Monique Papon

1934 - 2018

Informations générales
  • Née le 5 octobre 1934 à Gentilly ( - France)
  • Décédée le 4 juin 2018 à NANTES (Loire-Atlantique - France)

Mandats à l'Assemblée nationale ou à la Chambre des députés

Régime politique
Cinquième République - Assemblée nationale
Législature
VIIIe législature
Mandat
Du 2 avril 1986 au 14 mai 1988
Département
Loire-Atlantique
Groupe
Union pour la démocratie française
Régime politique
Cinquième République - Assemblée nationale
Législature
IXe législature
Mandat
Du 13 juin 1988 au 1er avril 1993
Département
Loire-Atlantique
Groupe
Union du centre
Régime politique
Cinquième République - Assemblée nationale
Législature
Xe législature
Mandat
Du 2 avril 1993 au 21 avril 1997
Département
Loire-Atlantique
Groupe
Union pour la démocratie française et du centre

Mandats au Sénat ou à la Chambre des pairs

Sénateur
du 1er octobre 2001 au 30 septembre 2011

Biographies

Biographie de la Ve République

PAPON (Monique)
Née le 5 octobre 1934 à Gentilly (Val-de-Marne)
Décédée le 6 juin 2018 à Nantes (Loire-Atlantique)

Députée de la Loire-Atlantique de 1986 à 1997
Sénatrice de la Loire-Atlantique de 2001 à 2011

Née le 5 octobre 1934 à Gentilly dans le Val-de-Marne, Monique Cloquet est issue d’une famille de petits cadres de la banlieue parisienne (son père est employé dans une société de bourse). Marquée par les idées démocrates-chrétiennes de ses parents, elle évolue dans le cadre associatif et solidaire des mouvements catholiques, plutôt minoritaires à Gentilly, commune de la « banlieue rouge » au sortir de la guerre et futur fief de Georges Marchais. Après son baccalauréat, elle suit des études d’histoire à la Sorbonne et à l’Institut d’études catholiques de Paris. Très pratiquante, elle milite dans les rangs de la Jeunesse étudiante chrétienne (JEC) et de Pax Christi (un mouvement chrétien engagé dans la construction européenne, la paix universelle et la justice sociale). C’est dans les rangs de cette association qu’elle rencontre Yves Papon, un étudiant de médecine nantais. L’ayant épousé, elle devient Monique Papon et suit son mari qui s’installe à Nantes comme médecin généraliste. Elle se prend de passion pour cette ville qui l’adopte très vite. Titulaire d’un DEUG d’histoire, Monique Papon exerce 1967 à 1980 comme professeure d’histoire à mi-temps au cours Paviot, un établissement privé nantais. Ses activités professionnelles et ses responsabilités familiales (elle est mère de quatre enfants, Marie-Catherine, Jean-Marc, Anne-Claire et François-Xavier) ne l’empêchent pas de s’investir sur le terrain associatif où elle se montre très dynamique. Dès 1973, elle assure la vice-présidence d’un club de voile tout en dirigeant une « association de parents d’élèves de l’enseignement libre » 1965 à 1970 (Apel et Ugsel). À partir de 1980, elle est vice-présidente de la Ligue internationale contre le racisme et l’antisémitisme (LICRA) à l’échelle nationale.
