Raymonde Nédelec Née Barbé, Épouse Tillon

1915 - 2016

Informations générales
  • Née le 22 octobre 1915 à Puteaux ( - France)
  • Décédée le 17 juillet 2016 à ()

Mandats à l'Assemblée nationale ou à la Chambre des députés

Régime politique
Gouvernement provisoire de la République française
Législature
Ire Assemblée nationale constituante
Mandat
Du 21 octobre 1945 au 10 juin 1946
Département
Bouches-du-Rhône
Groupe
Communiste
Régime politique
Gouvernement provisoire de la République française
Législature
2e Assemblée nationale constituante
Mandat
Du 2 juin 1946 au 27 novembre 1946
Département
Bouches-du-Rhône
Groupe
Communiste
Régime politique
Quatrième République - Assemblée nationale
Législature
Ire législature
Mandat
Du 10 novembre 1946 au 4 juillet 1951
Département
Bouches-du-Rhône
Groupe
Communiste

Biographies

Biographie extraite du dictionnaire des parlementaires français de 1940 à 1958 (La documentation française)



Née le 22 octobre 1915 à Puteaux (Seine)
Décédée le 17 juillet 2016

Membre de la première et de la seconde Assemblée nationale constituante (Bouches-du-Rhône)
Députée des Bouches-du-Rhône de 1946 à 1951

Raymonde Barbé, fille d'un employé du TCRP, a épousé à Arles, en 1935, Charles Nédelec, militant de la CGTU et du parti communiste qu'elle avait connu lors d'une tournée de propagande et avec lequel elle vint s'établir à Marseille. Elle avait adhéré elle-même au parti communiste et organisé une section locale de l'Union des jeunes filles de France. Elle mena avec son mari diverses actions en faveur du Front populaire. La guerre les sépara définitivement.

Entrée tôt dans la Résistance, elle fut arrêtée le 31 mars 1941 et condamnée à vingt ans de travaux forcés par le tribunal maritime de Toulon. Emprisonnée tour à tour à Marseille, Toulon et Lyon, elle fut livrée aux Allemands en juin 1944 et déportée d'abord à Sarrebruck puis au camp de Ravensbrück. Affectée dans une usine de guerre de Leipzig, elle parvint à s'évader le 20 avril 1945 et à regagner Marseille. « Quand je suis revenue à Paris, pesant à peine 35 kg, j'ai appris le décès de mon mari, mort d'épuisement dans la Résistance », a-t-elle relaté.

Employée à l'Union départementale de la CGT des Bouches-du-Rhône, Raymonde Nédelec y fut nommée responsable de la Commission féminine, chargée notamment de défendre les intérêts des femmes syndiquées. En septembre 1945, elle fut élue conseillère générale du 6e canton de Marseille, peu avant d'être élue à l'Assemblée constituante, le 21 octobre, en 3e position dans la première circonscription des Bouches-du-Rhône sur la liste communiste conduite par François Billoux. Malgré une déperdition de plus de 16 000 voix, elle est réélue à la seconde Assemblée constituante le 2 juin 1946. Dans ces deux assemblées, elle est inscrite à la Commission de l'intérieur, de l'Algérie et de l'administration. Son activité parlementaire se limite au dépôt de propositions de lois en faveur des enfants adultérins et des veuves de guerre.

Toujours en troisième position, elle retrouve son siège le 10 novembre 1946, la liste communiste conservant ses quatre élus. Elle est nommée à la Commission des affaires économiques puis à la Commission du travail et de la sécurité sociale en 1950. Elle est également désignée comme juré à la Haute Cour de justice.

Parlementaire déjà confirmée, son activité est beaucoup plus soutenue que précédemment. Elle dépose de nombreux rapports ou propositions de loi sur des questions relevant parfois des intérêts de son département, plus fréquemment en faveur des personnes âgées, des veuves ou des vieillards. En séance publique, elle intervient dans la discussion budgétaire de plusieurs ministères (économie nationale, intérieur, travail et sécurité sociale), parfois en termes incisifs. Ayant pris une part active aux manifestations organisées à Marseille, le 12 novembre 1947, par la CGT et le PCF, elle voue au ministre de l'intérieur, Jules Moch, un ressentiment qui s'exprime par quelques interpellations vigoureuses (séances des 24 août et 22 novembre 1949). Elle prononce, au nom du groupe parlementaire communiste, un long et violent réquisitoire contre la politique indochinoise du gouvernement, ponctué par les seuls « applaudissements de l'extrême gauche », et auquel, après avoir laissé passer l'orage, le ministre Jean Letourneau refuse de répondre. Ses votes sont strictement conformes à la discipline de son groupe, c'est-à-dire hostiles à tous les gouvernements de Troisième force.

Sans qu'aucune explication officielle n'ait été avancée, la candidature de Raymonde Nédelec n'est pas retenue par le parti communiste aux élections de juin 1951. Tout laisse à penser cependant que cette omission est intimement liée à la disgrâce toute proche de Charles Tillon dont elle est devenue l'épouse cette même année. Le 1er septembre 1952, en effet, Charles Tillon est exclu du Bureau politique puis écarté de toute responsabilité. Comme lui, elle fut exclue du parti le 3 juillet 1970 après leur ferme condamnation de l'intervention soviétique en Tchécoslovaquie et de la politique de normalisation qui s'ensuivit.

Le couple, qui a eu deux enfants s'ajoutant aux deux fils de Charles, lui aussi veuf, s'est retiré d'abord à Montjustin, dans les Basses-Alpes, puis à La Bouëxière près de Rennes avant de repartir pour Marseille où Charles Tillon décède le 13 janvier 1993.

Dernière survivante des 33 femmes élues à la première Assemblée Constituante, elle décède le 17 juillet 2016 à l’âge de 100 ans.

En 2005, Raymonde Nédelec avait rappelé, dans une interview à l’AFP, son émotion lors de son élection 60 ans auparavant. « Nous étions émues. Les femmes étaient reconnues comme des citoyennes, en tenant compte de leur travail dans la Résistance », s’était-elle félicitée. « Nous étions de partis différents. Mais toutes nous nous disions : enfin ! ».

Elle a publié, en 2002, J'écris ton nom, Liberté, sorte de récit autobiographique.


Date de mise à jour : juillet 2016