Yvon Bonnot

Biographies

Biographie de la Ve République

BONNOT (Yvon)
Né le 22 août 1937 à Perros-Guirec (Côtes-du-Nord)
Décédé le 22 septembre 2019 à Lannion (Côte d’Armor)

Député des Côtes d’Armor de 1993 à 1997

Yvon Bonnot naît le 22 août 1937 à Perros-Guirec, la « cité des Hortensias », fleurs symboles de la ville, dans le quartier du port. Il est scolarisé à l’école de la rade avant de rejoindre à 15 ans le lycée Curie à Saint-Brieuc pour une formation technique en ébénisterie et menuiserie. Titulaire d’un CAP menuiserie-charpente et d’un Brevet d’enseignement industriel (BET), il réussit dans la foulée le concours de l’Ecole Boulle à Paris, mais la mobilisation pour la guerre d’Algérie l’empêche de suivre cette formation. Il est d’abord au Maroc d’août 1957 à janvier 1958, puis en Algérie jusqu’en novembre 1960. De retour en Bretagne, il travaille pour l’entreprise familiale avant de créer sa propre entreprise de BTP à 26 ans. Celle-ci, installée à Saint-Quay-Perros, comptera jusqu’à 60 salariés et construira près de 2 000 maisons dans le département. En octobre 1961, il se marie avec Jacqueline Dubost. Trois enfants naissent de cette union.

De sensibilité démocrate-chrétienne, Yvon Bonnot s’engage rapidement en politique. Maire de Perros-Guirec de 1961 à 1981, le centriste Yves Le Paranthoën repère ce jeune militant plein de promesses. Il le fait entrer au conseil municipal en 1971 et le prend comme premier adjoint après les municipales de 1977. Proche de Pierre Méhaignerie, il se reconnaît, sans être encarté pour autant, dans la mouvance de l’Union pour la démocratie française (UDF) et plus particulièrement dans sa branche du Centre des démocrates sociaux (CDS). Il se porte candidat sous cette étiquette aux législatives de 1978 dans la 5e circonscription des Côtes du Nord (Lannion-Paimpol). Il s’agit de succéder au député sortant, l’UDF-CDS Pierre Bourdellès, maire de Louannec et conseiller général de Perros-Guirec, qui, trop âgé, ne se représente pas. À l’issue du premier tour, Yvon Bonnot talonne avec ses 24,18 % des voix le socialiste Pierre Jagoret (25,46 %). Mais ce dernier peut compter sur les importantes réserves de voix du candidat communiste (22,89 %), qui s’est retiré en sa faveur, alors que le centriste ne dispose que des 13,77 % de son allié Rassemblement pour la République (RPR). Au second tour, le 19 mars 1978, Yvon Bonnot est battu, ne totalisant que 47,68 % des suffrages exprimés.

En 1981, Yves Le Paranthoën démissionne et cède la place à Yvon Bonnot à la mairie de Perros-Guirec. Il est réélu sans discontinuité pendant 32 ans jusqu’à ce qu’il démissionne à son tour le 5 août 2013, un peu avant le terme de son mandat (il est remplacé par Gilles Declochez, l’adjoint aux ports). Le retrait d'Yvon Bonnot intervient alors que la cohésion de la majorité municipale était mise à mal depuis plusieurs mois par des dissensions entre le maire et son ancien dauphin désigné, Erven Léon, sur le dossier du renouvellement de la concession du casino. Durant les trente ans passés à la tête de la mairie, ce maire aménageur œuvre efficacement pour la modernisation et la prospérité de la cité balnéaire qui est l’une des premières, sous son impulsion, à obtenir le label « Démarche qualité Eaux de baignade ». En tant que président régional du tourisme de 1986 à 2004, il pilote la réhabilitation du grand site naturel de Ploumanach qui, à partir des années 2010, accueille jusqu’à 800 000 touristes chaque année. En 1986, il entre au conseil régional de Bretagne où il siège aux côtés d’Yvon Bourges puis de Josselin de Rohan et occupe les fonctions de vice-président de l’assemblée régionale (il est réélu conseiller régional en 1992). Il prend la tête du comité régional du tourisme et lance les fameuses campagnes publicitaires des années 1980 vantant la côte de Granit rose dans les couloirs du métro parisien. En 1990, au sein de la Fédération nationale du bâtiment, il préside la plus importante union, la maçonnerie (40 % des 300 000 entreprises adhérentes). À ce titre, il siège au bureau de la Fédération et dirige sa puissante commission des marchés et des prix. Attaché au dialogue social, il met en place la participation dans son entreprise avant de céder cette dernière à ses collaborateurs au moment de prendre sa retraite. Alors que le gouvernement lui propose des missions, il préfère travailler à la modernisation de la plage du Trestraou, au développement du port de Perros-Guirec et à l’accueil des nombreuses courses au large dont le départ se fait de la « cité des hortensias ».

