César Depietri
1921 - 2018
DEPIETRI (César)
Né le 2 mars 1921 à Moyeuvre-Grande (Moselle)
Décédé le 20 août 2018 à Grasse (Alpes-Maritimes)
Député de la Moselle de 1967 à 1968 et de 1973 à 1981
Né le 2 mars 1921 à Moyeuvre-Grande en Moselle, César Depietri est le fils de Louis Depietri et de son épouse, née Marie Fagioli, immigrés italiens et ouvriers agricoles originaires de la province de Crémone. Ses parents s’installent en Moselle, alors allemande, en 1905, où Louis Depietri travaille comme manœuvre à l’usine sidérurgique de Wendel. César Depietri est le dixième enfant d’une fratrie de onze. Après avoir obtenu son certificat d’études, il suit une année de cours complémentaires avant d’entrer comme élève au centre d’apprentissage de l’usine Wendel, situé à Rosselange. Il y apprend le métier d’ajusteur et est engagé en 1935, année où il obtient la nationalité française, dans l’usine où son père travaillait comme tourneur sur métaux.
Son militantisme débute avec sa mobilisation lors des grandes grèves de mai-juin 1936 consécutives à la victoire électorale du Front populaire, au cours desquelles il adhère au syndicat CGT des métaux. Il est délégué ouvrier jusqu’en 1947.
Pendant la Seconde Guerre mondiale, il entre au Parti communiste en février 1942 et milite en distribuant des tracts antinazis aux autres travailleurs de l’usine. A la libération de Moyeuvre, il est nommé secrétaire de la section communiste de la ville. En 1948, César Depietri est licencié de l’usine Wendel pour son implication dans les grandes grèves d’opposition aux gouvernements de Troisième force, ce qui ne l’empêche pas de continuer à animer des actions dans tout le département et auprès des mineurs du bassin houiller. A la suite de son renvoi, il devient permanent du Parti communiste français (PCF), fonction qu’il occupe jusqu’en 1959.
En 1960, il se marie avec Danièle Magnette. Ils divorcent en 1962 et César Depietri épouse en 1969 Sonia Wilm.
Sur le plan politique, c’est en octobre 1947 que César Depietri commence sa carrière. Il est élu conseiller municipal de Moyeuvre-Grande, réélu en 1953 ainsi qu’en mars 1959. Il devient alors maire de sa commune. Il occupe cette fonction durant de nombreuses années, jusqu’en mars 1983, en étant reconduit successivement en 1965, 1971 et 1977. Lors des élections municipales de mars 1983, la liste communiste qu’il mène est battue par la liste socialiste du député René Drouin.
En mars 1964, il est également élu conseiller général de la Moselle dans le canton de Moyeuvre-Grande, mandat auquel il est reconduit en 1970 puis en 1976. Il est aussi membre du conseil régional de la Lorraine entre mars 1974 et mars 1981.
Au cours de ces années d’engagement politique, César Depietri siège dans les instances fédérales du parti et participe aux différents congrès nationaux du PCF. Il est membre du bureau fédéral du PCF de la Moselle.
Au niveau national, César Depietri est candidat aux élections législatives en novembre 1962, avec pour suppléant Henri Lorang, militant communiste et conseiller municipal de Serémange-Erzange. Investi par le PCF dans la 3e circonscription de la Moselle (Hayange, Moyeuvre-Grande), il est battu dans le duel du second tour par le candidat de l’Union pour la nouvelle République (UNR), Jean-Louis Gasparini, qui recueille plus de 65% des suffrages exprimés.
En mars 1967, à nouveau candidat dans la même circonscription, il arrive en tête au premier tour avec 36,13% des suffrages exprimés. Grâce au désistement de Victor Madelaine, candidat du Parti socialiste unifié (PSU), qui a obtenu 19,85%, il est élu au second tour avec 56,25% contre le député gaulliste sortant.
Au Palais-Bourbon, inscrit au groupe communiste, il siège à la commission de la production et des échanges.
En avril 1967, il présente une proposition de loi tendant à la nationalisation des mines de fer et de la sidérurgie, revendication permanente de son parti.
En séance publique, il se concentre sur les mines et la sidérurgie, posant en mai 1967 une question orale avec débat, et intervenant en novembre 1967 sur les crédits de l’industrie prévus par le projet de loi de finances pour 1968. Il appelle également à l’amélioration de l’équipement scolaire de son département, lors de l’examen du budget de l’éducation.
Par ailleurs, soucieux des droits des usagers, il prend la parole en ce sens, en mai 1968, lors de l’examen du projet de loi relatif à l'exploitation du plateau continental et à l'exploitation de ses ressources naturelles. Il vote les motions de censure déposées contre le gouvernement, notamment celles de mai 1968, qui reprochent au pouvoir gaulliste de refuser le dialogue avec les divers groupes sociaux actifs dans le mouvement social, étudiants, enseignants, ouvriers, notamment.
