Pierre, Celestin Latour du Moulin
1822 - 1888
Député au Corps législatif de 1853 à 1870, né à Bordeaux (Gironde) le 18 février 1822, mort au château de Beauvoir, commune d'Olivet (Loiret) le 23 février 1888, il suivit, ses classes terminées au lycée Saint-Louis, les cours de l'Ecole de droit, se fit recevoir avocat et s'occupa spécialement d'économie politique.
Rédacteur du Courrier français et du Commerce, sous Louis-Philippe, il collabora, après la révolution de 1848, au journal conservateur l'Assemblée nationale, prit la direction du Courrier français et du Bulletin de Paris, et eut une part assez importante, en 1849, à l'organisation des comités électoraux destinés à combattre à Paris le parti démocratique.
Partisan de la politique personnelle de L.-N. Bonaparte, il adhéra au coup d'Etat du 2 décembre 1851, et fut nommé, le 6 avril 1851, directeur général de l'imprimerie, de la librairie et de la presse : cette importante direction ressortissait au ministère de la police générale.
M. Latour-Dumoulin se montra le zélé serviteur de la politique gouvernementale, créa la commission du colportage, et fut, le 4 décembre 1853, lors d'une élection partielle (motivée par le décès de M. Demesmay), élu, avec l'appui officiel, député du Doubs au Corps législatif, par 28,324 voix (28,682 votants, 38,117 inscrits). Il siégea dans la majorité dynastique, s'associa au rétablissement de l'Empire, et fut réélu successivement, toujours comme candidat officiel :
- le 22 juin 1857, par 22,127 voix (29,079 votants, 36,689 inscrits), contre 6,840 à M. Blondeau ;
- puis, le 1er juin 1863, par 20,943 voix (33,359 votants, 38,641 inscrits), contre 12,301 à M. de Mérode, candidat de l'opposition catholique.
Dans cette dernière législature, il crut, lors de la discussion de l'Adresse (février 1866), devoir donner au gouvernement « auquel il était profondément dévoué, quelques avertissements salutaires ». Il dit alors que l'Empire en étant au ministère Villèle, l'heure de former un ministère Martignac allait sonner; il demanda l'extension du droit d'amendement et du contrôle financier de la Chambre, la responsabilité ministérielle, le droit commun pour la presse. - « Passez à gauche », lui cria M. Rouher. - « M. Guizot fit la même réponse à M. de Morny, » répliqua M. Latour Dumoulin. A la session suivante, il reprocha au gouvernement (mars 1867) « sa politique hésitante, étrange, pleine de contradictions à l'extérieur, équivoque à l'intérieur, alors que tout le monde connaît les sentiments libéraux de l'empereur ». C'était demander la retraite de M. Rouher.
Aussi, au renouvellement de 1869, M. Latour-Dumoulin perdit le bénéfice de la candidature officielle qui fut accordé à M. de Marmier; il n'en fut pas moins réélu, après une lutte des plus vives soutenue à la fois contre M. de Marmier et contre M. de Mérode; au second tour de scrutin, M. de Mérode s'étant retiré, le député sortant obtint 17,328 voix (31,248 votants, 36,956 inscrits), contre 13,693 voix à M. de Marmier. Il fut un des promoteurs de l'interpellation des 116. La politique impériale s'étant modifiée, il fut promu, le 15 août suivant, commandeur de la Légion d'honneur. M. Latour-Dumoulin se prononça pour la déclaration de guerre à la Prusse, demanda, dans la séance du 10 août 1870, que la présidence du conseil fût confiée au général Trochu, avec mission de composer un cabinet, et rentra dans la vie privée après le 4 septembre.
On a de lui divers écrits politiques : Une Solution (1850); Etudes politiques sur l'administration départementale (1850); Lettres sur la Constitution de 1852; la Marine française (1861); Questions constitutionnelles (1867); Autorité et liberté (1874); la France et le Septennat (1875); etc. Conseiller général du canton de Morlan (Doubs) jusqu'en 1870.