Chrétiens et très attachés à l’idéal européen au point de militer au Mouvement Européen, le couple Papon décide de s’engager en politique lorsque leurs enfants ont fini leurs études secondaires et qu’ils disposent donc de temps libre. Ils se rapprochent logiquement du parti le plus proche de leurs convictions : le Centre des démocrates sociaux (CDS) qui, héritier de l’ancien Mouvement républicain populaire (MRP), défend à partir de 1978 les valeurs européennes et démocratiques. Suivant l’exemple de son mari qui s’était déjà engagé lors des municipales de 1977 en figurant sur la liste du maire de Nantes, André Morice, Monique Papon accepte d’être la suppléante du candidat Loïc Le Masne de Chermont, lequel est battu, dans la 1ère circonscription de Loire-Atlantique lors des législatives de 1978. Nommée déléguée départementale du CDS en Loire-Atlantique, elle obtient l’investiture de son parti lors des cantonales de 1979. À la surprise générale, elle bat l’ancien député gaulliste et ex-adjoint au maire Albert Dassié et devient conseillère générale Union pour la démocratie française-CDS du 1er canton de Nantes. Elle entre au conseil municipal de Nantes, en mars 1983, comme troisième adjointe au maire Rassemblement pour la République (RPR), Michel Chauty (jusqu’en 1986), chargée des affaires sociales et de la santé. Elle préside par ailleurs l’organisation des personnes âgées du centre communal d’action sociale.
Conseillère générale et municipale, membre du bureau politique du CDS à partir d’octobre 1984, Monique Papon bénéficie d’une solide légitimité politique et militante. Lors de la campagne des législatives de mars 1986 qui ont lieu au scrutin de liste proportionnel départemental à un tour, l’homme fort de la droite dans la région Pays de Loire, Olivier Guichard, lui propose de figurer sur la liste RPR-UDF à la sixième place. Elle est élue et entre à l’Assemblée nationale le 16 mars. Elle rejoint le groupe de l’Union du Centre et siège dans la commission des affaires culturelles, familiales et sociales. Elle occupe les fonctions de secrétaire du bureau de l’Assemblée nationale à partir du 4 avril 1986. Elle se montre une députée relativement peu active durant cette courte législature. Membre suppléante à partir de juin 1986 de deux commissions consultatives (celle des fréquences et celle des services de communication audiovisuelle et des services de vidéographie diffusée), elle se limite à déposer, en octobre 1987, une proposition de loi concernant la protection des enfants mineurs contre toute publication concernant leur situation personnelle ou familiale (elle la présente à nouveau en octobre 1988). Elle vote en faveur de la loi du 9 septembre 1986 relative aux conditions d’entrée et de séjour des étrangers en France.

