N° 3806
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ASSEMBLÉE NATIONALE
CONSTITUTION DU 4 OCTOBRE 1958
TREIZIÈME LÉGISLATURE
Enregistré à la Présidence de l'Assemblée nationale le 12 octobre 2011.
AVIS
PRÉSENTÉ
AU NOM DE LA COMMISSION DES AFFAIRES CULTURELLES ET DE L’ÉDUCATION SUR LE PROJET DE LOI de finances pour 2012
TOME V
ENSEIGNEMENT SCOLAIRE
ENSEIGNEMENT PROFESSIONNEL
Par M. Dominique LE MÈNER,
Député.
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Voir les numéros : 3775, 3805 (annexe n° 22).
INTRODUCTION 5
I.- UN BUDGET QUI TRADUIT LA PRIORITÉ ACCORDÉE PAR L’ÉTAT AU FINANCEMENT DE L’ENSEIGNEMENT PROFESSIONNEL 7
A. L’ENSEIGNEMENT PROFESSIONNEL PUBLIC DU SECOND DEGRÉ 8
1. Les dépenses de personnel 8
2. Les dépenses de fonctionnement 9
3. Les dépenses d’intervention 10
B. L’ENSEIGNEMENT PROFESSIONNEL SECONDAIRE PRIVÉ 11
1. Les crédits relatifs aux dépenses de personnel 11
2. Les crédits relatifs aux dépenses de fonctionnement 11
3. Les crédits relatifs aux dépenses d’intervention 12
C. L’ENSEIGNEMENT TECHNIQUE AGRICOLE 12
1. Les crédits afférents aux dépenses de personnel 12
2. Les crédits afférents aux dépenses de fonctionnement 12
3. Les crédits afférents aux dépenses d’intervention 13
II.- L’ATTRACTIVITÉ DE LA VOIE PROFESSIONNELLE 15
A. UN DÉFICIT D’ATTRACTIVITÉ PARADOXAL 15
1. Un déficit d’attractivité : l’orientation vers la voie professionnelle est souvent une orientation par défaut, pour des publics fragiles 15
2. Un déficit d’attractivité paradoxal, qui ne tient pas à la qualité de la formation dans la voie professionnelle, mais à sa réputation 17
a) Un déficit d’attractivité qui ne tient pas aux performances de la voie professionnelle en matière d’insertion sur le marché du travail 17
b) Un déficit d’attractivité qui ne tient pas non plus aux moyens alloués à la voie professionnelle 19
c) Un déficit d’attractivité qui tient principalement à la hiérarchie traditionnelle des valeurs dans notre système éducatif 19
B. UNE POLITIQUE DE RÉNOVATION DE LA VOIE PROFESSIONNELLE QUI MÉRITE D’ÊTRE POURSUIVIE ET APPROFONDIE 20
1. Un regain d’attractivité récent, lié notamment à la « rénovation de la voie professionnelle » mise en œuvre à la rentrée 2009 21
a) Une politique de « rénovation de la voie professionnelle » inscrite dans un plan volontariste de revalorisation du lycée professionnel 21
b) Depuis la mise en place de la réforme, on constate un net regain d’intérêt des élèves pour la voie professionnelle 25
2. Une réforme à poursuivre pour approfondir et pour pérenniser le regain d’attractivité de la voie professionnelle 26
a) Rationaliser l’offre de formations, pour l’adapter à la fois aux besoins des élèves et aux perspectives d’insertion 26
b) Renforcer les liens entre la formation et l’entreprise 30
c) Accompagner les établissements afin qu’ils s’approprient leur nouvelle autonomie 32
d) Organiser la voie professionnelle en une filière complète d’excellence et de réussite 33
e) Mieux informer les jeunes et les équipes pédagogiques des collèges sur la voie professionnelle rénovée 35
TRAVAUX DE LA COMMISSION 39
I.- AUDITION DU MINISTRE 39
II.- EXAMEN DES CRÉDITS 39
ANNEXE : LISTE DES PERSONNES AUDITIONNÉES 55
Comme l’année dernière, la Commission des affaires culturelles et de l’éducation a fait le choix de consacrer, dans le cadre de l’examen du projet de loi de finances pour 2012, un avis spécifique aux crédits destinés au financement de l’enseignement professionnel. Elle marque ainsi l’importance particulière qu’elle attache à la voie professionnelle.
Un examen attentif de l’évolution de cette voie est d’autant plus nécessaire aujourd’hui que celle-ci a fait l’objet d’une réforme mise en œuvre progressivement à compter de la rentrée scolaire 2009.
Cette réforme, présentée comme une véritable « rénovation de la voie professionnelle », a pour ambition d’augmenter le niveau de qualification des jeunes sortant du système scolaire, et poursuit un triple objectif : réduire le nombre de jeunes quittant prématurément le système éducatif – nombre particulièrement élevé dans une voie vers laquelle sont souvent orientés les élèves les plus faibles au collège –, conduire le plus grand nombre d’élèves possible au baccalauréat professionnel plutôt qu’au certificat d’aptitude professionnelle (CAP), et faciliter la poursuite d’études supérieures pour les élèves de la voie professionnelle.
