Au nom de la liberté, la Terreur (1793-1794)

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Mais au printemps 1793, l'Europe, avec l'aide de l'Angleterre, relance la guerre. La frontière est forcée sur tous les points, par les Espagnols, les Anglais, les Autrichiens et les Prussiens. A la menace extérieure s'ajoute la guerre civile en Vendée. Soixante départements sont en état d'insurrection. Un tribunal révolutionnaire est chargé de juger sans appel les auteurs des entreprises contre-révolutionnaires. Un comité de Salut public, désigné par l'Assemblée en son sein, est institué le 6 avril. A l'origine, il doit surveiller l'action des ministres. Il compte d'abord neuf membres, puis douze, élus pour un mois et indéfiniment rééligibles. Ce « Grand comité » de Salut public gouverne la France jusqu'en juillet 1794. Un nouveau projet de constitution est présenté par les Girondins à la Convention le 15 février 1793 ; il ne peut être voté. Le 2 juin, la Garde nationale et les sans-culottes cernent la Convention et les chefs girondins sont décrétés d'arrestation, l'inviolabilité des députés ayant été suspendue. Le projet de constitution montagnarde est adopté par la Convention le 24 juin, puis par référendum en juillet ; son article premier proclame que « le but de la société est le bonheur commun » ; cette constitution ne sera jamais appliquée, mais elle restera très longtemps une référence pour les républicains les plus fervents.

Lanjuinais à la tribune de la Convention, agressé par les Montagnards et défendus par les Girondins le 2 juin 1793

La Terreur est mise à l'ordre du jour, sous la pression des sans-culottes qui envahissent la Convention, pour faire face aux périls, tant extérieurs qu'intérieurs. Le 5 février 1794, dans un rapport à la Convention sur « les principes de morale politique qui doivent [la] guider », Robespierre affirme : « Le ressort du Gouvernement populaire en révolution est à la fois la vertu et la terreur ; la vertu, sans laquelle la terreur est funeste, la terreur, sans laquelle la vertu est impuissante. » Et Saint-Just proclame : « Le bonheur est une idée neuve en Europe. » Le comité de Salut public et la Convention décrètent la levée en masse (16 août 1793), un emprunt forcé, la loi des suspects et la loi du maximum, fixant le prix maximum des denrées de première nécessité.

Les Montagnards se divisent en factions : les modérés avec Fabre d'Églantine, les Indulgents avec Danton et les Enragés. Après avoir successivement éliminé les Enragés, puis les Indulgents, Robespierre exerce une dictature de fait pendant près de quatre mois, du 5 avril au 27 juillet 1794. Il déclare à la Convention : « Toutes les factions doivent périr du même coup. » Par décret du 22 prairial an II (10 juin 1794) une seule peine - la mort - est prévue pour les ennemis du peuple, c'est-à-dire « ceux qui cherchent à anéantir la liberté publique, soit par la force, soit par la ruse ». C'est la Grande Terreur. En quarante-sept jours, 1.376 condamnés sont exécutés, dont Lavoisier, Malesherbes, André Chénier... La justice révolutionnaire est centralisée par le Comité de sûreté générale et le tribunal révolutionnaire. Le 8 juin 1794 Robespierre, qui déclare fonder le règne de la vertu, préside la fête de l'Être Suprême.

Mais l'opinion est lasse de la dictature d'un seul homme et la Terreur n'apparaît plus nécessaire, au moment de vaincre la menace extérieure. Le Grand Comité de Salut public se divise. Robespierre [Ultime discours du citoyen Robespierre, séance du 8 thermidor an II]doit affronter un groupe d'opposants. Mis en minorité le 9 thermidor an II (27 juillet 1794), il esII décrété d'accusation, puis exécuté. La politique des Thermidoriens suit une voie « moyenne ». La Convention, excédée par les pressions de la rue, décide d'écarter la constitution jamais appliquée de 1793. Le 18 août 1795, elle adopte le décret des deux tiers, imposant de choisir parmi les conventionnels les deux tiers des membres des nouveaux conseils législatifs.