Hubert, Coutoucou Maga
1916 - 2000
Né en août 1916 à Parakou (Dahomey)
Décédé le 8 mai 2000 à Cotonou (Bénin)
Député du Dahomey de 1951 à 1959
Hubert Maga est né en août 1916 à Parakou, au Dahomey. D'origine modeste, il fait ses études à l'école primaire de Parakou puis à l'école primaire supérieure Victor Ballot de Porto-Novo ; jeune élève doué, il rejoint ensuite le Sénégal, pour suivre les cours de l'Ecole Normale William Ponty de Gorée. Instituteur pendant quelques années, Hubert Maga devient ensuite directeur d'école à Natitingou, puis inspecteur de l'enseignement primaire.
Formé à l'école du scoutisme, Hubert Maga s'engage au lendemain de la guerre dans l'action syndicale, au sein du Syndicat des instituteurs du Dahomey. Simultanément, il livre ses premiers combats politiques : élu en 1945 conseiller général du Dahomey (région de l'Atacora), il devient en 1947 membre du Grand conseil de l'AOF.
Hubert Maga se présente aux élections législatives du 17 juin 1951 dans la circonscription du Dahomey à la tête d'une liste « Groupe ethnique Nord-Dahomey ». En présentant sa liste, il affirme sa volonté de rester en dehors des combinaisons politiques locales et nationales : « Tous, vous connaissez nos intentions : défendre les intérêts des populations du Nord et Sud-Dahomey, sans aucune prétention politique, ni de division territoriale. Dans la mesure du possible, nous vous promettons de rechercher au sein de cette Assemblée, de concert avec l'expérience des devanciers, les moyens matériels, culturels et moraux susceptibles d'apporter toute amélioration indispensable à l'essor économique et de mise en valeur de ces régions. C'est ce qui explique notre position indépendante sans étiquette politique ». Avec 49 329 voix sur 115 333 suffrages exprimés, la liste de Hubert Maga emporte l'un des deux sièges à pourvoir ; l'autre élu est le député sortant Sourou Apity.
A l'Assemblée, Hubert Maga siège au sein du groupe des Indépendants d'outre-mer. Il est nommé membre de la Commission des finances, dont il est aussi le secrétaire, de la Commission de l'éducation nationale, et de la Commission des immunités parlementaires. Son activité parlementaire consiste, pour l'essentiel, en une proposition de loi, déposée le 13 mai 1954, relative à l'élection des conseillers de la République dans les territoires d'outre-mer et les territoires sous tutelle.
Au cours de la législature, Hubert Maga approuve le projet de loi instituant la CECA (13 décembre 1951) ; il vote pour l'investiture d'Antoine Pinay à la présidence du Conseil (6 mars 1952), puis pour celle de Joseph Laniel (26 juin 1953), et soutient la motion de Yvon Delbos tendant à investir Pierre Mendès France, président du Conseil désigné (17 juin 1954). Il est enfin de ceux qui, le 30 août 1954, soutiennent le projet de Communauté européenne de défense (CED)
Hubert Maga se porte candidat au renouvellement de son mandat lors des élections législatives du 2 janvier 1956. Il conduit la liste de la formation politique dont il est le leader, le Mouvement démocratique dahoméen, qui défend l'idée d'un « fédéralisme actif au sein de l'Union française ». Hubert Maga améliore légèrement son score par rapport aux précédentes élections, avec 60 601 voix sur 179 119 suffrages exprimés, contre 64 344 pour le leader du Parti républicain du Dahomey, Sourou Apithy. Cette année-là, il quitte le Grand conseil de l'AOF.
Hubert Maga est nommé membre de la Commission de l'éducation nationale, de la Commission de la justice et de la législation ; il est nommé secrétaire de l'Assemblée le 25 janvier 1956. Il intervient à la tribune de l'Assemblée le 5 juin 1956 pour commenter la politique coloniale du gouvernement. Hubert Maga approuve globalement l'action du cabinet Mollet au Maroc et en Tunisie, tout en marquant quelques réserves : « Nous sommes inquiets devant la position qui semble être la vôtre au regard de l'évolution des territoires d'outre-mer. Vous paraissez en effet considérer la loi-cadre comme le seul cadeau à faire à ces territoires. Nous affirmons que si une décentralisation administrative est nécessaire, elle est nettement insuffisante ». Le député du Dahomey se montre plus critique vis à vis de la politique algérienne du gouvernement : « Il ne nous est pas possible de vous suivre dans une action qui subordonne la négociation politique à la paix en Algérie et qui risquerait de compromettre en définitive notre chance réelle de pacification, celle des esprits et des cœurs, et l'avènement de l'amitié franco-musulmane ».
Lorsque Félix Gaillard est appelé à la prési dence du Conseil, en novembre 1957, il confie à Hubert Maga le sous-secrétariat d'Etat au travail.
A l'occasion des principaux votes de la législature, Hubert Maga se prononce pour l'investiture de Guy Mollet (31 janvier 1956), choisit de ne pas prendre part au vote le jour du vote de la question de confiance sur la politique algérienne du gouvernement (12 mars 1956), soutient le projet de loi portant ratification des traités instituant la CEE et l'Euratom (9 juillet 1957), l'investiture de Félix Gaillard (12 novembre), ainsi que le projet de loi relatif aux pouvoirs spéciaux en Algérie (12 novembre). Il vote la confiance sur le programme et la politique de Pierre Pflimlin (13 mai 1958) puis soutient le retour du général de Gaulle (1er et 2 juin).
Elu sénateur de la Communauté française en 1958, Hubert Maga se consacre surtout à ses activités politiques au Dahomey : il y devient successivement ministre du travail en 1958, Premier ministre en 1959 et Président de la République en 1960. C'est donc à lui que revient la charge de diriger le pays lorsque celui-ci accède à l'indépendance, le 1er août 1960. En décembre suivant se tiennent les premières élections législatives de l'indépendance ; elles voient la victoire du Parti dahoméen de l'unité, né de la fusion entre le Rassemblement démocratique dahoméen de Hubert Maga et le Parti nationaliste du Dahomey de Sourou Apithy.
Hubert Maga est destitué à la suite des grèves et des manifestations d'octobre 1963 ; le colonel Christophe Soglo s'empare alors du pouvoir. Hubert Maga se réfugie en Côte d'Ivoire, mais continue, depuis Abidjan, à intervenir dans la vie politique du Dahomey. C'est d'ailleurs vers lui que le peuple se tourne, en mai 1970, pour mettre un terme à la crise institutionnelle qui secoue le pays : Hubert Maga inaugure un système de présidence tournante (Conseil présidentiel), avec mandat bi-annuel, mais ce fragile édifice institutionnel est mis à bas dès mai 1972, avec le coup d'Etat mené par Mathieu Kérékou. Sous l'égide de ce dernier, le Dahomey, qui devient en novembre 1975 le Bénin, s'engage dans la voie sans issue du marxisme-léninisme.
Hubert Maga se retire alors de la vie politique. Il décède le 8 mai 2000 à Cotonou.