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Napoléon Ier à cheval offrant au Corps législatif les drapeaux conquis à Austerlitz: tel était le thème du bas-relief ornant le fronton sculpté en 1806 par Antoine Chaudet (1763-1810). Dès leur retour en 1814-15, les Bourbon s'empressent de faire disparaître cette allégorie à la gloire de l'Empereur.
Les bas-reliefs sont martelés et remplacés par une scène magnifiant la Charte constitutionnelle octroyée aux Français par Louis XVIII, scène confiée à Evariste Fragonard (1780-1850). La monarchie de Juillet souhaite à son tour effacer cette trace du régime précédent.
Le nouveau motif, sculpté entre 1838 et 1841 par Cortot (1787-1843), représente la France, drapée à l'antique, debout devant son trône, accompagnée de la Force et de la Justice, appelant l'élite à la confection des lois.
Plus aucune modification ne sera apportée à cet ensemble, si ce n'est de manière accidentelle : en juin 1957, lors d'un violent orage, la France perdit un bras, heureusement restauré sans délai.

Fronton
© Assemblée nationale
A l'exception du fronton, l'appareil décoratif de la façade du Palais Bourbon date entièrement du Premier Empire.
Devant la colonnade, construite entre 1806 et 1810 par l’architecte Bernard Poyet, se trouvent les statues d’Athéna et de Thémis – déesses grecques de la Sagesse et de la Justice – ainsi qu’un groupe de quatre statues des ministres veillant sur le Palais-Bourbon. Elles illustrent les vertus du service public, avec Michel de L’Hospital le conciliateur, Sully le réformateur, Colbert le travailleur et d’Aguesseau le codificateur.
Michel de L’Hospital (1503 ?-1573), magistrat, chancelier de France, surintendant des Finances, poète latin et protecteur des lettres, est surtout resté dans les mémoires comme un modèle de tolérance. Durant les guerres de religion, il recherche des voies de conciliation entre catholiques et protestants pour maintenir l’unité de la France.
Maximilien de Béthune, duc de Sully (1559-1641), issu d’une famille calviniste, échappe à 12 ans au massacre de la Saint-Barthélemy. Il combat durant les guerres de religion aux côtés d’Henri de Navarre, dont il reste le principal conseiller quand celui-ci devient roi de France sous le nom d’Henri IV. Surintendant des Finances, il réduit les dépenses et trouve de nouvelles recettes fiscales, tout en encourageant l’agriculture.
Jean-Baptiste Colbert (1619-1683), contrôleur général des Finances, secrétaire d’État à la Maison du roi et secrétaire d’État à la Marine de Louis XIV, favorise l’industrie et le commerce, réorganise les finances, la justice et la marine. À l’origine de l’Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, de l’Observatoire, de la Manufacture des Gobelins et de la manufacture de Glaces de miroirs de Saint-Gobain, il a aussi fait creuser le canal des Deux-Mers. Chargé par Louis XIV de réglementer l’esclavage, aboli depuis 1315 dans le royaume de France mais pratiqué dans les possessions des Antilles, il contribue à l’élaboration du Code Noir, édit royal publié deux ans après sa mort.
Henri François d’Aguesseau (1668-1751), magistrat français, procureur général au Parlement de Paris, devient chancelier de France et garde des Sceaux sous la Régence puis sous Louis XV. Grand jurisconsulte, il entreprend d’unifier le droit français : ses ordonnances préfigurent la codification napoléonienne.

Maximilien de Sully par Pierre Nicolas Beauvallet ; Michel de L'Hospital par Louis Pierre Deseine ; Henri-François d'Aguesseau par Jean-Joseph Foucou ; Jean-Baptiste Colbert par Jacques-Edme Dumont
© Assemblée Nationale
De part et d'autre des marches, en avant de la façade, sont placées Athéna et Thémis, représentant la législation et la prudence. Athéna est l'oeuvre de Philippe-Laurent Roland (1746-1816), copiée de la Minerve Giustiniani du musée du Vatican. Thémis, sculptée par Jean-Antoine Houdon (1741-1828), portant de la main gauche une balance, personnifie la justice et l'ordre public.

Athéna par Philippe-Laurent Roland et Thémis par Jean-Antoine Houdon
© Assemblée Nationale
Sur les côtés de la façade, en arrière de la colonnade, deux bas-reliefs, commandés en 1837 et réalisés respectivement par François Rude (1784-1855) et James Pradier (1790-1852), figurent, à droite, Prométhée animant les Arts, et, à gauche, l'Instruction publique.

Bas-relief : Prométhée animant les Arts
© Assemblée nationale
Au centre du relief, Prométhée, personnification de la création, incline sa torche et donne vie aux arts. On remarque, à gauche, l'Architecture dessinant un dôme à l'aide d'un compas et la Sculpture évoquée par un amour sculptant la tête de l'esclave mourant de Michel-Ange et par le Milon de Crotone de Pierre Puget ; à droite, sont figurées la Musique, avec une lyre, et enfin la Peinture représentée par un homme mûr dont les traits semblent ressembler à ceux de Rude lui-même.

Bas-relief : L'Instruction publique
© Assemblée nationale
Le relief de l'Instruction publique illustre les débats parlementaires des débuts de la monarchie de Juillet. Au centre, l'Instruction publique est personnifiée par Minerve enseignant l'alphabet à de jeunes enfants ; elle est entourée de l'Education religieuse et des neuf muses représentant les arts et les sciences.