.F.I.O. La même année, à la suite de la démission du conseil général du canton, il entre à l'Assemblée départementale et y est réélu au renouvellement de 1936. Ces deux succès consécutifs amènent le parti socialiste à le présenter comme candidat du Front populaire dans la deuxième circonscription de Laon. Il préconisait de lutter contre le chômage en ouvrant des chantiers de construction d'habitation et d'hôpitaux et en prolongeant la scolarité, réclamait l'institution des allocations familiales et d'une retraite des vieux travailleurs, une réforme de la fiscalité et l'abolition du monopole des trusts. En tête au premier tour de scrutin le 26 avril 1936, il est élu au second, le 3- mai avec 10.128 voix contre 6.348 à son concurrent Bertrand.
Inscrit au groupe socialiste et membre des Commissions de l'armée, des pensions civiles et militaires, et de l'Algérie, des colonies et des protectorats, il intervient au cours de la discussion du budget de 1938 sur le projet d'extension du statut des grands invalides (1937) et, en qualité de rapporteur, dans le débat institué sur le projet de loi modifiant la loi du 22 mars 1935 sur le statut des grands mutilés de guerre (1938) puis sur l'abrogation du décret du 20 janvier 1940 relatif aux pensions militaires. Lorsqu'éclate, en 1939, la deuxième Guerre mondiale, les événements militaires et politiques qui se déroulent en France pendant les mois de mai, juin et juillet 1940 provoquent chez lui une révolte indignée. Il ne se rend pas à Vichy à l'Assemblée Nationale du 10 juillet et de sa part c'est un refus total de leur approbation et une volonté résolue d'action contre le défaitisme et la collaboration avec l'ennemi. Dès le mois d'octobre 1940, avec six de ses camarades de la S.F.I.O. dont quatre membres de la Chambres des Députés opposés comme lui au Gouvernement de Vichy, il organise le parti socialiste clandestin dans la zone nord de la France occupée par les troupes hitlériennes et en devient le Président. Lorsque le mouvement de résistance « Libération-Nord » est constitué, il est un de ses premiers adhérents, et il est désigné pour organiser ce mouvement dans le département de l'Aisne. Il accomplit sans hésitation cette mission et mène à bien son entreprise malgré les difficultés découlant de ce qu'une partie du département est zone interdite. Il y met en place le réseau « Brutus » chargé de fournir des renseignements sur les déplacements et les activités des troupes d occupation.
En 1944, le Conseil national de la résistance le charge d'organiser dans l'Aisne le Comité clandestin d'action en vue de la libération. Le 30 août 1944 il prend possession de la Préfecture de Laon, avant l'arrivée du Préfet désigné pour administrer le département et il installe le Comité départemental de libération qu'il avait constitué et dont il assumait la présidence.
Mais parallèlement nommé par le C.N.R. membre du Comité ministériel pour les colonies, il prend possession le 25 août 1944, - alors que les actions offensives contre l'ennemi se poursuivent dans la capitale - du Ministère des Colonies, rue Oudinot, et au nom du Gouvernement provisoire de la République y rétablit les pouvoirs républicains.
En 1945, la vie politique reprenant son cours normal, et le peuple étant appelé à choisir à nouveau ses représentants, il est réélu comme candidat du parti socialiste S.F.I.O., député de l'Aisne le 21 octobre sur une liste qu'il conduisait avec son ami Pierre Bloch, qui obtint 57.170 suffrages et eut deux élus.
Le groupe des députés résistants le désigne comme juré de la Haute Cour de justice. Il appartient à la Commission des territoires d'outre-mer et participe en 1946, à la discussion d'interpellations sur la situation de la France d'outre-mer. Mais des divergences surgissent entre lui et certains de ses camarades de la Fédération S.F.I.O. de l'Aisne, ce qui entraîne son refus de faire acte de candidature aux élections de la deuxième Assemblée Nationale Constituante en 1946. Il renonce volontairement à toute activité parlementaire.
A la fin de 1947, c'est avec le parti lui-même qu'une rupture s'accomplit, pour des raisons d'ordre idéologique et tactique. Avec lui, un groupe de militants quitte la S.F.I.O. Il crée avec eux le mouvement socialiste unitaire et démocratique (M.S.U.D.) qui devient bientôt le parti socialiste unitaire (P.S.U.) et dont il est nommé secrétaire général. Il prend en même temps la direction politique de « La Bataille socialiste » organe du P.S.U. Mais, désirant fermement agir pour l'Union des partisans du socialisme authentique et du progrès social anticapitaliste, il entre à l'Union progressiste dont il préside la fédération départementale de la Seine. Enfin, dernière étape de sa vie politique militante, il adhère à l'Union de la gauche socialiste (U.G.S.). Il refuse de rejoindre le parti socialiste unifié, résultant de la fusion de l'U.G.S. et d'une formation politique récente, le parti socialiste autonome (P.S.A.).
