La République proclamée

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Le 19 juillet 1870, le gouvernement de l'Empire français avait imprudemment déclaré la guerre à la Prusse. Napoléon III avait pris le commandement de l'armée et confié la régence à l'impératrice Eugénie. Les Etats allemands étaient unis derrière le roi de Prusse Guillaume Ier.

Mal préparés, très inférieurs en nombre et très mal commandés, en un mois les Français ont essuyé une succession de défaites. A Sedan, au terme d'une bataille acharnée, l'armée française a capitulé et Napoléon III s'est constitué prisonnier. La bataille a fait 3 000 morts 14 000 blessés et 83 000 soldats ont été faits prisonniers.

Lorsque la nouvelle est officialisées au Corps législatif dans la nuit du 3 au 4 septembre 1870, la population parisienne s'insurge.

Le palais du Corps législatif le 4 septembre 1870

Le palais du Corps législatif le 4 septembre 1870

Jacques Guiaud, Musée Carnavalet, Paris

Edmond de Goncourt décrit dans son journal la réaction des Parisiens à l'annonce de la défaite de Sedan : « Qui pourra peindre l'abattement des visages, l'assaut des kiosques, la triple ligne de liseurs de journaux devant tout bec de gaz ? Puis la clameur grondante de la multitude, en qui succède la colère à la stupéfaction, et des bandes parcourant le boulevard en criant "La déchéance !" ».

Des manifestants, concentrés autour du Palais Bourbon, puis en envahissant les couloirs, réclament la déchéance de l'Empire.

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Léon Gambetta

Gambetta intervient à la tribune : « Nous déclarons que Louis Napoléon Bonaparte et sa dynastie ont à jamais cessé d’exercer les pouvoirs qui lui avaient été conférés. »

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Jules Favre

En cette après-midi du dimanche 4 septembre, Léon Gambetta et Jules Favre, avec les députés républicains, entraînent vers l'Hôtel de Ville la foule des manifestants devenue immense.

Gambetta lit à la foule le texte rédigé en commun constituant la  proclamation de la République : « Le peuple a devancé la Chambre qui hésitait. Pour sauver la Patrie en danger, il a demandé la République : elle est proclamée, et cette révolution est faite au nom du droit et du salut public. Citoyens, veillez sur la cité qui vous est confiée ; demain, vous serez avec l'armée des vengeurs de la Patrie. » [ Texte manuscrit]

Jules Favre propose un gouvernement provisoire composé de députés parisiens et dirigé par le général Trochu, gouverneur de Paris.

L'impératrice, qui a pu s'échapper des Tuileries, va bientôt prendre le chemin de l'exil en Angleterre.

Thiers avoue qu'il n'a jamais vu « de révolution accomplie plus aisément et avec moins de frais » et, selon Jules Ferry, « jamais révolution ne se fit avec une telle douceur ».