Denis, Toussaint Lesage

1758 - 1796

Informations générales
  • Né le 15 août 1758 à Chartres ( - Généralité d'Orléans - France)
  • Décédé le 9 juin 1796 à Paris (Seine - France)

Mandats à l'Assemblée nationale ou à la Chambre des députés

Régime politique
Révolution
Législature
Convention nationale
Mandat
Du 5 septembre 1792 au 26 octobre 1795
Département
Eure-et-Loir
Groupe
Girondins
Régime politique
Révolution
Législature
Conseil des Cinq-Cents
Mandat
Du 15 octobre 1795 au 9 juin 1796
Département
Seine
Groupe
Modérés

Biographies

Biographie extraite du dictionnaire des parlementaires français de 1789 à 1889 (Adolphe Robert et Gaston Cougny)

Membre de la Convention et député au conseil des Cinq-cents, né à Chartres (Généralité d'Orléans, France) le 15 août 1758 « du légitime mariage de Mr. Jean Baptiste Gilles Lesage, procureur au bailliage et siège présidial de Chartres et de Delle Marie Louise Paragot son épouse », mort à Paris (Seine) le 9 juin 1796, il était avocat lors de la Révolution, et devint président du tribunal de district de Chartres, puis (5 septembre 1792) député d'Eure-et-Loir à la Convention nationale, le 5e sur 9, par 202 voix (325 votants) .

Il siégea parmi les modérés et prit plusieurs fois la parole dans l'assemblée dont il fut quelque temps un des secrétaires. Il demanda l'expertise des pièces déniées par Louis XVI, et, lors du procès du roi, se prononça en ces termes pour l'appel au peuple, puis pour la mort : au 2e appel nominal :

« Citoyens, ne disputons point de courage, disputons de principes. Les principes et les raisons se trouvent dans la souveraineté du peuple. Je n'examine point ici si quelques-uns de nos collègues, profitant de la liberté que nous avons de manifester nos opinions, se sont permis de laisser échapper quelques mots de reproche, peut-être des injures. Je n'examinerai pas non plus s'il y a de la lâcheté à dire oui plutôt que non ; je le dis en présence de ceux qui ont avancé une telle maxime, j'ai motivé mon opinion sur la première question; je l'ai fait sans crainte, parce que je jugeais sans passion; j'étais convaincu, ma conscience m'a crié oui. Sur la seconde question, la ratification du peuple sera-t-elle adoptée? voici mon opinion. Nos pouvoirs sont illimités; je crois donc pouvoir exercer tout le pouvoir que le peuple m'a transmis; je crois donc avoir le droit de prononcer sur l'affaire de Louis. Mais le peuple est-il souverain ou ne l'est-il pas? Il l'est. Un décret a consacré ce principe: le peuple n'a donc pu vous transmettre sa souveraineté. Lorsque je considère que les Français sont tous dévoués au maintien du gouvernement républicain; que plusieurs communes ont déjà approuvé l'abolition de la royauté; qu'elles ne souffriront jamais qu'on voulût leur donner un roi, et que toutes les factions qui pourraient en former l'entreprise ne pourraient s'en promettre aucun succès, je crois devoir me dispenser de voter contre la sanction; je dis oui. »

Et au 3e appel nominal : « Comme ceux de nos collègues qui m'ont précédé à cette tribune, je demandais aussi l'appel au peuple mais ne croyez pas que ce fût par l'effet d'un sentiment de crainte pour moi-même, ou par faiblesse; d'autres dangers me déterminaient. J'aurais vu avec plaisir le peuple entier associé au jugement de Louis, mais, obligé maintenant par votre décret de prononcer entre la mort et la réclusion, je condamne Louis à mort, après la conviction intime qu'il a encouru cette peine. Mais je demande que l'on examine ensuite la question du sursis. »

Il fit décréter des fonds pour les travaux publics, demanda l'impression du projet de constitution de Condorcet, défendit Wimpfen, et, ayant adhéré au parti des Girondins, fut décrété d'accusation, arrêté le 21 mai 1793, et remplacé le 15 juillet. Il réussit à s'évader et, après le 9 thermidor, on parla de son rappel à la Convention : Merlin proposait de le tenir exclu de l'assemblée, mais sans qu'il put être inquiété. Sur une nouvelle motion produite en sa faveur, ses collègues le l'appelèrent, et, le 19 ventôse an III, il leur adressa, à la tribune un discours de remerciements, où il attaquait à la fois « le royalisme en délire et le terrorisme en fureur», et qui débutait ainsi : « Représentants, le peuple, dont la tyrannie de Robespierre et de ses complices n'a pu nous faire perdre la confiance; le peuple, dont les conjurés ont longtemps étouffé la voix sans en changer l'opinion, nous rappelle par votre organe à nos fonctions; fidèles aujourd'hui comme au 31 mai, le triomphe de la liberté et le bonheur de la patrie seront le mobile de nos actions...»

Il s'associa aux mesures prises par la majorité thermidorienne, signala les « atrocités » du tribunal révolutionnaire, combattit la loi sur les successions, fut nommé membre de la commission des lois organiques de la Constitution et membre du comité de salut public, fit rendre leur ancienne forme aux administrations de département et de district, autoriser les communes à emprunter les sommes nécessaires à l'achat de leurs subsistances, et placer Hoche et Dubayet à la tête des armées des côtes de Brest et de Cherbourg. Il parla fréquemment sur les opérations militaires en Vendée, annonça la fin de la guerre des Chouans, et obtint l'approbation des arrêtés pris par les représentants envoyés en mission dans cette région. Lesage donna longuement son opinion sur « l'organisation du gouvernement », présenta un projet de Constitution, proposa de traduire Romme et ses amis devant le tribunal criminel de la Seine, dénonça encore plusieurs de ses collègues, fit rentrer Daubermesnil à la Convention, et combattit, dans plusieurs séances, au milieu des murmures, le projet de réunion de la Belgique à la France.

Réélu, le 23 vendémiaire an IV, député au conseil des Cinq-cents, par 54 départements, au nombre desquels ne se trouva pas celui d'Eure-et-Loir, Lesage y prit la défense de Miranda et se montra opposé à de nouvelles lois contre les émigrés. Il mourut au cours de la session (juin 1796).

Date de mise à jour: décembre 2019