No 2361
ASSEMBLÉE NATIONALE
CONSTITUTION DU 4 OCTOBRE 1958
DOUZIÈME LÉGISLATURE
Enregistré à la Présidence de l’Assemblée nationale le 8 juin 2005.
D É C L A R A T I O N
D E P O L I T I Q U E G É N É R A L E
D U G O U V E R N E M E N T
par M. Dominique de VILLEPIN,
Premier ministre.
Monsieur
le président,
Mesdames et messieurs les députés,
C’est pour moi un immense honneur que de m’adresser à vous aujourd’hui.
Je me présente devant vous à un moment exceptionnel de l’histoire de notre pays,
un moment où les Françaises et les Français expriment leurs souffrances, leurs
impatiences, leurs colères. Avec vous, représentants de la nation, je veux fixer
les repères, tracer la voie, remettre la France en marche. Avec vous et avec
l’ensemble du Gouvernement, tout au long des prochains mois, je consacrerai mon
énergie et ma volonté à cette tâche immense que m’a confiée le Président de la
République.
Permettez-moi d’abord de rendre hommage à l’action courageuse et
déterminée conduite par Jean-Pierre Raffarin. En trois ans, il a consolidé
l’ordre républicain et mené des réformes décisives pour le redressement du pays.
Le cap des lois votées par le Parlement sera tenu.
Il y a quelques jours, les Français ont voté non au projet de traité
constitutionnel.
Ce vote, j’en ai la conviction, n’est pas l’expression d’une France
contre une autre : l’ensemble de notre pays reste engagé dans le projet
européen, il sait que son destin se joue désormais à l’échelle du continent.
N’interprétons pas ce vote comme le signal d’un isolement français.
Certains pays membres ont trouvé dans le projet de traité une réponse suffisante
à leurs attentes, d’autres non. Les Françaises et les Français s’interrogent.
Ils veulent rester fidèles à leur identité, soucieux de préserver un équilibre
entre la solidarité et la liberté. Ils veulent conjuguer la défense des intérêts
de notre nation et l’Europe, la promotion de notre modèle social et le projet
européen. Ils défendent une certaine vision de l’homme avec ses droits et ses
devoirs, refusant les seules logiques du marché et de la mondialisation. Les
Françaises et les Français le savent et le disent avec force : la mondialisation
n’est pas un idéal, elle ne peut pas être notre destin. Ils attendent de nous
que nous affirmions nos valeurs. Notre vision héritée de 1789 a sa grandeur et
sa vérité. Oui, la France veut rester une conscience vivante. Oui, la France
veut être aux avant-postes. Oui, la France veut se tourner résolument vers
l’avenir.
Notre premier devoir est de regarder la réalité en face.
La vérité, c’est que nous sommes confrontés à une situation difficile.
Alors que le monde connaît des changements sans précédent, l’Europe se divise et
la France tarde à s’adapter.
La vérité, c’est que le chômage atteint un niveau inacceptable : plus de
10 % de chômeurs, voilà le véritable mal français.
Il fragilise des familles entières, qui craignent pour leur avenir. Les
plus jeunes, tous ceux qui devraient porter les espoirs de notre nation, sont
les premiers touchés et vivent ce mal avec un sentiment mêlé d’anxiété et
d’injustice.
La vérité, c’est que nous avons des marges de manœuvre budgétaire
étroites et que nous allons devoir les reconquérir pas à pas.
La vérité, c’est que l’égalité des chances ne vit pas suffisamment dans
notre pays alors que, depuis les débuts de la République, elle offrait à chacun
la perspective d’un avenir meilleur. Accéder à un emploi quand on porte un nom à
consonance étrangère, entrer à l’université ou dans une grande école quand on
est issu d’un milieu modeste, toucher une rémunération équivalente à celle de
ses collègues masculins quand on est une femme, quelle ambition plus légitime ?
Pourtant, dans notre pays, c’est souvent une ambition déçue. En France, il y a
trop d’opportunités qui se ferment. En France, il y a trop de rêves qui ne se
réalisent pas.
Nous n’avons pas à choisir entre volonté de justice et liberté
d’entreprendre. La force de notre histoire, la force de notre société reposent
sur notre capacité à concilier ces deux exigences. Solidarité et initiative,
protection et audace, c’est le génie français. Pour le préserver, nous devons
aller plus loin dans l’initiative, plus loin dans la solidarité. Dans une
démocratie moderne, le débat n’est pas entre le libéral et le social, il est en
vérité entre l’immobilisme et l’action. Je choisis résolument le parti de
l’action.
J’ai proposé au Président de la République un gouvernement resserré.
Un gouvernement de service public, fidèle à notre idéal républicain,
tout entier dévoué au résultat. II sera guidé par un principe : l’impératif de
justice. Un critère : l’intérêt général. Une volonté : améliorer la situation de
chaque Française et de chaque Français, les plus vulnérables comme les plus
entreprenants, les plus jeunes comme les plus âgés. Je crois à une France
généreuse et volontaire. Une France où chacun a sa place selon ses mérites. Une
France de toutes les chances.
