Claude, Frédéric Bastiat

1801 - 1850

Informations générales
  • Né le 30 juin 1801 à Bayonne (Basses-Pyrénées - France)
  • Décédé le 24 décembre 1850 à Rome (Italie)

Mandats à l'Assemblée nationale ou à la Chambre des députés

Régime politique
Deuxième République
Législature
Assemblée nationale constituante
Mandat
Du 23 avril 1848 au 26 mai 1849
Département
Landes
Groupe
Cavaignac
Régime politique
Deuxième République
Législature
Assemblée nationale législative
Mandat
Du 13 mai 1849 au 24 décembre 1850
Département
Landes
Groupe
Centre droit

Biographies

Biographie extraite du dictionnaire des parlementaires français de 1789 à 1889 (Adolphe Robert et Gaston Cougny)

Représentant du peuple aux Assemblées constituante et législative de 1848-49, né à Bayonne (Basses-Pyrénées), le 30 juin 1801, mort à Rome, le 24 décembre 1850, il était fils d'un négociant.

Orphelin de bonne heure, il fut élevé par son grand-père paternel, qui, à sa mort le laissa propriétaire de domaines assez étendus dans les Landes ; il s'occupa, tout d'abord, de leur exploitation, puis il remplit dans le canton, à Mugron, les fonctions de juge de paix. En même temps, il tentait de jouer un rôle actif dans la politique ; conseiller général du département des Landes, auteur d'une adresse (novembre 1830) aux électeurs de ce département en faveur d'un candidat que son opposition à la politique des « 221 » avait rendu impopulaire, puis candidat lui-même à plusieurs reprises mais sans succès, il s'affirmait, dès lors, comme un adversaire déclaré de l'intervention de l'Etat en matière économique et comme un partisan du laisser-faire, laissez-passer.

Toutefois, sa réputation n'avait pas dépassé les limites de sa région, quand une étude inspirée par les théories de Richard Cobden, sur la question des tarifs français et anglais, et envoyée par lui au Journal des Economistes, à Paris, eut un grand retentissement. À dater de ce jour, Bastiat, en relations personnelles avec Cobden, se consacra avec ardeur à la propagande des libre-échangistes, organisa le mouvement à Bordeaux, puis à Paris (1844), fonda un journal dont le titre était le Libre-échange, et s'entendit avec un certain nombre d'économistes tels que Blanqui aîné, Joseph Garnier, Guillaumin, etc., pour multiplier en faveur de sa doctrine brochures, manifestes et réunions. « Quand la liberté du commerce serait une chimère, écrivait-il alors à M. Fonteyrand, la ligne n'en serait pas moins glorieuse ; car elle a donné au monde le plus puissant et le plus moral de tous les instruments de civilisation. »

Son goût décidé pour l'individualisme le porta à écrire à M. de Lamartine, dans les dernières années du règne de Louis-Philippe, une curieuse lettre où il reprochait au poète d'incliner vers le socialisme. (Lettre à M. de Lamartine sur le Droit au travail). La lutte contre le socialisme fut en effet une des préoccupations dominantes de Bastiat, et la révolution de Février 1848 ne fit, à cet égard, que surexciter son zèle.

Assez indifférent, d'ailleurs, aux questions de politique pure et favorable au maintien de la forme existante du gouvernement quelle qu'elle fut, il ouvrit, rue Taranne, une série de conférences où il se prononça contre toute modification de l'état actuel, harangua fréquemment les ouvriers dans les réunions publiques, et, lors des élections à la Constituante (23 avril 1848), fut élu représentant des Landes, le 2e sur 7, par 56,445 voix.

Il fit partie, dans l'Assemblée, du Comité des finances, dont il fut huit fois le vice-président, exerça dans les délibérations une grande influence, mais s'occupa à peu près exclusivement de questions économiques et financières. Au point de vue politique, il soutint le général Cavaignac au pouvoir, en vertu de sa doctrine qu'il faut toujours appuyer le gouvernement de fait, et vota, tantôt avec la gauche, tantôt avec la droite :

- 26 mai 1848, pour le bannissement de la famille d'Orléans ;
- 9 août, contre le rétablissement du cautionnement;
- 26 août, contre les poursuites intentées à Louis Blanc (dont il était, en économie sociale, l'adversaire déclaré) ;
- 1er septembre, contre le rétablissement de la contrainte par corps;
- 18 septembre, pour l'abolition de la peine de mort ;
- 21 octobre, contre l'abolition du remplacement militaire;
- 25 novembre, pour l'ordre du jour en l'honneur de Cavaignac ;
- 28 décembre, contre la réduction de l'impôt du sel ;
- 12 janvier 1849, contre la proposition Rateau ;
- 21 mars, pour l'interdiction des clubs ;
- 16 avril, contre les crédits de l'expédition de Rome;
- 2 mai, contre l'amnistie des transportés.

À l'Assemblée législative, dont il fit encore partie, ayant été élu, le 13 mai 1849, par son département, avec 25 726 voix (49 762 votants, 82 019 inscrits), il continua de se mêler activement aux discussions économiques, se prononça à la tribune pour l'abolition de l'impôt sur les boissons, réclamant des économies pour couvrir le déficit qui en résulterait, fit un autre discours (novembre 1849) pour la liberté des coalitions. Mais la maladie de poitrine qui le minait lui défendit bientôt l'accès de la tribune. Aux discours qu'il ne pouvait plus prononcer, il suppléa par des mémoires écrits aux cours des discussions. Il donna ainsi son avis sur l'incompatibilité parlementaire, sur le Baccalauréat, dont il demanda la suppression : Bastiat voyait dans l'enseignement classique universitaire l'école du communisme, etc.

Sa polémique avec Proudhon est restée célèbre. Le journal la Voix du peuple ayant critiqué un travail de Bastiat intitulé Capital et rente, celui-ci riposta aussitôt, et les deux adversaires échangèrent à ce sujet quatorze lettres. C'est au cours de cette discussion que Proudhon, prenant Bastiat à partie, écrivit ces lignes : « Scientifiquement, vous êtes un homme mort. Ma consultation va commencer pour vous cette éducation intellectuelle sans laquelle on n'est, suivant Aristote, qu'un animal parlant. » La Voix du peuple ayant été supprimée par le pouvoir, la polémique prit fin.

Comme sa santé déclinait de plus en plus, Bastiat tenta de la rétablir par un voyage en Italie (novembre (1850) ; mais il mourut à Rome, au bout de quelques semaines, assisté à ses derniers moments par un de ses amis, M. Paillotel.

Parmi les très nombreux ouvrages de Frédéric Bastiat, il faut citer encore :
- Cobden et la ligue (1845) ;
- Sophismes économiques (1847-48) ;
- Harmonies économiques (1850) ;
- ainsi qu'une grande quantité de pamphlets et d'articles de revue.

Un de ses plus fidèles disciples, M. Frédéric Passy, député de la Seine, a écrit, dans une notice biographique sur F. Bastiat (Paris 1857) : « Si d'autres noms continuent à porter justement, aux yeux des détracteurs et des partisans de l'économie politique, la honte ou l'honneur d'avoir fondé cette science, nul, assurément, plus que Bastiat, n'a mérité d'être signalé pour le zèle et pour les succès de l'apostolat. »