Jean-Paul Rabaut-Saint-Étienne
1743 - 1793
Député en 1789, membre de la Convention, né à Nîmes (Généralité de Montpellier, France) le 14 novembre 1743, exécuté à Paris (Département de Paris) le 5 décembre 1793, frère aîné de Jacques-Antoine Rabaut-Pommier (1744-1820) - député au Conseil des Anciens -, et fils de Paul Rabaut, pasteur du Désert dans le Bas-Languedoc, et de Madeleine Gaidan, Jean-Paul Rabaut-Saint-Etienne fit ses études à Lausanne, et, reçu avocat et pasteur, alla exercer le ministère prés de Toulouse, puis à Nîmes, malgré la persécution religieuse qui sévissait alors.
En 1779, il prononça l'éloge funèbre de M. de Becdelièvre, évêque de Nîmes, prélat tolérant, dont les protestants n'avaient eu qu'à se louer. Ami de La Fayette, Rabaut le suivit à Paris, et contribua par ses démarches et ses instances à la promulgation de l'édit de novembre 1787, qui accorda aux protestants un état civil.
Le 27 mars 1789, il fut élu député du tiers état de la sénéchaussée de Nîmes et Beaucaire aux Etats généraux. Il fit partie du comité de règlement, prêta le serment du Jeu de Paume, entra au comité de Constitution, fut secrétaire (10 novembre 1789), puis président (15 mars 1710) de l'Assemblée, fut membre du comité de santé, et revendiqua l'égalité de droits pour les protestants : « Ce n'est pas la tolérance que je réclame, dit-il, c'est la liberté de la pensée. »
Le 19 juillet 1790, il fit rendre un décret sur l'uniforme des gardes nationales, dénonça (février 1791) les meneurs des troubles religieux qui venaient d'éclater à Nîmes, fit une motion (26 avril) sur la rareté du numéraire et sur l'insuffisance des assignats, et demanda (1er mai) qu'on utilisât le métal des cloches pour faire de la monnaie de billon. Il resta à Paris après la session, bien qu'il eût été élu, le 16 septembre 1791, administrateur du Gard, collabora à la Feuille villageoise de Cérutti, et rédigea pour le Moniteur le bulletin des séances de l'Assemblée législative.
Elu, le 6 septembre 1792, député de l'Aube à la Convention, le 9e et dernier, par 264 voix sur 392 votants, il présenta, le 23 décembre suivant, un plan d'instruction publique renouvelé d'Athènes et de Sparte, s'associa à la politique des Girondins, et dans le procès du roi, répondit au 2e appel nominal :
« Je suis convaincu qu'il est impossible que le peuple dans ses assemblées primaires ait entendu mettre sur la tête de ses législateurs les fonctions de juges ; j'en suis d'autant plus convaincu, qu'à la même époque où il nomma ses députés à la Convention, il y avait une haute cour nationale chargée de juger les crimes de haute trahison. Mais persistant à rester membre de la Convention nationale, et devant par conséquent me soumettre à ses décrets, je prononcerai mon voeu. J'observe que le jugement que vous allez rendre, s'il conduisait à la mort Louis Capet, produirait un mal irréparable, s'il devait avoir une exécution immédiate, et c'est courageusement que je dis oui. »
Au 3e appel nominal, il dit :
« On a tout dit. J'ai exposé mon opinion. Je me considère comme chargé, ainsi qu'il est exprimé dans l'acte convocatoire de l'Assemblée législative (c'est le titre de nos pouvoirs, que vous-mêmes ne pouvez changer), de prendre une mesure de sûreté générale au sujet de la suspension du roi, moins pour venger la nation du passé, que pour veiller à sa sûreté à l'avenir.
Je me suis convaincu que Louis mort serait plus dangereux à la liberté publique que Louis vivant et renfermé ; que rien ne peut mieux assurer l'abolition de la royauté que de laisser vivant dans sa nullité le Tarquin qui fut roi, ni maintenir la république, que d'en chasser le tyran livré au mépris de toute l'Europe ; que l'exemple d'un roi immolé par la justice nationale est moins impuissant pour les rois, et moins instructif pour les peuples, que celui d'un tyran détrôné, dont l'ignominie toujours vivante est une immortelle leçon; que la cendre du bûcher des rois en engendre d'autres comme la cendre des martyrs ; que la nation qui, pouvant se venger de son tyran à ses pieds, ne se venge que par le mépris, doit s'attirer l'estime des nations étrangères, ce qui est à nos yeux une mesure de sûreté générale. Je veux donner à ma nation, non la férocité du tigre qui déchire, mais le courage du lion qui méprise. Le roi en otage est le plus fort de nos remparts contre les rois, ses frères et nos ennemis. Je conclus à la réclusion. »
Président de la Convention le 22 janvier 1793, il appuya (20 mai) l'emprunt forcé sur les riches, fut élu (26 mai) de la commission des Douze, en sortit le 28, et fut décrété d'accusation trois jours après.
Arrêté le 2 juin, il s'évada, fut mis hors la loi le 28 juillet, et se cacha à Paris, chez un de ses compatriotes catholiques, Peyssac, employé au bureau des subsistances, et qui demeurait faubourg Poissonnière. Amar, dans son rapport du 3 octobre, l'accusa d'avoir dit, après le 31 mai : « Je suis las de ma portion de tyrannie. » Dénoncé par Fabre d'Eglantine, disent les uns, trahi dans sa cachette, disent d'autres, par le bruit de sa montre à répétition, il fut arrêté avec son frère, le 5 décembre 1793, traduit devant le tribunal révolutionnaire, condamné à mort et exécuté. Peyssac fut condamné à mort avec sa femme, le 7 messidor an II. La femme de Rabaut-Saint-Etienne, Elisabeth Boissière, apprenant la mise hors-la-loi de son mari, s'était suicidée en se jetant dans un puits, à Durfort (Gard) le 13 octobre 1793.
On a de Rabaut :
- un certain nombre de brochures politiques de circonstance,
- un Almanach historique de la Révolution française (1791) ;
- un Précis historique de la Révolution française (1792), etc.
Ses Œuvres ont été publiées en 6 volumes (1820-1826).
Date de mise à jour: janvier 2020