Comment faire vivre cette ambition ? En gagnant la bataille de l’emploi.
Toutes les forces de mon gouvernement seront engagées dans cette bataille.
Alors que l’espérance de vie ne cesse d’augmenter dans notre pays, nous
nous privons des compétences des salariés plus âgés. Alors que la croissance de
la population active ralentit, plus de 20 % des jeunes ne trouvent pas d’emploi.
Alors que le chômage touche plus de deux millions et demi de personnes, 500 000
offres d’emploi ne trouvent pas preneurs. Alors que notre droit du travail est
l’un des plus protecteurs en Europe, une grande partie des salariés exprime un
sentiment d’insécurité au travail. Ces réalités ne sont pas acceptables. Je veux
les combattre une à une.
Je le ferai sans préjugé ni dogmatisme. Au cours des derniers mois,
beaucoup de propositions ont été mises sur la table. Certaines méritent d’être
mises en œuvre. D’autres soulèvent davantage de difficultés qu’elles n’en
résolvent. En tout état de cause, nous ne plaquerons pas sur la réalité
française un modèle qui n’est pas le nôtre. Que nous nous inspirions avec
pragmatisme d’expériences réussies en Europe ou ailleurs, bien sûr. Que nous
revenions sur les fondements de notre modèle social, certainement pas.
J’ai besoin du soutien de l’ensemble de la nation.
L’État, les collectivités locales, les syndicats, les entreprises, les
associations, chacun doit prendre sa part de responsabilité. Pour que notre pays
sorte renforcé de ce combat contre le chômage, il faut que nos résultats soient
au bénéfice de tous.
Pour créer de l’emploi, il faut d’abord de la croissance. J’emploierai
donc tous les instruments qui nous permettront de favoriser l’investissement et
le pouvoir d’achat, dans un esprit de responsabilité : nos engagements de
dépense publique seront respectés et les dépenses n’évolueront pas plus vite que
l’inflation en 2006. II s’agit également de garantir aux entreprises la
stabilité des règles du jeu : les allégements de charges ne seront pas remis en
cause. Nous voulons parvenir à la suppression des charges patronales de sécurité
sociale au niveau du SMIC à l’horizon 2007.
Le premier objectif de mon gouvernement sera d’aller chercher les
emplois là où ils se trouvent.
D’abord dans les services : leur développement correspond à l’évolution
naturelle d’une économie moderne et humaine. Ils répondent à un besoin de lien
social, notamment pour les familles, les personnes âgées et les personnes
handicapées. C’est pour elles que vous examinerez dans les prochains jours le
projet de loi sur les services à la personne.
Ensuite, bien sûr, l’emploi dans les très petites entreprises. II y a
deux millions six cent mille entreprises en France : un million cinq cent mille
d’entre elles n’ont pas de salariés, près d’un million a moins de dix salariés.
L’emploi en France passe par elles. Si nous libérons leur esprit d’initiative et
leur talent, si nous leur garantissons des procédures de recrutement simples,
lisibles et sûres, elles embaucheront.
Décider de recruter un salarié, c’est un acte important pour un petit
entrepreneur. Est-ce que ce salarié correspondra à ses besoins ? Est-ce que son
embauche ne risque pas d’alourdir le temps consacré aux problèmes
administratifs ? Est-ce qu’elle ne mettra pas en péril l’entreprise en cas de
retournement de conjoncture ?
Pour débloquer l’embauche dans ce secteur, je propose trois mesures.
Première mesure : la simplification de l’acte d’embauche grâce au
chèque-emploi pour les très petites entreprises. Ce chèque aura valeur à la fois
de bulletin de salaire et de contrat de travail. Il évitera toute procédure
administrative lourde. Il sera disponible sur internet.
Deuxième mesure : dans le respect du code du travail, je propose la mise
en place à compter du 1 er septembre d’un nouveau type de contrat de
travail à durée indéterminée, le « contrat nouvelle embauche ». Mieux adapté aux
contraintes des très petites entreprises auxquelles il pourra être proposé, il
conciliera plus de souplesse pour l’employeur et de nouvelles sécurités pour le
salarié.
Plus de souplesse pour l’employeur, puisque ce contrat prévoira une
période d’essai plus longue, d’une durée de deux ans, adaptée au rythme de
développement des très petites entreprises.
La durée du préavis sera fonction de l’ancienneté du salarié dans
l’entreprise : elle correspondra donc aux efforts fournis. Les entreprises
concernées disposeront ainsi de nouvelles facilités d’embauche, qui devraient
leur permettre de s’engager avec confiance dans la voie de nouveaux
recrutements. De nouvelles sécurités pour le salarié aussi.
