Jean, Gabriel, Théophile de Boissy d'Anglas
1783 - 1864
Les archives de Théophile de Boissy d’Anglas sont conservées aux Archives départementales de l’Ardèche sous la cote 12 J. Issu d’un don, le fonds Boissy d’Anglas couvre la période 1669-1844. Les 1,7 mètre linéaire d’archives qui le constituent sont décrites dans un répertoire numérique et sont librement communicables. De plus amples renseignements sur ce fonds sont disponibles sur le site Internet des Archives départementales de l’Ardèche.
Frère cadet de François-Antoine Boissy d'Anglas (1781-1850), pair de France, Jean-Gabriel-Théophile Boissy d'Anglas, député de 1828 à 1848, et député au Corps législatif de 1852 à 1864, né à Nîmes (Généralité de Montpellier, France), le 2 avril 1783, mort à Paris (Seine), le 6 mai 1864, fit toutes les guerres de l'Empire comme administrateur militaire, fut nommé intendant et appelé à la direction de l'administration de la Guerre sous le ministère du maréchal Maison, puis devint intendant de la 1re division militaire (Paris).
Le 17 novembre 1827, pour la première fois candidat à la Chambre des députés, il échoua dans le 2e arrondissement de l'Ardèche (Tournon), avec 72 voix contre 92 accordées à l'élu, M. Dubay.
Mais M. Dubay ayant donné sa démission, les électeurs, convoqués le 8 avril 1828, donnèrent la majorité à Boissy d'Anglas par 100 voix sur 159 votants et 210 inscrits, contre 51 à M. de Lestrange. Il prit place dans les rangs de l'opposition constitutionnelle, fit partie des 221 qui votèrent l'adresse hostile au ministère Polignac, et, réélu le 23 juin 1830, par 104 voix contre 54 à M. Benjamin Rabouin, adhéra au gouvernement de Louis-Philippe.
Sa nomination comme intendant militaire l'obligea à solliciter le renouvellement de son mandat, qu'il obtint le 10 avril 1831, puis le 5 juillet de la même année (élections générales) ; dans sa profession de foi il déclarait « s'être associé avec empressement, avec enthousiasme, aux événements mémorables qui ont placé sur le trône le roi patriote à qui la France a confié ses destinées. »
Membre dévoué de la majorité conservatrice, il vota presque toujours, pendant la durée du règne, pour les divers ministères qui furent appelés au pouvoir, parla (janvier 1831) sur le budget de 1832, proposa l'abrogation des ordonnances de 1815 portant annulation des promotions faites dans l'armée et dans la Légion d'honneur pendant les Cent-Jours, présenta diverses objections au projet de loi relatif au traité de 25 millions avec les Etats-Unis, intervint fréquemment dans les débats sur les chemins de fer, et combattit le système du prêt à intérêt pour les entreprises industrielles. En 1838, il fit un discours sur l'état du protestantisme en France et réclama « des mesures promptes et efficaces pour organiser à Paris une Faculté de théologie protestante ». Il se déclara (9 juin 1843) l'adversaire du projet de loi portant demande d'un crédit extraordinaire pour les établissements français aux îles Marquises et à Tahiti.
Plusieurs fois secrétaire de la Chambre des députés, Boissy d'Anglas l'était encore lorsque le bureau fut vivement attaqué pour certaines décisions que l'un des secrétaires, membre de l'opposition, désavoua. L'affaire Bénier (1846) vint porter un coup assez rude à la réputation du député fonctionnaire, que le gouvernement avait fait grand officier de la Légion d'honneur. Ce Bénier, directeur, pour le compte de l'Etat, de la manutention générale des vivres de l'armée, faisait acheter et garder en magasin les blés et les farines employés dans la confection du pain nécessaire à la garnison de Paris ; mais, profitant de la confiance qu'avaient en lui ses supérieurs, il spéculait avec l'argent de l'administration. Lorsque, après sa mort, on vérifia l'état de sa caisse et de ses magasins, on trouva un déficit de plus de 300 000 francs. Ce qui donnait dans cette affaire le plus de gravité à la responsabilité administrative, c'est que Bénier avait été exempté de fournir un cautionnement. Sur un vote de la Chambre des députés une enquête fut ouverte : elle eut pour résultat de faire mettre à la réforme l'intendant militaire Joinville, comme coupable d'un défaut de surveillance et d'une négligence impardonnables. Quant au comte Boissy d'Anglas, il dut faire valoir ses droits à la retraite : il avait commis l'imprudence de défendre à la tribune son subordonné, tandis que le commissaire royal et le ministre avouaient les faits, et avait eu le malheur de prononcer cette phrase sur laquelle on s'égaya : « La probité de cet agent est proverbiale dans les bureaux des ministères. »
Réélu successivement député, dans sa circonscription de Tournon :
- le 21 juin 1834, par 74 voix contre 39 à M. Auguste Faure ;
- le 13 janvier 1835, à la suite de sa nomination comme directeur de l'administration de la guerre ;
- le 4 novembre 1837,
- le 2 mars 1839,
- enfin, les 9 juillet 1842 et 1er août 1846.
Il ne cessa jusqu'en 1848 de soutenir le gouvernement, s'effaça à la révolution de février, et ne reparut qu'après le coup d'Etat, aux élections législatives du 29 février 1852.
Elu député au Corps législatif dans la 3e circonscription de l'Ardèche, par 10 811 voix (20 115 votants, 38 953 inscrits), contre 8 899 voix à M. de la Tourrette, ancien représentant, il justifia l'appui officiel que lui avait prêté le gouvernement par un complet dévouement aux institutions impériales, bientôt rétablies. « Les électeurs de l'Ardèche, écrivait alors un biographe parlementaire, peuvent connaître, par avance, le compte rendu qu'il sera en mesure de leur fournir à la fin de la session. Il aura voté, voté, voté. »
L'élection du 22 juin 1857 donna au comte Boissy d'Anglas 23 581 voix sur 25 216 votants et 36 426 inscrits, contre 1 524 à M. Carnot, et celle du 1er juin 1863, 19 197 voix sur 19 748 votants et 37 566 inscrits : il appartint, jusqu'à sa mort, à la majorité dynastique.
Date de mise à jour: septembre 2016