Charles, Henri, Albert Bosson
1910 - 2001
BOSSON (Charles)
Né le 2 août 1908 à Genève (Suisse)
Décédé le 14 décembre 2001 à Annecy (Haute-Savoie)
Député de la Haute-Savoie de 1958 à 1968
Charles Bosson nait le 2 août 1908 à Genève. Après son baccalauréat, il s’engage à Paris dans des études de droit qui le mènent jusqu’à la licence et dans un doctorat ès lettres portant sur Henri Bergson. De retour en Haute-Savoie, il s’établit comme avocat au barreau d’Annecy en 1935. Marié, il a quatre enfants, dont Bernard (1948) qui gère une carrière politique. Dans les années 1930, il préside l’antenne locale de l’Association catholique de la jeunesse française (ACJF). Il est proche du juriste François de Menthon, président de l’ACJF de 1926 à 1930, et qui participera à la Résistance à partir du château de Menthon-Saint-Bernard, près d’Annecy, avant d’être élu député du Mouvement Républicain Populaire (MRP) en 1945.
Charles Bosson s’engage également en politique au sortir de la guerre. De sensibilité démocrate-chrétienne, il rejoint le MRP dès sa création, à la Libération. Elu au Conseil de la République le 8 décembre 1946 sous cette étiquette, il préside le groupe MRP dans l’hémicycle. Il choisit de ne pas se représenter lors des sénatoriales du 7 novembre 1948. Charles Bosson privilégie en effet une carrière politique locale. Il participe aux élections municipales de l’automne 1947 et entre comme élu MRP au conseil municipal d’Annecy, aux côtés du maire CNIP Georges Volland. Lors des municipales du printemps 1953, l’ancien premier adjoint de Georges Volland, François-Maurice Ritz, est élu et Charles Bosson siège toujours au conseil municipal. Le 17 octobre 1954, le premier édile décède. Charles Bosson le remplace à la tête de l’hôtel de ville dès le 12 novembre. C’est le début d’un long règne puisque l’intéressé, réélu en 1959, 1965 et 1971, restera près de trente ans maire d’Annecy, contribuant jusqu’à sa démission le 9 mars 1975, à transformer en profondeur la cité alpine. Cette dernière voit sa population passer de 33 000 habitants en 1954 à près de 53 000 en 1975, elle se développe économiquement, profitant de ses fonctions administratives et commerciales, mais aussi de l’essor touristique lié à d’importants travaux de mise en valeur du patrimoine historique (rénovation du vieil Annecy à partir de 1953/1954 avec le château et les quartiers anciens des canaux) et du cadre environnemental (installation au début des années 1960 du collecteur du tour du lac qui permet à ce dernier de retrouver sa pureté après avoir servi pendant des décennies de déversoir d’eaux usées en provenance des communes avoisinantes). Charles Bosson préside également le syndicat des maires de la région annécienne. Sensible très tôt à la défense de l’environnement, il dirige le Conseil des Lacs et siège au bureau du Conservatoire national du littoral et des rivages lacustres.
Lors des législatives de novembre 1958, Charles Bosson se présente dans la 1ère circonscription de la Haute-Savoie (cantons d’Alby-sur-Chéran, Annecy-Nord, Annecy-Sud, Cruseilles, Faverges, Frangy, Rumilly, Saint-Julien-en-Genevois, Seyssel, Thônes, Thorens-Glières) sous l’étiquette MRP. Avec l’aide de son suppléant, le cultivateur et maire de Chevrier, Edmond Marmilloud, il arrive nettement en tête au soir du premier tour avec 47,3 % des voix, devant son premier adversaire, le modéré Jean Vallette d’Osia (28,9 %). Il s’impose au second tour avec 55,5 % des suffrages exprimés. A l’Assemblée, il rejoint le groupe des Républicains populaires et du Centre démocratique (dont il assure la présidence de décembre 1958 à décembre 1960) et la commission des affaires étrangères, qu’il quitte en octobre 1959 pour la commission des lois constitutionnelles, de la législation et de l’administration de la République, avant de retrouver en octobre 1960 la commission des affaires étrangères. Le député haut-savoyard profite du discours du Premier ministre Michel Debré sur la politique du gouvernement en janvier 1959 pour réaffirmer les grandes lignes du groupe démocrate-chrétien : respect du régime parlementaire, recherche d'une solution consensuelle au problème algérien et respectueuse de la volonté de paix du peuple français, rôle de la France dans la construction de l'Europe, aide au logement, soutien à l'enseignement libre, politique ambitieuse d'investissements. Le maire d’Annecy intervient à l’Assemblée sur des sujets divers : Algérie, agriculture, aides sociales, enseignement et équipement socio-éducatif, situation du cinéma français… Charles Bosson vote notamment en faveur du projet de loi relatif aux pouvoirs spéciaux (la loi du 4 février 1960 autorisant le gouvernement à prendre, par application de l’article 38 de la constitution, certaines mesures relatives au maintien de l’ordre, à la sauvegarde de l’Etat, à la pacification et à l’administration de l’Algérie). Il soutient la motion de censure du 4 octobre 1962, dont l’adoption entraîne le renversement du gouvernement de Georges Pompidou.