La mise en place du « contrat nouvelle embauche » lui donnera trois
garanties : un complément d’allocations chômage auquel l’État apportera toute sa
part ; un accompagnement personnalisé et la mobilisation de moyens nouveaux de
reclassement en cas de rupture du contrat. Une évaluation de ce dispositif sera
conduite avec les partenaires sociaux.
Troisième mesure : je veux inciter les chefs d’entreprise à surmonter le
seuil des dix salariés. Pourquoi ? Parce que les obligations, notamment
financières et administratives, liées au franchissement de ces seuils
apparaissent trop lourdes et rebutent l’embauche.
Je suis attaché au niveau actuel de représentation des salariés, comme à
la défense du droit syndical, mais je souhaite alléger les obligations
financières qui pèsent sur les entreprises à partir de dix salariés. Le surcoût
que représente la décision d’embauche d’un dixième salarié est en effet estimé à
5 000 euros en moyenne par an : c’est considérable et dissuasif pour l’embauche.
Je propose donc que l’État prenne en charge les cotisations supplémentaires dues
à partir du dixième salarié. Cette neutralisation continuera de jouer pour
l’embauche des dix salariés suivants.
Avec ces trois mesures simples, concrètes, compréhensibles par tous,
nous libérerons la capacité d’embauche des très petites entreprises.
Le deuxième objectif est une mobilisation nationale du service public de
l’emploi et de ses partenaires pour favoriser le reclassement dans les premiers
mois de chômage. Les pays qui ont su faire reculer durablement le chômage sont
ceux qui se sont donné les moyens d’agir pour l’accompagnement et le
reclassement des chômeurs.
Ce sont ceux qui ont avancé vers la sécurisation des parcours
professionnels.
Il faut que la perte d’emploi soit vécue comme une transition vers un
nouvel emploi et non comme une impasse.
Des jalons importants viennent d’être posés avec l’aide des partenaires
sociaux : droit individuel à la formation pour tous les salariés, convention de
reclassement personnalisé au profit des personnes touchées par un licenciement
économique.
Mais revenir sur le marché du travail, cela veut dire se déplacer,
prévoir la garde de ses enfants, perdre un certain nombre d’aides : autant de
dépenses nouvelles auxquelles il est parfois difficile de faire face. Cela exige
une réponse concrète. Je propose donc que l’État verse une prime de 1 000 euros
à toutes les personnes au chômage depuis plus d’un an, et bénéficiant de minima
sociaux, qui reprendront une activité. C’est un effort considérable. La logique
de ce dispositif est la même : privilégier l’activité, favoriser le retour
rapide à l’emploi, aider directement le salarié.
La mise en place des maisons de l’emploi au niveau local et l’ouverture
d’un dossier informatique commun à l’ANPE et à l’UNEDIC au niveau national
permettront de répondre à l’exigence d’un véritable suivi personnalisé. La
coordination et le rapprochement des structures sont essentiels : c’est la
condition pour que chaque demandeur d’emploi puisse connaître personnellement
son interlocuteur chargé de l’orienter dans ses recherches.
Je suis attaché à l’équilibre des droits et des devoirs. Il n’est pas
acceptable qu’un demandeur d’emploi qui fait l’objet d’un accompagnement
personnalisé puisse refuser successivement plusieurs offres d’emplois
raisonnables. Des dispositifs existent pour sanctionner les abus. J’entends
qu’ils soient appliqués par le service public de l’emploi, conformément à la loi
du 18 janvier 2005.
Pour les personnes les plus éloignées de l’emploi et pour les titulaires
de minima sociaux, les contrats d’avenir prévus par le plan de cohésion sociale
permettent d’organiser de véritables parcours de retour à l’emploi. Leur mise en
œuvre sans délai et sur tout le territoire sera une priorité absolue.
Pour les jeunes et les personnes de plus de cinquante ans, nous devons
faire preuve d’une énergie particulière. Notre économie a besoin d’eux. Elle
doit s’ouvrir à eux et non les rejeter.
Il y a les jeunes qui désespèrent de trouver un emploi durable. Je veux
leur apporter soutien et accompagnement. Je demande donc à l’ANPE de recevoir
individuellement les 57 000 jeunes au chômage depuis plus d’un an avant la fin
du mois de septembre pour leur proposer une solution adaptée : un emploi dans
une entreprise, un contrat d’apprentissage, ou encore un contrat non marchand.
Les contrats jeunes en entreprise permettent aujourd’hui à 130 000
jeunes d’occuper un emploi à durée indéterminée. C’est un bon début, mais ce
n’est pas assez. Je propose donc deux initiatives complémentaires :
premièrement, que l’embauche des jeunes de moins de vingt-cinq ans ne rentre
plus dans le décompte des seuils de dix et cinquante salariés ; deuxièmement,
que les jeunes qui prennent un emploi dans un secteur connaissant des
difficultés de recrutement bénéficient personnellement d’un crédit d’impôt de
1 000 euros.
L’apprentissage ensuite : il permet aux jeunes d’accéder à un bon emploi
ou de s’engager dans la voie de la création de leur propre entreprise. Nous nous
donnons les moyens de parvenir à 500 000 apprentis à horizon de cinq ans.