Au printemps 1993, Yvon Bonnot obtient l’investiture de l’UDF pour la 5e circonscription des Côtes d’Armor. Au second tour, le 28 mars, avec l’aide de son suppléant, Jean-Claude Vitel (conseiller général et maire de Kerfot), il s’impose en rassemblant 52,58 % des suffrages exprimés face au député sortant, le socialiste Pierre-Yvon Trémel, maire de Cavan et conseiller général de la Roche-Derrien. Sa campagne active en faveur du tourisme dans cette région balnéaire de Bretagne où le tourisme constitue une ressource essentielle avec le commerce et l’artisanat, s’est révélée efficace. Yvon Bonnot rejoint le groupe de l’UDF et du Centre et la commission de la production et des échanges. L’arrivée au Palais-Bourbon de l’entrepreneur Yvon Bonnot s’inscrit dans une dynamique plus large qui voit une trentaine de chefs d’entreprise élus lors de ces législatives. Le 2 juin 1993, il participe aux débats qui suivent la déclaration du gouvernement sur le développement rural, insistant sur le nécessaire maintien des services publics et soutien à l’implantation des PME en zone rurale. Lors des discussions sur le projet de loi de finances pour 1994, il intervient sur les volets agriculture (dotation aux jeunes agriculteurs) et tourisme (stations balnéaires, hôtellerie et restauration). Le 23 novembre 1993, il prend part aux débats sur la proposition de loi relative à la prévention et au règlement à l’amiable des difficultés des entreprises, rappelant, à propos du secteur BTP, la nécessité de garanties de paiement pour le prestataire de service, et appelant de ses vœux un allègement des contraintes pesant sur les entreprises. Le monde des entreprises étant cher à l’ancien responsable de la Fédération nationale du bâtiment, il y revient le 13 janvier 1994 lors de l’examen du projet de loi relatif à l’initiative et à l’entreprise individuelle, en rappelant le rôle des PME dans la lutte contre le chômage et en suggérant des aides fiscales à la création d’entreprise et des simplifications dans les règles de comptabilité et de traitement fiscal. Dans le cadre d’une question au gouvernement, le 27 avril 1994, il s’insurge contre le dégazage des navires en mer. Yvon Bonnot vote en faveur de la loi du 22 juillet 1993 relative aux pensions de retraite et à la sauvegarde de la protection sociale. Il intègre en octobre 1996 la commission supérieure du service public des postes et télécommunications.

Candidat à sa réélection lors des législatives anticipées de 1997, Yvon Bonnot est battu au second tour, le 1er juin, par le socialiste Alain Gouriou qui obtient 54,63 % des suffrages exprimés. Mais le maire de Perros-Guirec n’abandonne pas toute activité publique. En février 1993, il a succédé à l’ancien ministre Jacques Blanc à la présidence de la Fédération nationale des comités régionaux du tourisme (FNCRT). Créée en décembre 1987, la FNCRT regroupe les comités de tourisme de chaque région et comprend plusieurs groupes de travail qui s’efforcent de dynamiser l’activité touristique en France. Président de l’Association nationale des élus du Littoral (ANEL), Yvon Bonnot est à l’origine en 2005 de la création du Conseil national du littoral (CNL). Institué par l’article 235 de la loi du 23 février 2005 relative au développement des territoires ruraux et présidé par le Premier ministre, le CNL supervise l'aménagement, la protection et la mise en valeur du littoral et la gestion intégrée des zones côtières. En 2011, le CNL est remplacé, à la suite du Grenelle de la mer, par le Conseil national de la mer et des littoraux, auquel la loi Grenelle II et le décret du 10 juin 2011 ont donné une mission plus large et des moyens plus importants.

Retiré dans sa maison du tertre de La Clarté, Yvon Bonnot reçoit la médaille des 40 ans de l’ANEL lors des Journées nationales de l’Association au Havre, le 11 octobre 2018, en présence du Premier ministre Edouard Philippe. Ce maire emblématique de Perros-Guirec et figure bretonne des années 1980-2000 s’éteint à l’âge de 82 ans, dans la nuit du 22 au 23 septembre 2019, au Centre hospitalier de Lannion. Ses obsèques qui ont lieu dans sa ville natale, à l’église Saint-Jacques, attirent plusieurs centaines de personnes venues lui rendre un dernier hommage. Breton tenace, il aura marqué la vie politique de la côte de Granit rose. Officier de la légion d’honneur, il était titulaire de la croix du combattant.