Gabriel Syveton
1864 - 1904
Né le 21 février 1864 à Boën-sur-Lignon (Loire), mort le 8 décembre 1904 à Neuilly-sur-Seine (Seine).
Député de la Seine de 1902 à 1904.
Après avoir fait ses études à Lyon, puis à Paris, Gabriel Syveton choisit la carrière universitaire. Professeur agrégé d'histoire en 1888, docteur ès-lettres, il enseigna successivement aux lycées d'Aix, de Laon, d'Angoulême et de Reims. De 1890 à 1892, il fut chargé par le ministère de l'Instruction publique et des Beaux-Arts d'une mission d'études en Autriche-Hongrie.
Attiré par la politique, il demanda à être mis en disponibilité et fonda en 1898, avec François Coppée et Jules Lemaître la Ligue de la patrie française, appelée à avoir un certain retentissement. A la suite de cette initiative, il fut mis en demeure de reprendre ses fonctions universitaires. Traduit quelques jours plus tard devant le Conseil académique de Paris, il y prononça un plaidoyer que la Ligue de la patrie française publia, comme brochure de propagande, sous le titre L'Université et la Nation.
Gabriel Syveton fut alors suspendu pour un an et, après ce laps de temps, il refusa les différents postes qui lui étaient offerts, ce qui lui valut d'être révoqué de ses fonctions universitaires.
Candidat aux élections législatives de 1902 dans le IIe arrondissement de Paris, le 27 avril, il était élu au premier tour par 7.394 voix contre 5.631 à Mesureur, député sortant, sur 13.656 votants.
Dès son arrivée à la Chambre des députés, il prit une part active à la création du groupe nationaliste et républicain, dont il fut nommé secrétaire et qui comprenait, entre autres, Godefroy Cavaignac et Gauthier de Clagny.
Le 6 décembre 1902, à la faveur d'une interpellation concernant l'affaire Humbert, une vive altercation opposa Gabriel Syveton au garde des sceaux, Vallée, et la Chambre vota la censure avec exclusion temporaire du député de la Seine. Ces sanctions disciplinaires ayant été levées le 29 janvier 1903, sur proposition de Gauthier de Clagny, Gabriel Syveton peut intervenir le 5 février dans la discussion du budget de l'instruction publique. Il le fit avec fougue, dénonçant le « péril primaire » et demandant que l'instituteur soit « soustrait à la tyrannie du politicien local et rendu au recteur ». Le 8 mars, à propos des congrégations enseignantes, il se rangea « parmi les adversaires les plus déterminés du régime de compression jacobine ».
Le 7 avril 1903, après une longue intervention de Jaurès, l'élection du IIe arrondissement de Paris fut invalidée, mais, le 21 juin, les électeurs de cette circonscription renvoyaient Gabriel Syveton au Palais Bourbon par 6.591 voix contre 3.366 à Le Foyer, Mesureur ne s'étant pas représenté.
Enfin, le 4 décembre 1904, lors d'un débat orageux au cours duquel les nationalistes accusaient le gouvernement de favoriser la délation dans l'armée, Gabriel Syveton se précipita sur le général André, ministre de la guerre et le frappa violemment à la tête. Expulsé manu militari du Palais Bourbon et renvoyé devant la Cour d'assises de la Seine, il fut trouvé mort dans son cabinet de travail le 8 décembre, veille du jour fixé pour sa comparution.
Ce décès soudain fut l'objet d'interprétations diverses, dont le Temps se fit l'écho en reprochant aux amis du disparu de « lancer de graves accusations à la légère ». Les enquêteurs devaient retenir la thèse d'une asphyxie imputable à un accident ou à un suicide.
Gabriel Syveton avait publié plusieurs ouvrages historiques sur Louis XIV, Charles XII et Elisabeth d'Autriche.