Il existe un besoin réel d’emploi de jeunes dans le secteur associatif
et le secteur public.
Tirons avec pragmatisme les leçons des expériences passées. Pour être
efficace, la réponse à cette demande doit s’inscrire dans un vrai parcours
d’accès à un emploi durable. C’est tout le sens du développement de la formation
en alternance dans la fonction publique. C’est aussi la logique des contrats
d’accompagnement vers l’emploi prévus par la loi de cohésion sociale. Pour les
jeunes, nous en avions prévu 20 000. C’est nettement insuffisant pour répondre
aux besoins. J’ai décidé que leur nombre passerait à 100 000.
Pour tous les jeunes qui entrent à l’université, un service public de
l’orientation sera mis en place. Il les informera sur les débouchés des
carrières dans lesquelles ils s’engagent. Le libre choix de l’orientation doit
être garanti par une information fiable et régulièrement actualisée sur les
filières de formation et sur la situation de l’emploi dans le secteur choisi.
Il y a enfin les 60 000 jeunes qui sortent du système scolaire sans
diplôme ni qualification et dont la recherche d’emploi est souvent vouée à
l’échec. Il appartient à l’État de prendre ses responsabilités. Nous avons un
modèle qui fonctionne pour nos jeunes compatriotes d’outre-mer, très durement
frappés par le chômage : le service militaire adapté. J’ai demandé au ministre
de la défense de concevoir un dispositif analogue pour la métropole afin de
procurer aux jeunes qui le souhaitent une formation validée par l’Éducation
nationale et un encadrement. L’objectif est de former 20 000 jeunes en 2007. Dès
septembre, un premier centre expérimental fonctionnera.
S’agissant des personnes de plus de cinquante ans, l’État donnera
l’exemple en ouvrant davantage son recrutement à celles et à ceux qui ont
accompli une première carrière dans le secteur privé. Cette volonté se traduira
notamment par le recul ou la suppression des limites d’âge qui bloquent leur
accès aux différents concours de la fonction publique. Dans les écoles, dans les
universités, dans les hôpitaux, leur expérience sera précieuse.
Les partenaires sociaux négocient actuellement sur l’emploi des
personnes de plus de cinquante ans. Mon objectif est de lever les obstacles à
l’embauche ou au maintien dans l’emploi, en étudiant l’assouplissement des
règles de cumul emploi-retraite et la suppression de la contribution Delalande.
Le Gouvernement agira au vu des résultats de cette négociation.
Voilà, monsieur le président, mesdames et messieurs les députés, les
grandes lignes de mon plan d’urgence pour l’emploi. Sa philosophie est claire :
affecter nos moyens à tous ceux qui en ont un besoin réel et immédiat, agir sur
les vrais blocages, dans un esprit d’efficacité et de justice.
La France consacrera à l’emploi un effort supplémentaire de quatre
milliards et demi d’euros en 2006. Outre les dépenses du plan d’urgence, cet
effort inclut la montée en puissance des allégements de charge sociale et des
contrats d’avenir. C’est une somme importante, à la hauteur du défi. Elle amène
mon gouvernement, en plein accord avec le Président de la République, à prendre
ses responsabilités. Toutes nos marges de manœuvre budgétaires iront à
l’emploi : ce choix commande de faire une pause dans la baisse de l’impôt sur le
revenu.
La méthode de mise en œuvre de ce plan conciliera l’impératif de
dialogue social avec la nécessité d’agir vite. Il y a urgence. Chacun voit que
nous ne pouvons pas attendre. Mais chacun mesure aussi que la concertation avec
les partenaires sociaux est le meilleur moyen de prendre les bonnes décisions :
des décisions qui profitent à tous, des décisions qui marquent l’engagement de
tous. Un projet de loi d’habilitation sera donc présenté au Parlement au mois de
juin. Le contenu de ce projet sera strictement limité aux mesures d’ordre
législatif que je viens d’annoncer.
Des ordonnances seront prises sur cette base, au terme d’une
consultation approfondie avec les partenaires sociaux. Elles seront publiées
avant le 1er septembre.
Sur les autres questions qui touchent à la sécurisation des parcours
professionnels, au renforcement de la sécurité juridique des relations entre
employeurs et salariés ou à la valorisation de l’activité par rapport à
l’assistance, nous devons approfondir la réflexion. Ce sera notamment le rôle du
Conseil d’orientation pour l’emploi.
Dans la bataille pour l’emploi, j’entends bien sûr mobiliser tous les
atouts de notre politique économique et industrielle, car la France a besoin
d’une industrie forte et moderne.
Nous devons mieux exploiter le potentiel considérable de notre pays, de
nos universités, de nos filières industrielles et de nos laboratoires de
recherche. La mise en place des pôles de compétitivité sera décidée à l’occasion
du comité interministériel d’aménagement du territoire que je réunirai début
juillet. Je n’arrêterai pas la liste sur la base de critères budgétaires mais en
fonction de la créativité et de la motivation des candidatures. Je demande à
chacun des ministres concernés de mobiliser ses moyens humains et financiers
pour assurer le plein succès de ces pôles.
