Adolphe, Jean, Louis, Victor de Forcade de la Roquette
1820 - 1874
Sénateur du second Empire, ministre et député au Corps législatif en 1870, né à Paris le 8 avril 1820, mort à Paris le 15 août 1874, fils d'un juge de paix de Paris de 1811 à 1846 et frère utérin du maréchal Saint-Arnaud, il fit son droit à Paris et s'inscrivit en 1841 comme avocat à la cour d'appel.
Il prononça, en 1845, le discours de rentrée à la conférence des avocats, sur ce sujet : Le barreau sous Louis XIV. Docteur en droit l'année suivante, il n'eut, jusqu'en 1851, qu'un rôle assez effacé; mais son adhésion au coup d'Etat de décembre décida de sa fortune politique. Membre du conseil général de la Gironde de 1852 à 1867, sept fois président de ce conseil, il fut nommé maître des requêtes dès la réorganisation du conseil d'Etat (janvier 1852), remplit quelque temps les fonctions de directeur des forêts à Bordeaux, devint directeur général de cette administration à Paris en 1857, et, deux ans après, fut promu directeur général des douanes et des contributions indirectes ; il recevait aussi le titre de conseiller d'Etat en service extraordinaire, pour pouvoir se présenter aux Chambres comme commissaire du gouvernement.
M. Forcade de la Roquette n'occupait pas depuis plus d'une année ce poste important, lorsqu'il fut désigné, par décret du 28 novembre 1860, pour prendre, en remplacement de M. Magne, le portefeuille des finances. L'acte principal de son administration fut l'émission des obligations trentenaires, émission préparée, du reste, par son prédécesseur, en vue de créer des ressources spéciales sans augmenter la dette consolidée.
Le 12 novembre 1861, M. Forcade de la Roquette fut remplacé aux finances par M. Fould, puis appelé (14 novembre) au Sénat impérial et, à quelque temps de là, envoyé en mission en Algérie pour y étudier diverses questions de colonisation et de commerce. Le 18 octobre 1863, il fut nommé vice-président du conseil d'Etat.
Le 20 janvier 1867, M. Forcade de la Roquette fut rappelé au ministère, avec le portefeuille de l'Agriculture, des Travaux publics et du Commerce, en remplacement de M. Béhic. Il eut, pendant les sessions parlementaires de 1867 et 1868, à soutenir plusieurs fois les vives attaques des orateurs de l'opposition, relativement aux travaux publics, aux chemins de fer, etc. Il présida à l'organisation de l'exposition maritime internationale du Havre.
Enfin, le 17 décembre 1868, il accepta le portefeuille de l'Intérieur, laissé vacant par la démission de M. Pinard, continua le système de répressions inauguré par ses devanciers à l'égard des délits politiques, appliqua sans ménagement les lois récentes sur la presse et le droit de réunion, et remania pour les élections législatives de 1869 les circonscriptions électorales, de la façon la plus favorable à l'action administrative. Combattu pour ce fait à la tribune du Corps législatif, il revendiqua toute la responsabilité des mesures qu'il avait prises, et essaya de justifier la théorie et la pratique de la candidature officielle. Lorsque, cédant à la manifestation des 116, qui demandaient le retour au régime parlementaire, l'empereur crut devoir introduire dans la Constitution certaines modifications libérales, M. Forcade de la Roquette donna sa démission avec tous ses collègues; mais, dans le remaniement ministériel qui eut lieu (17 juillet 1869), son portefeuille lui fut aussitôt rendu. Il se plia alors aux exigences d'une situation nouvelle et montra, à l'égard de la presse, une tolérance plus large que par le passé. Toutefois, il prit la parole au Sénat pour s'élever contre les théories démocratiques émises dans cette Assemblée par le prince Napoléon (septembre 1869). Bientôt, d'ailleurs, il se rallia tout à fait à l'Empire « libéral », et quoique démissionnaire le 29 décembre, pour faire place au cabinet présidé par M. Emile Olivier, il se déclara prêt à soutenir la politique nouvelle inaugurée par le gouvernement.
En effet, il quitta le Sénat pour se présenter au Corps législatif dans la 2e circonscription du Lot-et-Garonne, et il fut élu député, le 10 janvier 1870, en remplacement de M. de Richemont, par 20,311 voix (25,878 votants, 35,026 inscrits), contre 5,350 voix à M. de Langsdorff. M. Forcade de la Roquette devenu, avec son ancien collègue M. Pinard, et M. Jérôme David, un des chefs de la droite au Palais-Bourbon, vota le plus souvent avec la fraction « parlementaire» de la majorité.
Après le 4 septembre 1870, il se retira dans la Gironde, passa de là en Espagne, et ne revint en France que six mois après. Il tenta vainement de se faire réélire conseiller-général de la Gironde, dans le canton de Sauveterre, qu'il avait déjà représenté, et échoua encore, le 20 octobre 1872, aux élections complémentaires qui eurent lieu dans ce département, pour l'Assemblée nationale; il réunit 47,041 voix, comme candidat impérialiste, contre 66,308 à M. A. Caduc, républicain. Il mourut subitement à Paris, le 15 août 1874.
Partisan zélé du libre-échange, M. Forcade de la Roquette a laissé quelques écrits sur des matières économiques. Il était grand-officier de la Légion d'honneur du 2 avril 1864.