Aux élections législatives de juin 1968, après la dissolution de l’Assemblée nationale par le chef de l’Etat pour dénouer la crise de mai, César Depietri est de nouveau candidat. Il obtient 29,32% des suffrages exprimés. Avec 43,21%, il est battu dans le duel du second tour par le maire de Florange, Léon Arnould, candidat des Républicains indépendants, soutenu par les gaullistes. Le report à gauche s’est très mal fait, le retrait du candidat PSU Victor Madelaine en sa faveur (20,4%) et l’élimination du candidat de la Fédération de la gauche démocrate et socialiste (FGDS) Paul Brier (4,84%) n’ayant pas eu toute la portée escomptée.
Dès lors, César Depietri se replie sur ses mandats locaux de maire et conseiller général, et ses fonctions au sein du PCF.
Aux élections législatives de mars 1973, il est à nouveau candidat dans le climat très favorable de la dynamique du Programme commun de la gauche conclu l’année précédente et avec pour suppléant Raymond Gatti, militant communiste et technicien-chimiste en sidérurgie à Hayange. Il obtient 31,3% des suffrages exprimés au premier tour, juste derrière le député sortant Léon Arnould (33,92%), et devant Victor Madelaine, présenté cette fois-ci par le Parti socialiste (PS) et qui recueille 26,77%. Il gagne le duel du second tour avec 51,87% des suffrages exprimés seulement, le report des voix à gauche n’ayant été pas optimale.
Au Palais-Bourbon, il retrouve le groupe communiste et la commission de la production et des échanges. Il est aussi suppléant à l’Assemblée consultative du Conseil de l’Europe et siège à l’Assemblée de l’UEO. Renouvelant, en novembre 1976, sa proposition de loi de nationalisation des mines de fer et de la sidérurgie, il dépose également en 1974, à la date symbolique du 6 juin, une proposition de loi permettant de valider, au titre de l’assurance vieillesse, les périodes passées dans les Forces françaises libres, la Résistance et les engagements volontaires entre 1939 et 1945.
Il est également rapporteur, en décembre 1974, sur le projet de loi de lutte contre la rage, pathologie animale regagnant du terrain en France par l’Est.
Le député communiste présente également deux propositions de résolution tendant à la création de commissions d’enquête : l’une en octobre 1975, sur les pratiques des grandes sociétés sidérurgiques et l’utilisation des fonds publics qui leur sont accordés ; l’autre en octobre 1976, sur les responsabilités dans l’origine de la catastrophe qui a fait 16 morts, le 30 septembre, dans un puits à Merlebach, sujet sur lequel il pose une question au gouvernement le 6 octobre, dès que l’agenda de la rentrée parlementaire le permet.
De même, ses interventions en séance publique témoignent de la crispation sociale croissante qu’engendrent la crise de l’énergie, dans les années qui suivent le choc pétrolier de 1973, ainsi que la crise de la sidérurgie, avec en outre les interrogations sur l’importance des soutiens publics à l’origine d’un certain surdimensionnement de ce secteur.
Cependant, le député communiste élargit le spectre de ses interventions. Il pose ainsi des questions d’actualité sur la situation sociale chez le fabriquant horloger Lip, en juin et octobre 1973, puis des questions au gouvernement sur les économies de chauffage et la production charbonnière en octobre 1974, la vente d’équipements sidérurgiques à des intérêts étrangers, en juin 1977, la possibilité de conserver une centrale thermique à Richemont, en octobre 1977, et, alors que pointe un début de contestation de l’immigration dans certains segments de la société, le devoir de protection de l’Etat vis-à-vis des travailleurs algériens agressés.
Ses autres prises de parole sont concentrées sur la crise croissante du charbon et de la sidérurgie, à l’occasion de l’examen des crédits budgétaires prévus chaque année par les projets de loi de finances, mais aussi en avril 1977, dans le débat qui suit la déclaration du gouvernement sur les perspectives de la sidérurgie.
Aux élections législatives de 1978, César Depietri parvient à surmonter la tension entre le PCF et le PS à la suite de la rupture sur l’actualisation du programme commun à l’automne 1977. De nouveau candidat, il recueille 35,77% des suffrages exprimés au premier tour, devant le candidat socialiste René Drouin (26,32%) et loin devant le député sortant Républicain indépendant Léon Arnould, dont le score est de 22,78% seulement, en raison de la présence d’un candidat du Rassemblement pour la République (RPR) Roger Gauthier, qui recueille 11,94% des voix. Dans le duel du second tour, il obtient 59,49% des suffrages exprimés, bénéficiant du retrait de René Drouin en application de l’accord de désistement à gauche.
