Christophe Tivrier dit Thivrier
1841 - 1895
- Informations générales
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- Né le 16 mai 1841 à Durdat-lareguille (Allier - France)
- Décédé le 8 août 1895 à Commentry (Allier - France)
1841 - 1895
Né le 16 mai 1841 à Durdat-Lareguille (Allier), mort le 8 août 1895 à Commentry (Allier).
Député de l'Allier de 1889 à 1895.
Christophe Thivrier est né à Durdat-Lareguille, dans l'Allier, le 16 mai 1841. Il doit travailler tôt et ne peut poursuivre ses études. A 28 ans, il devient petit entrepreneur de construction, puis, enfin, négociant en vins.
Il est l'un des créateurs du mouvement ouvrier dans son département. La « Marianne », société secrète instituée pour combattre les menées réactionnaires des conservateurs, se réunit souvent chez lui. En 1874, il est élu conseiller municipal de Commentry sur la liste républicaine et réélu en 1878. En 1879, il est acquis au collectivisme et le 21 janvier 1881 il est élu avec toute la liste ouvrière et socialiste. C'est le premier hôtel de ville conquis par le parti ouvrier et aussi par le socialisme en France. Maire de Commentry le 4 juin 1882, puis conseiller d'arrondissement, il prend une énorme influence sur les milieux ouvriers. Les tracasseries de l'administration préfectoral contre l'administration ouvrière, les persécutions gouvernementales empêchent le parti socialiste de présenter une liste aux élections de 1884. Mais le 6 mai 1888, il est triomphalement réélu et nommé de nouveau maire de Commentry. Peu après, le 14 décembre, il est révoqué pour avoir envoyé une adresse de sympathie au congrès syndical de Bordeaux en faisant suivre sa signature de sa qualité de maire.
Mais sa popularité ne fait que croître et, en 1889, les électeurs lui renouvellent leur confiance et l'élisant conseiller général puis député : il obtient au second tour 5.685 voix sur 16.677 votants contre 5.628 au candidat monarchiste, Martenot, et 5.271 à Viple. Dans ses déclarations électorales, il avait dénoncé l'oppression et la misère des travailleurs et proposé des mesures sociales telles que la prise en charge par la société des vieillards et des invalides, la responsabilité des patrons pour les accidents du travail, la création d'un impôt direct sur le capital et le revenu, etc... A la demande des socialistes de Commentry, il ne quitte pas, pour siéger à la Chambre, la blouse bleue qu'il a toujours portée. C'est le symbole de la protestation du prolétariat contre les privilèges des capitalistes, de leurs espérances d'affranchissement. En 1890, lors de la grève de Commentry provoquée par le congédiement de 300 ouvriers mineurs choisis parmi les socialistes les plus actifs, il se prononce contre l'intervention et les provocations de l'armée et de la gendarmerie mises au service de la compagnie minière. Délégué du parti ouvrier français au congrès de Lille et de Calais (1890) et au congrès international de Bruxelles, il est bientôt critiqué pour ses sympathies envers le Comité révolutionnaire central (C.R.C.). Ses rapports avec Jean Dormoy et les socialistes de Montluçon se tendent. Au congrès national guesdiste de Marseille, en 1892, il soulève un violent incident en défendant la grève générale. Il démissionne aussitôt après et entraîne la majorité des organisations socialistes de Commentry dans son adhésion au C.R.C.
En 1893, il est réélu député au second tour, par 8.871 voix sur 15.794 votants, contre Vacher qui n'obtient que 6.636 voix. Il avait développé et précisé son programme : journée de 8 heures et un jour de repos par semaine ; protection et instruction des enfants ; salaire égal pour les hommes et les femmes ; participation des ouvriers à l'élaboration des règlements des ateliers ; nationalisation des banques, des chemins de fer, exploitation des ateliers d'Etat par les ouvriers eux-mêmes, etc..
Un an après son élection, le 27 janvier 1894, il est exclu temporairement de l'Assemblée pour avoir crié « Vive la Commune » au cours d'un débat sur les atteintes à la liberté individuelle. Le président Charles Dupuy l'ayant invité à s'expliquer à la tribune, il déclare : « Je ne suis pas comme l'Auvergnat qui a son dit et son dédit : je maintiens intégralement ce que j'ai dit ». La séance est suspendue pendant une demi-heure et il est expulsé manu militari ; à la reprise, Vaillant prend la défense de son ami et prononce un vibrant éloge de la Commune.
Entre-temps, il avait été réélu aux élections cantonales de 1892 après s'être démis de son mandat en 1890 au profit d'un de ses amis. En 1895, il est battu par Aujame, son ancien adversaire.
Il meurt en 1895, après quelques jours de maladie. La population de Commentry lui fait de grandioses funérailles. Un monument est élevé sur sa tombe par souscription publique ; la rue principale de Commentry porte son nom, ainsi qu'une rue à Desertines et à Montluçon.