Par ailleurs, nous devons renouer avec les grands projets porteurs
d’avenir. Je veillerai à ce que l’Agence pour l’innovation industrielle lancée
par le Président de la République voie le jour dans les toutes prochaines
semaines. Elle sera immédiatement dotée de 500 millions d’euros grâce à la
cession des titres de France Télécom.
Elle financera des projets dans les domaines de l’énergie solaire, des
nanotechnologies, des biotechnologies et des biocarburants. Je souhaite qu’elle
associe largement les PME au côté des grands groupes industriels.
Cette initiative sera rapidement ouverte à d’autres pays européens, en
particulier l’Allemagne : elle gagnera ainsi en ambition et en puissance.
La France doit atteindre les objectifs qu’elle s’est fixés dans le cadre
de la stratégie de Lisbonne afin de porter son effort de recherche et de
développement à 3 % de sa richesse nationale d’ici à 2010. La réforme de notre
dispositif de recherche et le renforcement de ses moyens seront donc poursuivis
sans relâche afin d’atteindre en permanence un niveau d’excellence. La
loi-programme portant réforme de notre dispositif de recherche sera déposée à
l’automne.
Notre pays doit retrouver une capacité d’investissement dans l’avenir.
J’entends relancer des grands chantiers d’infrastructure, en particulier
dans les domaines routier et ferroviaire. Dans l’état de la conjoncture, notre
économie a besoin d’un signal fort de redémarrage de l’investissement public, y
compris en recourant à des financements innovants.
J’ai, en outre, décidé de poursuivre la cession par l’État de ses
participations dans les sociétés d’autoroute afin de financer ces grands travaux
et de leur permettre de souscrire aux appels d’offres européens.
Le produit de ces cessions ira notamment à l’Agence pour le financement
des infrastructures de transport afin d’accélérer les contrats de plan
État-région.
Enfin, nos grandes entreprises de service public ont toute leur place
dans cette relance de l’investissement. Elles bénéficient d’un savoir-faire
inégalé : EDF, Gaz de France font l’honneur de notre pays.
Je veux leur donner les moyens de poursuivre leur développement dans les
meilleures conditions et au bénéfice de l’emploi. Cela suppose, pour Gaz de
France, d’ouvrir le capital de l’entreprise afin qu’elle puisse lever des fonds
au plus vite.
Pour EDF, le processus d’augmentation de capital se poursuit. Il s’agit,
dans le strict respect de la loi et de ses missions de service public de
conforter un projet industriel ambitieux.
Consolider notre tissu de petites et de moyennes entreprises, c’est ma
troisième exigence pour l’avenir de notre économie et de notre industrie.
Les PME pourront bénéficier d’incitations fiscales et financières :
500 000 chefs d’entreprise sont à moins de dix ans de l’âge de la retraite. Je
veux rendre hommage aux hommes et aux femmes qui ont pris des risques, qui ont
durement travaillé pour développer leur entreprise et créer des emplois. La
transmission de ce patrimoine économique doit pouvoir se faire sans fragiliser
l’entreprise. Le projet de loi en faveur des PME leur apportera la réponse
qu’ils attendent.
Nous devons aussi mieux défendre nos intérêts face à une concurrence de
plus en plus vive.
Je propose donc qu’une part des marchés publics de l’État et des
collectivités locales soit réservée aux PME suivant des modalités à examiner
avec la Commission européenne.
Mieux anticiper les mutations économiques et prévenir les risques de
délocalisation, c’est l’exigence majeure d’une politique volontariste.
Nous savons qu’il existe des bassins d’emplois plus exposés que
d’autres. Nous les connaissons. J’ai donc décidé de regrouper les services de la
DATAR et de la mission interministérielle sur les mutations économiques afin de
créer un service public d’aide aux bassins d’emplois en difficulté, avec une
triple mission : anticiper sur les grandes mutations industrielles, apporter les
aides nécessaires en cas de reconversion des salariés et lutter contre les
délocalisations. Il est notamment inacceptable que ces entreprises continuent à
bénéficier des aides publiques alors qu’elles quitteraient notre territoire.
Notre ambition doit avoir un sens, et ce sens c’est la justice. Notre
ambition doit reposer sur un principe : l’égalité des chances. Dans quelle
société voulons-nous vivre ? Une société du respect, de la fraternité, où chacun
a sa chance, où chacun assume ses responsabilités.
Il y a un préalable absolu : la lutte contre toutes les discriminations.
Dans les entreprises, dans la recherche d’un logement, dans les loisirs, des
discriminations persistent, parfois évidentes, parfois insidieuses. Elles
touchent les femmes à leur travail, qui se voient refuser un avancement ou un
emploi.
