Michèle Beuzelin Née Agis-Garcin
1939 -
BEUZELIN (Michèle)
Née le 29 mai 1939 à Paris
Décédée le 17 novembre 1997 à Tours (Indre-et-Loire)
Députée d’Indre-et-Loire de 1994 à 1995
Michèle Beuzelin n’a siégé que quelques mois au Palais-Bourbon, au cœur d’une période charnière pour la France comme pour la ville de Tours dont elle fut longtemps l’élue.
Née Agis-Garcin à Paris, dans une famille pour partie originaire des Antilles françaises, elle entre dans la vie professionnelle à 19 ans, comme attachée de presse au sein d’une maison d’édition : la librairie Arthème Fayard. Dès 1961, elle rejoint le secteur de la presse féminine, au groupe Femmes d’aujourd’hui. Ce titre est celui d’un magazine à succès, né en Belgique puis décliné en France à partir du début des années 1950. Au moment où Michèle Agis-Garcin l’intègre comme chargée de relations publiques, le groupe comprend également une imprimerie, deux régies publicitaires, une agence de presse, une maison d’édition et d’autres publications comme Femme pratique, Tricots d’aujourd’hui et Lectures d’aujourd’hui. Mariée à Jean-Paul Beuzelin, médecin cardiologue dont la famille est ancrée à la Martinique, la future parlementaire est mère de deux filles. La famille Beuzelin s’installe à Tours en 1970.
La personnalité de Jean Royer, député-maire depuis les débuts de la Ve République, domine alors la vie politique dans la capitale de la Touraine. Cet élu bâtisseur, aux convictions conservatrices affirmées, rejoint le deuxième gouvernement de Pierre Messmer en avril 1973. Il en démissionne un an plus tard, après la mort de Georges Pompidou, pour se présenter à l’élection présidentielle. Il recueille un peu plus de 3% des suffrages exprimés à ce scrutin… et plus d’un vote sur trois dans « son » département d’Indre-et-Loire.
Jean Royer sollicite Michèle Beuzelin afin qu’elle rejoigne son équipe dans le cadre des élections municipales de mars 1977. Malgré la poussée du Parti socialiste (PS) enregistrée alors à l’échelle nationale, les Tourangeaux renouvèlent leur confiance au maire sortant dès le 1er tour.
Michèle Beuzelin intègre d’emblée l’exécutif municipal et reçoit la délégation de l’enseignement. Elle devait en conserver la responsabilité comme adjointe au maire pendant 18 ans et vivre ainsi, sur le terrain, les différentes conséquences des grandes lois de décentralisation de 1982-1983. Les communes y ont vu leurs compétences croître significativement, notamment pour la construction et l’entretien des locaux des écoles publiques maternelles et élémentaires dont elle est propriétaire. Michèle Beuzelin se frotte directement au suffrage universel, hors scrutin de liste, lors des élections cantonales de mars 1982. Elle y est élue conseillère générale du canton de Tours-Nord-Est, puis portée par ses collègues à une vice-présidence de l’assemblée départementale.
Elue locale engagée, confirmée dans ses responsabilités municipales à Tours en 1983 puis 1989, Michèle Beuzelin ambitionne dès lors de rejoindre la Chambre haute. Deux des trois sénateurs sortants d’Indre-et-Loire ne se représentent pas à l’élection du 27 septembre 1992. Le vote a lieu au scrutin uninominal majoritaire à deux tours, et non au scrutin de liste, comme ce sera le cas à partir de 2001 dans les départements comptant plus de deux sénateurs. Etiquetée « Divers droite », Michèle Beuzelin se place en quatrième position à l’issue du 1er tour, avec 396 voix sur 1 256 exprimées, soit 31,5% des voix. Au second tour, elle n’est distancée que de dix voix (416 contre 426) par le moins bien élu des sénateurs, le maire appartenant à l’Union pour la démocratie française (UDF) de Chambray-lès-Tours, James Bordas. Il faudra attendre l’élection de 2001 pour qu’une femme devienne pour la première fois sénatrice d’Indre-et-Loire, en la personne de Marie-France Beaufils, maire étiquetée Parti communiste français (PCF) de Saint-Pierre-des-Corps.
Peu après ce scrutin sénatorial très disputé, Michèle Beuzelin accepte de s’engager lors des législatives de mars 1993 comme suppléante du député sortant de la 2e circonscription d’Indre-et-Loire Bernard Debré. Ce dernier a succédé à son père, l’ancien Premier ministre Michel Debré, à la mairie d’Amboise en 1989. En sollicitant Michèle Beuzelin, qu’il côtoie au sein de l’exécutif du Conseil général d’Indre-et-Loire, Bernard Debré entend renforcer son implantation à Tours, à l’ouest de la 2e circonscription. Ce choix referme aussi les divisions ouvertes en 1986, lors d’élections législatives qui s’étaient tenues au scrutin proportionnel. Face à la liste Divers droite de Jean Royer, Bernard Debré avait en effet conduit une liste bénéficiant des investitures du Rassemblement pour la République (RPR) et de l’UDF. En 1993, l’union de la droite et du centre est au contraire de mise dans la 2e circonscription d’Indre-et-Loire. Bernard Debré et sa suppléante Michèle Beuzelin conduisent une campagne très offensive contre le bilan des gouvernements dominés par le Parti socialiste (PS). Après avoir largement dominé le 1er tour (43,9% des suffrages exprimés), le tandem Debré-Beuzelin bénéficie du soutien de 59,5% des électeurs face à la candidature du maire socialiste de Montlouis-sur-Loire, Jean-Jacques Filleul.