En juin 1988, à l’occasion des législatives anticipées consécutives à la victoire de François Mitterrand à la présidentielle de mai 1988, Monique Papon, candidate URC-UDF-CDS dans la première circonscription de la Loire-Atlantique (Nantes-Orvault) et désormais vice-présidente du CDS, est réélue le 12 juin. Au deuxième tour, avec l’aide de son suppléant André Louisy (conseiller général et maire d’Orvault), elle a rassemblé 52,5 % des suffrages exprimés face à un candidat socialiste. Elle démissionne de ses fonctions de conseillère municipale pour respecter la loi sur le cumul des mandats. Toujours inscrite au groupe de l’Union du Centre, elle reste fidèle à la commission des affaires culturelles, familiales et sociales. À partir d’octobre 1988, elle est du reste déléguée nationale de l’UDF chargée des liaisons avec les mouvements familiaux et associatifs. Le même mois, elle intègre la délégation parlementaire pour les problèmes démographiques. Elle fait partie dès mai 1990 de la délégation de l’Assemblée nationale pour les Communautés européennes et siège enfin, à partir de juin 1990, dans la commission de contrôle de la gestion du Fonds d’action sociale.

Durant cette législature, Monique Papon dépose quatre propositions de loi (protection des enfants mineurs en octobre 1988, report des effets du divorce dans les rapports avec les tiers, en octobre 1988, consolidation des fonds propres des entreprises en octobre 1988, création d’un certificat d’aptitude aux fonctions de garde d’enfants au domicile des familles en octobre 1990). Spécialiste des questions sociales concernant la famille, la protection des personnes vulnérables (jeunes enfants, personnes âgées ou handicapées) et l’enseignement, la députée de Loire-Atlantique consacre l’essentiel de ses interventions à ces trois thématiques. Elle interroge ainsi le gouvernement en octobre 1988 sur les mesures attendues à la suite de la journée de sensibilisation aux handicaps organisée aux Tuileries. En mai 1989, elle participe aux débats concernant le projet de loi relatif à l’accueil des particuliers, à leur domicile, à titre onéreux, de personnes âgées ou handicapées adultes. Elle s’informe en première lecture sur les conditions d’accueil, les organismes impliqués, le statut des personnes recueillies, les charges et rôles des départements et établissements de soins. Son amendement à l’article 1er (obligeant la famille d’accueil à assurer la continuité de la prestation en cas d’absence) est adopté. En octobre 1990, Monique Papon est rapporteure pour avis du projet de loi finances pour 1991, de la commission des affaires culturelles, familiales et sociales, sur le budget de l’enseignement technique. Elle intervient en avril 1990 dans la discussion sur le projet de loi relatif à la protection des personnes contre les discriminations en raison de leur état de santé ou de leur handicap. L’ancienne professeure dans le privé interpelle le gouvernement, en novembre 1991, sur la situation de l’enseignement privé (annulation des forfaits d’externat, manque de crédits, insuffisance des postes de documentaliste, formation des professeurs dans les Instituts universitaires de formation des maîtres). L’élue nantaise s’implique beaucoup en juin 1991 dans l’examen du projet de loi portant diverses mesures destinées à favoriser l’accessibilité aux personnes handicapées des locaux d’habitation, des lieux de travail et des installations recevant du public. Elle pose enfin, le 2 décembre 1992, une question au gouvernement à propos de la journée mondiale de lutte contre le sida sur le rôle des collectivités locales, l’utilisation des fonds collectés et les problèmes posés par cette maladie au corps médical. Monique Papon soutient la loi du 1er décembre 1988 relative au revenu minimum d’insertion. Elle approuve la loi constitutionnelle du 25 juin 1992 ajoutant à la Constitution un titre : « De l’Union européenne », tirant les conséquences du traité de Maastricht.

Lors des municipales de mars 1989, Monique Papon essuie un revers : elle est contrainte de laisser le RPR Daniel Augereau mener la bataille contre le socialiste Jean-Marc Ayrault. Fin 1988, la députée CDS semblait pourtant bien placée pour succéder au maire sortant, le gaulliste Michel Chauty, qui ne souhaitait pas se représenter à l’hôtel de ville. Membre de l’équipe municipale, elle ne disposait pas toutefois du soutien total de l’UDF dont une partie s’était rangée derrière le président du port autonome et libéral sans étiquette Jean-Joseph Régent, tandis que les instances nationales du RPR avaient investi Daniel Augereau et que le FN présentait la candidature d’Arnaud de Perrier. En dépit du soutien à peine voilé de la députée RPR Élizabeth Hubert, Monique Papon doit s’effacer. Ces tensions internes à la droite locale favorisent le député socialiste Jean-Marc Ayrault qui l’emporte en mars 1989 par 50,2 % des voix. Monique Papon siège comme conseillère municipale d’opposition jusqu’en 2001.
Réélue conseillère générale de la Loire-Atlantique (canton de Nantes 1), Monique Papon est reconduite au Palais-Bourbon lors des législatives de 1993 où elle s’était représentée dans la même circonscription aux côtés de son suppléant, André Louisy. Dans un contexte politique national très défavorable à la gauche confrontée à la crise économique et à une succession de scandales, la candidate de droite obtient au second tour 59,5 % des suffrages exprimés face au socialiste Daniel Asseray. Elle rejoint le groupe de l’Union pour la démocratie française et du centre, et choisit la commission de la production et des échanges. Elle la quittera en avril 1994 pour la commission des affaires étrangères. À partir du 7 avril 1993, elle assure de nouveau les fonctions de secrétaire de l’Assemblée nationale.