Lors des législatives anticipées de l’automne 1962, consécutives à la dissolution de l’Assemblée nationale, Charles Bosson, qui a amélioré son ancrage politique local en devenant en 1961 conseiller général du canton d’Annecy, est candidat à sa réélection dans la première circonscription de Haute-Savoie. Epaulé par son nouveau suppléant, le directeur commercial Alphonse Métral, il s’impose très nettement dès le premier tour avec 72,25 % des voix. Il n’avait aucun adversaire à droite et son premier opposant à gauche est le communiste Emile Valla qui se contente de 15,8 % des suffrages exprimés. Le maire d’Annecy rejoint le groupe du Centre démocratique (CD) et la commission des affaires étrangères. C’est dans le cadre de cette commission qu’il se rend au Canada en février 1963. Durant cette législation, il intervient sur des sujets variés (équipements militaires, élections, fiscalité, éducation, tourisme, construction…) et profite des débats sur les projets de loi de finances pour, lorsqu’il est question du budget des affaires étrangères, redire le mécontentement des députés démocrates-chrétiens devant les nouvelles orientations diplomatiques françaises (relations avec les Etats-Unis, construction européenne…).
Ce notable, maire d’Annecy et membre du comité directeur de l’Association des maires de France, président du conseil général de 1965 à 1967 (vice-président par la suite), se représente dans la même circonscription lors des législatives du printemps 1967. Assisté de son suppléant Edmond Marmilloud, il n’obtient que 31,1 % au premier tour. Une partie de l’électorat de droite s’est portée vers le RI Jean Brocard (un centriste qui avait découvert Annecy lors de sa formation à l’école des commissaires de la marine nationale située à Menthon-Saint-Bernard sur les bords du lac avant de devenir contrôleur général des armées). Au deuxième tour, à la faveur d’une triangulaire qui l’oppose à Jean Brocard et au communiste Emile Valla, le député sortant s’impose avec 41,7 % des suffrages exprimés. Il s’inscrit au groupe Progrès et Démocratie Moderne (PDM) et à la commission des affaires étrangères. A partir de mai 1967, il est représentant suppléant de la France à l’Assemblée consultative du Conseil de l’Europe. Il prend part, le même mois, aux débats suivant la déclaration du gouvernement relative à l’Education nationale. C’est l’occasion pour le député de Haute-Savoie d’évoquer la réforme des collèges, la participation financière des communes aux écoles primaires, l’équipement sportif scolaire, le manque d’enseignants et le surpeuplement des classes, les inégalités de chances entre jeunes urbains et jeunes ruraux, la question de la jeunesse inadaptée, l’intérêt des IPES…
Sa réélection difficile au Palais-Bourbon en 1967 aurait dû alerter Charles Bosson sur l’effritement de sa popularité au sein de la conscription. Il choisit néanmoins de se représenter en juin 1968, lorsque la dissolution de l’Assemblée par le président de Gaulle après les événements de mai conduit à des législatives anticipées. Son ancien rival de 1967, le RI Jean Brocard, qui bénéficie du soutien des gaullistes, arrive largement en tête avec 43,7 % des suffrages exprimés, tandis que le député sortant doit se contenter de 33,3 %. Le second tour s’annonce d’autant plus problématique que le candidat communiste Emile Valla (13,6 %) décide de se maintenir, provoquant une triangulaire. Jean Brocard s’impose avec 47,8 %, devant le maire d’Annecy (41,2 %).
Charles Bosson renonce définitivement à l’Assemblée nationale et se relance politiquement dès l’automne en se présentant aux sénatoriales du 22 septembre. Il est élu et rejoint le Palais du Luxembourg. Réélu en septembre 1977, il siègera 18 ans dans la Chambre haute, jusqu’en octobre 1986 où, âgé de 78 ans, il décide de ne pas se représenter. Au Sénat, il siège dans le groupe de l’Union centriste et dans la commission des affaires étrangères, de la défense et des forces armées. Son fils, Bernard Bosson, lui succède en 1979 au conseil général de Savoie. Il sera élu maire d’Annecy en 1983.
Charles Bosson décède le 14 décembre 2001. Il était chevalier des Palmes académiques.