Elles touchent les personnes issues de l’immigration à qui on interdit
la location d’un appartement ou l’accès à une boîte de nuit. Elles touchent les
personnes handicapées, qui ont encore trop de difficultés à prendre une activité
lorsqu’elles le souhaitent ou à vivre dignement. Face à l’inacceptable, c’est un
état d’esprit qui doit changer. C’est notre regard qui doit évoluer. La Haute
Autorité de lutte contre les discriminations a été mise en place. L’État doit
faire respecter les principes de la République. Des lois existent : elles seront
appliquées avec détermination, notamment s’agissant de la grande loi sur les
personnes handicapées que vous avez votée. Mais aucun texte de loi, aucune
institution ne remplacera la volonté de chacun d’entre nous.
La responsabilité de la politique, c’est aussi de permettre à chacun de
réaliser ses aspirations par le mérite, l’initiative et le travail. Cela suppose
que le pouvoir d’achat de chacun ne soit pas confisqué par des prélèvements
excessifs, des tarifs trop élevés et des contraintes matérielles insolubles. La
défense du pouvoir d’achat des salariés sera une de mes priorités : au 1er
juillet prochain, la réunification des SMIC sera achevée grâce à l’augmentation
de plus de 5 % du SMIC horaire. Par ailleurs, je souhaite que les négociations
sur les grilles salariales dans les branches, qui relèvent des partenaires
sociaux, aboutissent avant la fin de l’année.
Je veux aussi développer la participation.
Lorsque les entreprises accroissent leurs bénéfices, il est normal que
tous les salariés puissent en profiter. En 2005, les sommes issues de la
participation versées au titre de 2004 pourront donc être débloquées.
Nos concitoyens continuent de rencontrer de grandes difficultés de
logement : ils se voient opposer des conditions de ressources très sélectives ou
se heurtent à une offre sociale insuffisante. Un effort considérable a déjà été
engagé : 376 000 logements mis en chantier ces douze derniers mois, 74 000
logements HLM financés l’année dernière. Pour répondre aux attentes croissantes,
je veux d’abord dégager de nouveaux terrains pour favoriser la construction de
nouveaux logements sociaux : les cessions de terrains aux bailleurs sociaux
seront donc exonérées de plus-values. Les loyers seront indexés sur un indice
plus réaliste et plus favorable au locataire. Enfin, je souhaite mettre en place
un mécanisme de garantie des impayés pour les propriétaires privés qui
accepteront des locataires aux revenus modestes ou intermédiaires. Ce dispositif
bénéficiera aux locataires que les entreprises d’assurance refusent de prendre
en charge.
Le Gouvernement engagera également une action volontariste en faveur de
la baisse des prix dans la grande distribution. Je demande au ministre en charge
des PME de mener à son terme la réforme de la loi Galland afin de faire profiter
les consommateurs d’une baisse des prix de la vie quotidienne. Je demande
également au ministre de l’économie, des finances et de l’industrie de me
proposer des mesures pour accroître la capacité d’emprunt des ménages.
Le pouvoir d’achat des Français doit correspondre à la réalité de leurs
efforts.
Parmi les difficultés matérielles que rencontrent nos compatriotes, deux
me paraissent réclamer une attention particulière. D’abord, le financement des
études des jeunes. Pour y remédier, je propose que tout étudiant ayant emprunté
pour financer ses études puisse déduire les intérêts de son emprunt de son
premier impôt sur le revenu. Ensuite, la conciliation entre vie de famille et
vie professionnelle. L’un des atouts de notre pays, c’est le nombre important de
femmes qui travaillent, malgré les contraintes de la vie quotidienne et
familiale. Je veux les aider à garder la liberté de choix. J’attache donc
beaucoup d’importance à ce que la loi pour l’égalité salariale soit adoptée
rapidement. Il est tout aussi indispensable de leur offrir plus de facilités
pour la garde de leurs enfants : 15 000 places de crèches supplémentaires seront
prochainement créées.
Pour donner une chance à chacun, nous avons besoin de nous appuyer sur
deux piliers de la justice sociale. Le premier de ces piliers, c’est la sécurité
sociale. Des réformes importantes ont été engagées. Je souhaite qu’elles soient
menées à bien. Le combat pour l’emploi donnera à notre système de protection
sociale l’assise économique qui garantira son avenir. Tous les efforts de
responsabilité des Français, notamment dans le choix d’un médecin traitant,
commencent également à porter leurs fruits. Nous devons persévérer dans la voie
du retour à l’équilibre des comptes. Aucun dérapage de la dépense ne peut
désormais être admis.
L’autre pilier, c’est l’éducation nationale. Notre objectif commun doit
être de nous appuyer sur les compétences et le dévouement sans réserve des
enseignants pour aller vers davantage d’équité et un soutien accru aux élèves ou
aux étudiants qui en ont le plus besoin. Trop souvent, les professeurs sont
découragés par le manque de soutien de l’État lorsqu’ils font face à des publics
difficiles.