Durant cette législature, Monique Papon se spécialise dans les questions diplomatiques. Elle dépose plusieurs rapports au nom de la commission des affaires étrangères sur des projets de loi concernant des conventions avec des pays étrangers comme le Portugal (septembre 1994), le Pakistan (juillet 1995) et l’Afrique du Sud (novembre 1996) ou des accords avec des institutions internationales comme celui sur la sûreté nucléaire par la Communauté européenne de l’énergie atomique (novembre 1994). Elle intervient, en juin 1994, dans le débat portant sur le projet de loi autorisant la ratification du protocole d’adhésion de la Grèce à l’Union de l’Europe occidentale. En juin 1996, elle interroge le gouvernement sur l’évolution du processus de paix au Proche-Orient dans le cadre du conflit israélo-arabe. Elle participe, en février 1996, aux débats concernant le projet de loi autorisant l’approbation des accords internationaux de 1993 sur le cacao et de 1994 sur le café. En novembre 1996 enfin, elle s’intéresse, à l’occasion de l’examen du budget des affaires étrangères lors des discussions sur le projet de loi de finances pour 1997, à la question de la francophonie. Mais Monique Papon se mobilise aussi sur d’autres dossiers comme celui de la sécurité. Inquiète face au développement de la délinquance dans les grandes villes, et à Nantes en particulier, elle interroge le gouvernement sur le renforcement des effectifs policiers dans les zones criminogènes urbaines en juin 1993. Elle y revient, en novembre 1994, lors de l’examen du projet de loi de finances pour 1994, suggérant des regroupements de crédits budgétaires pour faire face aux enjeux de la délinquance et de la criminalité. En mars 1996, elle profite des questions au gouvernement pour solliciter la mise en place d’une action pénale efficace en matière de mineurs multirécidivistes. Monique Papon n’oublie pas totalement les questions de santé et de protection des familles qui lui tenaient à cœur lors de la législature précédente. Elle interroge le gouvernement, en décembre 1996, sur la protection des consommateurs face à la publicité mensongère et suggère, en mars 1997, de consolider le dispositif des assurances maladie et maternité. Elle soutient la loi du 22 juillet 1993 relative aux pensions de retraite et à la sauvegarde de la protection sociale. Elle prend enfin part, en mars 1997, aux débats suivant la déclaration du Premier ministre, Alain Juppé, sur la place des femmes dans la vie politique, déplore le faible nombre d’élues parmi les mandats publics et demande à ce que les partis politiques favorisent davantage les candidatures féminines. Interrogée par Ouest-France en 2017, elle déclare à ce sujet : « On entre en politique comme on entre en religion, c’est pour la vie et quand on est une femme, on y entre souvent par effraction. »

Lors des législatives anticipées du printemps 1997, Monique Papon, membre du bureau politique de l’UDF depuis novembre 1995, ne totalise au soir du second tour que 49,5 % des suffrages exprimés et se voit battue de 458 voix par le socialiste Patrick Rimbert. Victime de la vague rose de 1997, elle renonce définitivement à l’Assemblée nationale. Celle qui aurait pu se contenter de ses mandats locaux et de ses nombreuses responsabilités au sein du conseil d’administration de l’hôpital Bellier, de la commission locale d’insertion de Nantes et du Conseil de famille pour l’adoption, se tourne vers le Palais du Luxembourg. En deuxième position sur la liste conduite par André Trillard (qu’elle connaît bien pour avoir été sa vice-présidente aux affaires sociales au conseil général de Loire-Atlantique dès 1994), elle est élue sénatrice de la Loire-Atlantique le 23 septembre 2001. Elle rejoint la commission de la culture, de l’éducation et de la communication (et de la commission des affaires européennes à partir de 2008) ainsi que le groupe Union centriste, où elle siège jusqu’en 2002 avant de s’inscrire au groupe UMP jusqu’au terme de son mandat en septembre 2011. Membre de la délégation pour l’Union européenne, elle est aussi membre suppléant du Haut Conseil pour l’évaluation de l’école. Intéressée par les relations étrangères, elle préside au Palais du Luxembourg le groupe d’information et d’échange France-Taïwan. Battue de justesse aux cantonales de 2004, elle se relance une fois de plus en prenant les fonctions de secrétaire du Sénat, poste qu’elle occupe jusqu’en octobre 2008, date à laquelle elle est élue vice-présidente du Sénat. Elle ne sollicite pas le renouvellement de son mandat de sénatrice en septembre 2011.

Parlementaire pendant 25 ans, Monique Papon décède le 6 juin 2018. Jean-Marc Ayrault salue l’engagement européen de cette élue de centre-droit, profondément attachée à la ville de Nantes. Cette « dame de cœur », selon la formule du Télégramme, aura marqué la vie politique locale et nationale par son engagement social, chrétien et européen. Ayant une « horreur épidermique » des injustices sociales, elle s’était toujours intéressée aux affaires sociales. « Pas seulement parce qu’on y mettait les femmes », confiera-t-elle, mais « parce que tout est social ». Monique Papon était officier de la Légion d’honneur.