Retrouvant le groupe communiste de l’Assemblée nationale, la commission de la production et des échanges, et l’Assemblée du Conseil de l’Europe, ainsi que l’Assemblée de l’UEO, il renouvelle sa proposition de loi sur la validation des périodes passées sous les armes pendant la Seconde guerre mondiale au titre de l’assurance vieillesse, et y ajoute en novembre 1979 deux propositions de loi, l’une relative aux Alsaciens et Lorrains incorporés dans les forces allemandes, et l’autre relative aux patriotes, résistants à l’occupation, dans les départements d’Alsace et de Moselle.
En mars 1979, il présente par ailleurs une proposition de loi pour donner à l’Institut de recherche de la sidérurgie les moyens de son développement.
Il pose trois questions au gouvernement : l’une en novembre 1978, pour déplorer les contrôles d’identité, avec un risque de fichage, de sidérurgistes allemands venus en France soutenir leurs collègues français à une manifestation ; l’autre en novembre 1979, pour faire part de l’inquiétude des habitants face aux effondrements miniers souterrains qui menacent en surface leurs habitations ; une dernière en juin 1980, sur le thème de la défense de la paix, en évoquant la recommandation de l’UEO sur l’utilisation par la République fédérale allemande de sous-marins à propulsion nucléaire.
Intervenant par ailleurs en séance publique sur ses domaines de spécialisation, César Depietri dénonce ainsi en novembre 1978, lors de l’examen du projet de loi portant approbation d’un rapport sur l’adaptation du VIIe Plan, les insuffisances de la politique énergétique et la dépendance croissante de la France vis-à-vis de l’extérieur en la matière. De même, en avril 1979, il défend la position d’EDF lors de l’examen du projet de loi relatif aux économies d’énergie et à la production de chaleur.
Il se prononce aussi contre la restructuration de la sidérurgie européenne et le plan Davignon combinant mesures protectionnistes, relèvement des prix de l’acier et limitation de la production, ce qui se traduit par des réductions d’emplois et des licenciements, tant en octobre 1978, lors de l’examen du projet de loi relatif aux opérations sur la Caisse d’amortissement pour l’acier, qu’en novembre 1978, lors de l’examen des crédits budgétaires de l’industrie prévus pour 1979, et en novembre 1980, à propos des crédits prévus pour 1981, ultime intervention où il dénonce la « casse de l’industrie ».
Toujours dans le domaine social, il fait part en mai 1980 de l’opposition de son groupe au projet de loi sur la prévention des difficultés des entreprises.
La député de la Moselle défend les intérêts de sa région dans le cadre de l’examen de deux projets de loi spécifiques : d’une part, en mai 1978, pour s’inquiéter des conséquences des injections souterraines, lors de l’examen du projet de loi autorisant l’approbation de la convention relative à la protection du Rhin par les chlorures ; d’autre part, en mai 1979, lors de l’examen du projet de loi relatif à la Compagnie nationale du Rhône, pour dénoncer la mise à l’écart de la Lorraine avec le projet de canal Rhin-Rhône, dont il estime qu’il répond à la revendication de la bourgeoisie allemande d’un accès direct à la Méditerranée.
Aux élections législatives anticipées qui suivent l’élection de François Mitterrand comme président de la République en 1981, César Depietri se représente, dans le contexte difficile du recul du PCF et de l’accroissement considérable de l’électorat socialiste.
Profitant de la « vague rose », René Drouin recueille 42,89% des suffrages exprimés au premier tour, soit presque le double de son score de 1978. César Depietri est en deuxième position, avec 29,5% et Roger Gauthier, le candidat unique RPR à droite, obtient 25%. S’effaçant en raison des accords électoraux, César Depietri assiste à l’élection de René Drouin avec 70,64% au second tour.
Il se replie sur ses mandats locaux, qu’il perd en 1982 et 1983, ne restant que conseiller municipal et n’étant plus maire, subissant la perte d’influence du PCF et le contrecoup politique de la crise de la sidérurgie lorraine.
En novembre 1988, il tente une candidature aux municipales de Moyeuvre-Grande, mais sa liste PCF dissidente, si elle obtient 33,52% des suffrages exprimés au second tour, ne parvient pas à faire chuter le maire René Drouin, pourtant en difficulté. La liste du PCF obtient, elle, deux élus seulement.
Aux municipales de mars 1989, il tente une ultime candidature, mais n’obtient que 13,19% des suffrages exprimés, un peu plus que le score de la liste officielle du PCF. René Drouin parvient à être réélu.
Retiré de la vie politique et après avoir quitté la Moselle pour les Alpes-Maritimes, César Depietri décède le 20 août 2018 à l’âge de 97 ans. Il était divorcé pour la deuxième fois et père de deux enfants. De nombreux hommages lui ont été rendus, notamment par le personnel politique mosellan.