Après la fin de son mandat, en 1946, il reprend l'exercice de ses fonctions universitaires. Il est professeur de philosophie au Centre national d'enseignement par correspondance, et au Lycée Charlemagne, à Paris. A la fin de l'année scolaire 1960, il est admis à faire valoir ses droits à la retraite, et est nommé professeur honoraire par arrêté du Ministre de l'Education Nationale.
Elie Bloncourt est commandeur de la Légion d'honneur au titre militaire, médaillé militaire, titulaire de la Croix de guerre 1914-1918 avec palme, de la Croix du combattant volontaire de la Résistance. Il est en outre officier d'Académie. Il réside à Paris.
Né le 5 mai 1896 à Basse-Terre (Guadeloupe)
Décédé le 4 mars 1978 à Paris (Vème)
Député de l'Aisne de 1936 à 1942
Membre de la première Assemblée nationale Constituante (Aisne)
(Voir première partie de la biographie dans le dictionnaire des Parlementaires français 1889-1940, tome II, p. 632 à 634)
Lorsque éclate, en 1939, la Seconde Guerre mondiale, les événements militaires et politiques qui se déroulent en France pendant les mois de mai, juin et juillet 1940 provoquent chez lui une révolte indignée. Il ne se rend pas à Vichy à l'Assemblée nationale du 10 juillet, donnant à son absence la signification d'un refus. Dès le mois d'octobre 1940, avec six de ses camarades de la S.F.I.O., dont quatre membres de la Chambre des députés opposés comme lui au Gouvernement de Vichy, il organise le parti socialiste clandestin dans la zone nord de la France occupée par les troupes hitlériennes et en devient le Président. Lorsque le mouvement de résistance « Libération-Nord » est constitué, il est un de ses premiers adhérents, et il est désigné pour organiser ce mouvement dans le département de l'Aisne. Il accomplit sans hésitation cette mission et mène à bien son entreprise malgré les difficultés découlant de ce qu'une partie du département est zone interdite. Il y met en place le réseau « Brutus » chargé de fournir des renseignements sur les déplacements et les activités des troupes d'occupation.
Il contribue aussi à l'organisation d'un réseau de résistance chez les cheminots.
En 1944, le Conseil national de la résistance le charge d'organiser dans l'Aisne le comité clandestin d'action en vue de la libération. Le 30 août 1944, il prend possession de la Préfecture de Laon, avant l'arrivée du Préfet désigné pour administrer le département et il installe le comité départemental de libération qu'il avait constitué et dont il assumait la présidence.
Mais parallèlement nommé par le C.N.R membre du Comité ministériel pour les colonies, il prend possession le 25 août 1944, - alors que les actions offensives contre l'ennemi se poursuivent dans la capitale - du ministère des Colonies, rue Oudinot, et au nom du Gouvernement provisoire de la République, y rétablit les pouvoirs républicains.
En 1945, la vie politique reprenant son cours normal, et le peuple étant appelé à choisir à nouveau ses représentants, il est réélu comme candidat du parti socialiste S.F.I.O., député de l'Aisne, le 21 octobre, sur une liste qu'il conduit avec son ami Pierre Bloch et qui obtient 57 170 suffrages et deux élus.
Le groupe des députés résistants le désigne comme juré de la Haute Cour de justice. Il appartient à la Commission des territoires d'outre-mer et participe, en 1946, à la discussion d'interpellations sur la situation de la France d'outre-mer.
Mais des divergences surgissent entre lui et certains de ses camarades de la Fédération S.F.I.O. de l'Aisne, ce qui entraîne son refus de faire acte de candidature aux élections de la Seconde Assemblée nationale constituante en 1946. Il renonce alors volontairement à toute activité parlementaire.
A la fin de 1947, c'est avec le parti lui-même qu'une rupture s'accomplit, pour des raisons d'ordre idéologique et tactique. Avec lui, un groupe de militants quitte la S.F.I.O. Il crée avec eux le mouvement socialiste unitaire et démocratique (MSUD) qui devient bientôt le parti socialiste unitaire (PSU) et dont il est nommé secrétaire général. Il prend en même temps la direction politique de la bataille socialiste organe du PSU. Mais, désirant fermement agir pour l'Union des partisans du socialisme authentique et du progrès social anticapitaliste, il entre à l'Union progressiste dont il préside la fédération départementale de la Seine. Enfin, dernière étape de sa vie politique militante, il adhère à l'Union de la gauche socialiste (UGS). Il refuse de rejoindre le parti socialiste unifié, résultant de la fusion de l'UGS et d'une formation politique récente, le parti socialiste autonome (PSA).
Après la fin de son mandat, en 1946, il reprend l'exercice de ses fonctions universitaires. Il est professeur de philosophie au Centre national d'enseignement par correspondance, et au lycée Charlemagne, à Paris.
Elie Bloncourt est commandeur de la Légion d'honneur au titre militaire, médaillé militaire, titulaire de la Croix de guerre 1914-1918 avec palme, de la Croix du combattant volontaire de la Résistance. Il est en outre officier d'Académie.