Ainsi, l’échec ou la réussite de la réforme tiennent essentiellement à la capacité de la voie professionnelle à gagner en attractivité. C’est pourquoi le rapporteur pour avis a fait le choix de consacrer une large part du présent avis à l’attractivité de la voie professionnelle.
L’article 49 de la loi organique du 1er août 2001 fixe au 10 octobre la date butoir pour le retour des réponses aux questionnaires budgétaires. À cette date, 69,6 % des réponses étaient parvenues.
I.- UN BUDGET QUI TRADUIT LA PRIORITÉ ACCORDÉE PAR L’ÉTAT AU FINANCEMENT DE L’ENSEIGNEMENT PROFESSIONNEL
Les crédits de l’enseignement professionnel demandés pour 2012 sont inscrits aux programmes n° 141 « Enseignement scolaire public du second degré », n° 139 « Enseignement privé du premier et du second degré » et n° 143 « Enseignement technique agricole » de la mission interministérielle « Enseignement scolaire ».
Présentation par action des crédits de paiement demandés pour 2012
(en euros)
Programme et intitulé de l’action/sous action |
Titre 2 |
Titre 3 |
Titre 6 |
Total demandé |
Loi de finances initiale 2011 |
Évolution 2011/2011 | |
141 |
Enseignement scolaire public du second degré |
4 531 936 614 |
1 928 725 |
27 426 309 |
4 561 291 648 |
4 522 994 574 |
+ 0,8 % |
03 |
Enseignement professionnel sous statut scolaire |
4 071 361 948 |
736 718 |
16 019 119 |
4 088 117 785 |
4 054 101 439 |
+ 0,8 % |
04 |
Apprentissage |
5 904 803 |
1 888 303 |
7 793 106 |
6 242 676 |
+ 24,8 % | |
07 |
Aide à l’insertion professionnelle |
47 238 427 |
5 660 332 |
52 898 759 |
52 419 517 |
+ 0,9 % | |
08 |
Information et orientation |
295 240 171 |
1 192 007 |
296 432 178 |
294 256 452 |
+ 0,7 % | |
09 |
Formation continue des adultes et validation des acquis de l’expérience |
112 191 265 |
3 858 555 |
116 049 820 |
115 974 490 |
+ 0,1 % | |
139 |
Enseignement privé du premier et du second degrés |
759 722 582 |
13 384 |
101 979 596 |
861 715 562 |
863 081 538 |
-- 0,1 % |
05 |
Enseignement professionnel sous statut scolaire |
759 722 582 |
759 722 582 |
760 024 538 |
-- 0,04 % | ||
09 |
Fonctionnement des établissements |
13 384 |
101 979 596 |
101 992 980 |
103 057 000 |
-- 1,0 % | |
143 |
Enseignement technique agricole |
831 922 188 |
5 435 743 |
469 183 092 |
1 306 541 023 |
1 290 980 179 |
+ 1,2 % |
01 |
Mise en œuvre de l’enseignement dans les établissements publics |
618 718 789 |
41 626 600 |
660 345 389 |
650 477 186 |
+ 1,5 % | |
02 |
Mise en œuvre des enseignements dans les établissements privés |
213 203 399 |
342 370 076 |
568 317 140 |
549 246 505 |
+ 3,5 % | |
03 |
Aide sociale aux élèves (enseignement public et privé) |
81 348 845 |
81 348 845 |
81 732 092 |
-- 0,5 % | ||
04 |
Évolution des compétences et dynamique territoriale |
3 837 571 |
3 837 571 |
3 941 289 |
-- 2,6 % | ||
05 |
Moyens communs à l’enseignement technique agricole, public et privé |
5 435 743 |
5 435 743 |
5 583 107 |
-- 2,6 % | ||
Totaux |
6 123 581 384 |
7 377 852 |
578 540 540 |
6 729 548 233 |
6 677 056 291 |
+ 0,8 % |
Source : Commission des affaires culturelles et de l’éducation à partir du projet annuel de performances 2011 de la mission Enseignement scolaire.
Les crédits demandés pour l’enseignement professionnel s’élèvent ainsi à 6,729 milliards d’euros contre 6,677 milliards d’euros en 2011, ce qui représente une hausse de 0,8 %. Ces crédits progressent un peu plus rapidement que ceux de l’ensemble de la mission, en hausse de 0,72 %. Dans un contexte de tensions très vives sur les finances publiques, et compte tenu de l’augmentation significative de ces crédits 2011 (en hausse de 2,09 % par rapport à 2010), cette consolidation des moyens alloués à l’enseignement professionnel permettra de poursuivre la mise en œuvre de la réforme de la voie professionnelle engagée à la rentrée 2009, et témoigne de la priorité que les pouvoirs publics accordent à cette politique.