Trop souvent, ils se demandent où est l’encouragement du mérite. Ils
s’interrogent sur le sens de leur mission. Je veux leur dire ici qu’ils sont les
premiers défenseurs de l’égalité des chances et de la réussite de chacun. Je
demande au ministre de l’éducation nationale de mettre en œuvre la loi sur
l’école dans un esprit de dialogue avec la communauté éducative.
Je souhaite qu’il se saisisse du problème de l’éducation prioritaire :
comment faire pour mieux accompagner les élèves et les établissements qui en ont
le plus besoin ? Nous ne pouvons plus nous contenter d’une seule logique de
territoires. Il faut davantage tenir compte des parcours individuels à travers
des rendez-vous réguliers tout au long de la scolarité.
Une réflexion doit également s’ouvrir rapidement sur les efforts
nécessaires pour maintenir nos universités dans le peloton de tête des
universités mondiales. Le rapprochement de certaines universités avec des
laboratoires de recherche est une voie pour constituer de vrais pôles
d’excellence de niveau européen et pour attirer les meilleurs chercheurs.
La culture est au cœur de notre identité. Aidons tous ceux qui
participent à la valorisation de notre patrimoine, tous ceux qui, par la
vitalité de la création en France, participent à notre rayonnement. À ce titre,
le mécénat doit être encouragé.
Pour faire vivre notre ambition française, nous devons aussi nous
appuyer sur un État au service, un État qui protège et qui garantit l’égalité
des territoires.
Notre nation s’est construite autour de l’État et de ses valeurs : le
service de l’intérêt général, le respect de la loi, la défense de la liberté de
chacun.
Plus que jamais les Françaises et les Français veulent que nous
affirmions ces valeurs. Les personnels de la fonction publique témoignent d’un
dévouement sans réserve, d’un vrai sens de l’équité, d’un vrai goût du service.
Je sais que je peux compter sur eux. Je connais leur volonté d’améliorer sans
cesse le bon fonctionnement de leur administration. Jamais depuis 1945 les
attentes n’ont été aussi fortes à leur égard. Ils appuieront les efforts du pays
tout entier dans la bataille pour l’emploi, ils apporteront leur aide, leurs
compétences à nos concitoyens confrontés à des changements parfois brutaux.
Chacun doit se sentir comptable des résultats obtenus. Avant l’été, chaque
ministre se dotera des instruments de mesure des résultats de sa politique, dont
le Parlement sera juge. Il devra les communiquer régulièrement aux Français.
Je demande que toutes les décisions administratives et réglementaires
qui seront prises soient passées au crible de l’impact sur l’emploi. Je compte
sur notre administration pour soutenir l’emploi, pour aider ceux qui créent, en
conseillant les entreprises, en prévenant plutôt qu’en sanctionnant.
L’État doit protéger les citoyens. Notre défense est respectée partout
dans le monde. Elle est présente sur tous les théâtres de crise, au service de
la stabilité et de la paix. Pour garantir la modernisation et l’équipement de
nos armées, les engagements pris dans la loi de programmation militaire seront
tenus.
Protéger, c’est bien sûr la mission première de toutes les forces de
sécurité. Je demande au ministre d’État, ministre de l’intérieur, de poursuivre
la lutte difficile contre les violences aux personnes et contre tous les trafics
qui les alimentent, en particulier les trafics de drogue. Je lui demande de
mieux protéger nos concitoyens contre les multirécidivistes, en concertation
étroite avec le garde des sceaux, ministre de la justice, qui devra veiller à
l’exemplarité des sanctions et à un suivi plus contraignant de l’exécution des
peines.
L’immigration irrégulière préoccupe de plus en plus nos concitoyens, qui
nous demandent de faire respecter les règles dans l’intérêt de tous. Nos
dispositifs de contrôle doivent être plus efficaces et les éloignements conduits
avec détermination : il n’y a pas de place en France pour l’abus de droit et les
détournements de procédure. J’installerai vendredi prochain le comité
interministériel de contrôle de l’immigration dont j’avais demandé la création.
Le ministre d’État sera chargé de conduire cette action essentielle, en vue de
parvenir ensemble à une immigration choisie.
Notre diversité est une richesse inégalable.
Nos paysages, nos campagnes, nos villages font notre fierté. L’outre-mer
apporte à notre pays l’amitié du proche et le sel du lointain. Pour les
préserver, l’État doit garantir le respect de notre environnement. La lutte
contre le réchauffement climatique sera poursuivie et renforcée grâce à une
politique d’économie d’énergie dans le logement et les transports. Les impacts
négatifs de la pollution sur la santé, en particulier pour les enfants, seront
combattus.
