Nazi Boni
1912 - 1969
Né en 1912 à Bouan (cercle de Dédougou, Haute-Volta)
Décédé le 16 mai 1969 à Ouagadougou (Haute-Volta)
Député de la Haute-Volta de 1948 à 1958
Nazi Boni est né en 1912 dans le village de Bouan (cercle de Dédougou, dans le Nord de la Haute-Volta). Après ses études, il devient instituteur, puis directeur d'école en Côte d'Ivoire et Haute-Volta. Il est compté dans la phalange des anciens de William Ponty.
Au lendemain de la guerre, Nazi Boni s'oriente vers l'action politique. Il est élu, en 1947, conseiller général de la Haute-Volta, et conseiller municipal de Bodo-Dioulasso.
Le 27 juin 1948, aux élections législatives, Nazi Boni se présente en troisième position sur la liste d'Union pour la défense des intérêts de la Haute-Volta. Avec 71 304 voix sur 86 819 suffrages exprimés, la liste emporte les trois sièges à pourvoir dans le territoire, et Nazi Boni devient donc député de la Haute-Volta. Il s'inscrit au groupe des indépendants d'outre-mer. La validation de ce scrutin ne sera cependant votée que le 29 mars 1949.
A la Chambre, Nazi Boni est membre de plusieurs Commissions parlementaires : défense nationale (1949, 1951), pensions (1949 à 1951), boissons (1949), reconstruction et dommages de guerre (1950), et est en outre appelé à figurer sur la liste des jurés de la Haute Cour de justice (1949). Il dépose, le 2 juin 1949, une proposition de résolution tendant à inviter le gouvernement à accorder à la Haute-Volta un crédit spécial pour le rééquipement de ses services publics. Il intervient en outre à plusieurs reprises dans les discussions notamment, le 26 juillet 1949, à propos de la ratification du pacte de l'Atlantique et de ses incidences sur les territoires d'outre-mer : « comment entendez-vous la participation de la France d'outre-mer à la réalisation du pacte de l'Atlantique ? (...). Les élus d'outre mer ont des raisons d'éprouver quelque appréhension quant à cet accord dont les conséquences peuvent peser lourdement sur les pays qu'ils représentent... »
Puis il revient très longuement, les 5 et 6 juin 1950, sur la crise de l'enseignement en Afrique noire, et la nécessité de poursuivre les efforts budgétaires engagés pour y faire face.
Nazi Boni conduit, le 17 juin 1951, la liste de l'Action économique et sociale des intérêts de la Haute-Volta, pour les élections à la seconde législature. Ses engagements électoraux insistent particulièrement sur l'importance de l'œuvre déjà accomplie, les progrès de l'agriculture, l'équipement sanitaire, administratif et économique, la construction du chemin de fer, la création d'écoles, etc. « Nous réaffirmons, quant à nous, que l'Union française, bien comprise et librement consentie, est la meilleure formule susceptible de conduire les peuples français d'outre-mer à la plénitude de leur épanouissement politique, économique et social ».
Avec 66 986 voix sur 249 948 suffrages exprimés, cette liste emporte un des quatre sièges à pourvoir, et Nazi Boni est donc réélu député de la Haute-Volta pour la seconde législature.
A la Chambre, il intervient notamment à propos du projet de loi relatif aux assemblées territoriales des territoires d'outre-mer (23 novembre 1951), et sur la subvention du coton en Afrique française (22 décembre 1951). Le 13 janvier 1954, il est nommé secrétaire de l'Assemblée nationale. Il vote pour le pool charbon-acier (13 décembre 1951), s'abstient volontairement, le 27 octobre 1953, lors du vote sur l'ordre du jour gouvernemental après les interpellations sur l'Indochine, et vote contre la question préalable opposée à la ratification du traité de Paris sur la C.E.D. (30 août 1954). Le 18 septembre 1954, Nazi Boni vote la confiance au gouvernement sur la situation en Algérie, puis, le 4 février 1955, il vote la confiance à Pierre Mendès-France, et, le 31 mars suivant, pour l'adoption de l'état d'urgence en Algérie. Enfin, il ne prend pas part au vote du 29 novembre 1955, à la suite duquel le gouvernement d'Edgar Faure est renversé.
Nazi Boni, membre de l'Assemblée territoriale et Président de la Commission du plan, conduit, toujours dans la Haute-Volta, aux élections du 2 janvier 1956, la Liste du mouvement populaire de la révolution africaine (Indépendants d'outre-mer). Ses engagements électoraux reprennent les thèmes déjà mentionnés, insistant tout particulièrement sur les progrès de l'équipement du territoire (aménagement de la vallée du Sourou et de la plaine de la Comoé). Avec 102 853 voix sur 626 136 suffrages exprimés, sa liste remporte un des quatre sièges à pourvoir, et il est donc à nouveau réélu député de la Haute-Volta pour la troisième législature. En 1956, Nazi Boni est fondateur du Mouvement populaire africain.
A la Chambre, Nazi Boni est membre de la Commission des pensions (1956-1957), et de celle de l'éducation nationale (1957), ainsi que membre suppléant de la Commission des immunités parlementaires (1957). Nommé secrétaire du bureau de l'Assemblée nationale (1957), il dépose, le 26 mais 1958, une demande d'interpellation sur les incidents survenus le 4 mai précédent en pays lobi (Haute-Volta). Nazi Boni, qui est élu Président de l'Assemblée territoriale de la Haute-Volta en 1957, sera fréquemment absent des séances de l'Assemblée nationale. Il vote cependant pour la ratification des traités instituant la C.E.E. et l'Euratom (9 juillet 1957), contre la loi-cadre sur l'Algérie (30 septembre 1957), pour l'état d'urgence (16 mai 1958), pour la révision constitutionnelle (27 mai 1958) et (2 juin 1958).
Fondateur du Mouvement du regroupement voltaïque en 1959, il est sur le point d'être arrêté après l'indépendance, et se réfugie à Bamako, puis à Paris et à Dakar (1963). Après la chute du régime Yaméogo, Nazi Boni peut revenir à Bobo-Dioulasso, où il prend la tête du P.R.A. Il publie notamment Crépuscule des temps anciens.
Nazi Boni, décédé accidentellement en 1969, est fait commandeur de l'Ordre nationale voltaïque à titre posthume.