Spécialiste des questions de santé, le député Bernard Debré est chargé d’une mission parlementaire sur le virus de l’immunodéficience humaine (VIH) en 1994. Le gouvernement d’Edouard Balladur lui confie ensuite la responsabilité de préparer, avec d’autres personnalités, un sommet sur le VIH à Paris en décembre 1994. L’objectif en est d’établir une véritable coopération franco-africaine pour lutter contre la maladie. En novembre 1994, Bernard Debré succède à Michel Roussin, démissionnaire, comme ministre de la Coopération. Sa suppléante Michèle Beuzelin est donc appelée à siéger à l’Assemblée nationale.
Elle s’y inscrit au groupe du Rassemblement pour la République, où siégeait Bernard Debré avant sa nomination au gouvernement. Le député-maire de Tours Jean Royer préside, lui, le groupe « République et Liberté » de l’Assemblée nationale, qui rassemble des parlementaires de sensibilités politiques variées. Michèle Beuzelin inscrit également ses pas dans ceux de Bernard Debré s’agissant des thématiques législatives : elle rejoint en effet la commission des affaires culturelles, familiales et sociales.
Les 23 avril et 7 mai 1995 ont lieu les élections présidentielles qui donnent un successeur à François Mitterrand. Bernard Debré s’y engage aux côtés d’Edouard Balladur, alors que son frère jumeau Jean-Louis, député de l’Eure, demeure aux côtés de Jacques Chirac. La victoire de ce dernier permet à Jean-Louis Debré d’entrer au gouvernement d’Alain Juppé au poste de ministre de l’Intérieur, cependant que Bernard Debré quitte, lui, le ministère de la Coopération en mai 1995. Le retour au Parlement des personnalités ayant cessé d’exercer des responsabilités ministérielles n’est alors pas prévu par la Constitution. Pour redevenir député, Bernard Debré doit obtenir la démission de son ancienne suppléante, afin de provoquer une élection législative partielle. Début juillet 1995, Michèle Beuzelin se démet donc de son mandat de parlementaire. Ses quelques mois de présence au Palais-Bourbon ne lui ont pas laissé le temps d’apporter de contribution marquante aux travaux parlementaires.
En Touraine, le fait politique majeur de l’année 1995 est la fin de « l’ère Royer ». Le 18 juin 1995, au second tour des élections municipales, « le roi Jean » a en effet perdu son mandat de maire de Tours au profit du socialiste Jean Germain. Cette défaite tient pour beaucoup à la division de la majorité sortante, le premier adjoint Michel Trochu ayant maintenu sa liste au second tour de scrutin. Un peu plus de trois mois plus tard, c’est au tour de Bernard Debré d’être battu lors de l’élection partielle qui devait pourtant lui permettre de retrouver son mandat de député dans la 2e circonscription d’Indre-et-Loire. Le socialiste Jean-Jacques Filleul, déjà candidat en 1993, succède donc à Michèle Beuzelin à l’Assemblée nationale dès le 24 septembre 1995.
L’ancienne députée ne quitte pas pour autant la vie publique et continue de siéger au Conseil général d’Indre-et-Loire. En mai 1997, après la dissolution de l’Assemblée nationale, elle se porte candidate dans la 1ère circonscription d’Indre-et-Loire, voisine de celle où elle avait été élue avec Bernard Debré en 1993 et qui comprend la quasi-totalité de la ville de Tours. Il s’agit surtout pour les électeurs de cette circonscription de donner un successeur à Jean Royer, élu puis réélu député depuis les législatives de décembre 1958. Le suppléant de Michèle Beuzelin pour ce scrutin est le chef d’entreprise Serge Babary, futur maire de Tours. Se revendiquant de la « majorité présidentielle » et donc du soutien à Jacques Chirac, Michèle Beuzelin affronte au 1er tour le conseiller régional Renaud Donnedieu de Vabres, investi par l’UDF et le RPR. L’ancienne adjointe au maire de Tours y convainc 18% des électeurs, contre 20,7% pour le candidat « officiel » de la droite et du centre. Elle obtient son meilleur résultat dans le canton de Tours-Centre, avec 21,9% des suffrages exprimés, mais est distancée par Renaud Donnedieu de Vabres dans les cinq cantons de la circonscription. Elle n’est pas présente au second tour des élections législatives, qui voit la victoire du candidat de l’union de la droite et du centre sur le socialiste Jean-Patrick Gille.
Quelques mois à peine après cette défaite, Michèle Beuzelin est emportée par un cancer à l’âge de 58 ans. Son mari lui succède comme conseiller général du canton de Tours-Nord-Est. A Saint-Cyr-sur-Loire, un foyer de vie pour adultes handicapés porte aujourd’hui le nom de Michèle Beuzelin. Il rappelle que l’ancienne adjointe au maire de Tours fut longtemps engagée au sein de l’association des familles d’enfants handicapés.