Mais l’État doit assurer également l’égalité des territoires. C’est une
mission de plus en plus importante dans une France qui change, où les gens se
déplacent et où les attentes ne sont plus les mêmes. Dans les villes moyennes,
dans les zones rurales, dans les quartiers, l’État doit faire face à des défis
nouveaux. Je souhaite que les services publics de proximité soient maintenus
lorsqu’il y a un consensus local. Je souhaite également redéfinir la carte des
arrondissements, et renforcer le rôle des sous-préfets : ils doivent être les
premiers représentants de l’État dans tous les lieux de France qui sont
aujourd’hui négligés, les quartiers urbains mal desservis, les régions isolées,
les campagnes.
L’esprit de mission, c’est assurer la continuité du service public, dans
la vie quotidienne des Français comme pour la préservation des intérêts vitaux
de notre pays. Le dialogue social nous permettra de trouver les modalités de
cette continuité, afin de donner des garanties de service aux usagers.
Je voudrais terminer avec notre ambition commune, qui apporte à notre
continent depuis soixante ans la réconciliation et la paix : l’Europe.
Je veux le dire ici avec force : la France, pays fondateur, tiendra
toute sa place au sein de l’Union.
Elle respectera ses engagements. Elle continuera de tirer vers le haut
l’aventure européenne.
L’Europe s’est construite sur l’économie et le pragmatisme. Désormais,
les peuples réclament plus d’humanité, plus de protection : davantage de
sécurité dans leur travail, une attention accrue aux questions d’environnement,
une meilleure défense des valeurs de respect et d’égalité des chances. Le sens
de l’Europe se trouve dans ses valeurs.
Il ne se construit pas par la seule force du marché.
Personne ne peut comprendre que l’Europe ne se donne pas davantage les
moyens de défendre son économie, sa richesse, son emploi. Personne ne peut
comprendre qu’elle ne profite pas davantage des outils qu’elle a su mettre en
place comme l’euro. Nous avons une monnaie forte. Donnons-nous aussi une
politique économique forte. Donnons-nous les moyens de défendre une préférence
européenne, comme le font tous les autres grands blocs économiques. Ouvrons de
nouvelles perspectives comme l’harmonisation fiscale ou l’union avec l’Allemagne
dans des domaines choisis ensemble.
Les Françaises et les Français n’ont pas peur de l’Europe, ils veulent
connaître les règles du jeu et participer à leur définition. Ils ne veulent pas
être laissés à l’écart de décisions qui engagent leur vie quotidienne : je pense
en particulier aux agriculteurs, à tous ceux qui vivent de la terre et qui se
voient imposer des directives contraignantes. Oui, ils reçoivent des aides. Oui,
la politique agricole commune est un atout majeur pour notre pays.
Mais des aides ne remplacent pas le sentiment de dignité ni la
récompense de l’effort.
Les Françaises et les Français n’ont pas peur de l’Europe : ils veulent
savoir où elle va. L’élargissement rapide du continent a surpris nos
compatriotes.
Ils en comprennent la légitimité et la nécessité historiques, mais ils
en craignent les conséquences économiques et sociales. Donnons-nous le temps de
mieux nous connaître et de construire ensemble avec les nouveaux États.
En soixante ans, l’Europe a inventé une alternative à la guerre et aux
rivalités de puissance. Aujourd’hui, il lui appartient d’inventer une
alternative à un monde dominé par la défense des intérêts particuliers et la loi
du plus fort.
L’aventure ne s’arrête pas. Notre rêve européen sortira renforcé des
épreuves.
Oui, la France veut prendre toute sa place dans le monde. Fidèle à son
esprit de solidarité à l’égard de l’Afrique et des pays les plus pauvres. Fidèle
à son exigence de paix, de justice, de dialogue des cultures et de liberté.
Monsieur le président, mesdames, messieurs les députés, aujourd’hui,
notre plus grand risque, c’est l’immobilisme et la division. Notre premier
devoir, c’est le rassemblement. Face à des difficultés sans précédent, j’ai
besoin de vous. Je serai sans cesse à l’écoute de vos propositions, de vos
suggestions, de vos critiques aussi.
Parce que les défis que nous avons à relever exigent autant de
détermination que d’humilité. Parce que, je le sais, chacune et chacun d’entre
vous, au-delà des différences politiques, a chevillé au corps l’intérêt
national. Je veux que les parlementaires de la majorité sachent que le travail
considérable qu’ils accomplissent m’est indispensable.
Tous ensemble, nous allons répondre à l’attente des Français. Aux
parlementaires de l’opposition, je veux assurer que je travaillerai avec eux
dans un esprit constructif.
Et je veux dire, à travers vous qui les représentez, à chaque Française
et à chaque Français que c’est de tout mon cœur et de toutes mes forces que je
me dévouerai à leur service. Je veux leur dire ma confiance dans les atouts,
dans les chances et dans le destin de la France.
Monsieur le président, mesdames, messieurs les députés, conformément au
premier alinéa de l’article 49 de la Constitution, et après y avoir été autorisé
par le conseil des ministres, j’engage la responsabilité de mon Gouvernement sur
cette déclaration de politique générale.
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N° 2361 – Déclaration de politique générale du Gouvernement
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