L’essentiel de ces crédits correspond à des dépenses de personnel : rémunérations, indemnités diverses, heures supplémentaires d’enseignement et crédits de vacation et de suppléance, part employeur des cotisations sociales, prestations sociales diverses (relatives par exemple aux congés de longue durée) et mesures individuelles et d’action sociale.
Numéro et intitulé de l’action |
ETPT 2012 |
ETPT 2011 |
ETPT 2010 |
03 Enseignement professionnel sous statut scolaire |
61 492 |
62 540 |
62 085 |
04 Apprentissage |
80 |
80 |
80 |
07 Aide à l’insertion professionnelle |
725 |
725 |
725 |
08 Information et orientation |
5 248 |
5 250 |
5 250 |
09 Formation continue des adultes et validation des acquis de l’expérience |
1 266 |
1 282 |
1 282 |
Total |
68 781 |
69 877 |
69 422 |
Source : Commission des affaires culturelles et de l’éducation à partir des projets annuels de performances 2010, 2011 et 2012 de la mission Enseignement scolaire
La réduction des plafonds d’emploi porte principalement sur l’action n° 03 du programme, c’est-à-dire sur les postes en lycée professionnel. Elle s’explique par une baisse anticipée des effectifs de ces lycées, effet mécanique de la réforme de la voie professionnelle entreprise en 2009 qui a réduit à trois ans au lieu de quatre la durée du parcours menant au baccalauréat professionnel (cf. infra).
En effet, alors que coexistent aujourd’hui dans les lycées professionnels des cohortes d’élèves effectuant leur scolarité sous l’ancien régime (en quatre ans) et sous le nouveau (en trois ans), la rentrée 2012 verra la fermeture des dernières classes de terminale BEP et la fin de cet effet de gonflement transitoire des effectifs, communément appelé « effet bourrelet ». Ainsi, selon les prévisions fournies au rapporteur par le cabinet du ministre de l’éducation nationale, les lycées professionnels publics devraient voir leurs effectifs passer d’environ 553 200 élèves en 2011 à 519 600 en 2012, soit une chute de 6,1 %, qui aura pour conséquence de réduire les besoins d’effectifs d’enseignants.
Par ailleurs, depuis la rentrée 2011, la mise en œuvre du schéma d’emplois relève d’un dialogue de gestion rénové visant à identifier, pour chaque académie, les meilleurs leviers d’efficience. Le ministère de l’éducation nationale a ainsi procédé avec l’ensemble des recteurs d’académie à une révision complète de l’utilisation des moyens d’enseignement mis à leur disposition avec le double objectif d’améliorer l’efficience de ces moyens et la qualité de l’enseignement. Le fait qu’à la rentrée 2011, on comptait 34 000 enseignants de plus et 500 000 élèves de moins qu’en 1990 peut donner à penser qu’il reste des marges d’efficience dans la gestion du système scolaire.
Les crédits demandés comprennent également une enveloppe de 149,75 millions d’euros consacrée au financement de plusieurs mesures catégorielles contribuant à la revalorisation des métiers d’enseignant et de chef d’établissement, dont 142 millions d’euros pour des mesures nouvelles. Seront ainsi financées la mise en place du régime indemnitaire des personnels exerçant dans les établissements du programme « écoles, collèges et lycées pour l'ambition, l'innovation et la réussite » (ECLAIR, 1,01 million d’euros pour 15 300 bénéficiaires), la refonte du régime indemnitaire des personnels de direction (1,28 million d’euros pour 13 400 bénéficiaires) et la fusion des corps de techniciens de laboratoires et de techniciens de recherche et formation (200 000 euros pour 700 bénéficiaires).
L’action 9 du programme 139 comprend des crédits destinés à financer :
– les dépenses de rémunération des personnels non enseignants des lycées professionnels, sous la forme de « forfaits d’externat » d’un montant moyen de 654 euros par élève en 2012, soit un total de 99,979 millions d’euros, contre 101,12 millions d’euros en 2011 ;
– une participation de l’État aux dépenses pédagogiques des lycées, c’est-à-dire aux frais d’achat de documents pédagogiques (manuels, logiciels, etc.), aux frais de stages en entreprise et aux droits de reproduction d’œuvres protégées, pour 2 millions d’euros, contre 1,92 million d’euros en 2011.
Sur ces fonds, 124,352 millions d’euros sont destinés à financer les lycées privés d’enseignement à temps plein sous contrat, cette dotation étant calculée en fonction de leurs effectifs prévisionnels et par référence au coût moyen d’un élève de lycée public. Les établissements privés « à rythme approprié » voient leur dotation passer de 204,976 à 214,110 millions d’euros en crédits de paiement.
Par ailleurs, 81,348 millions d’euros sont réservés au financement de bourses et d’aides financières diverses aux élèves des lycées publics ou privés – pour un montant quasiment identique à celui inscrit pour 2011 –, et 26,1 millions d’euros sont dédiés au financement de 1 145 postes d’assistants d’éducation dans les établissements publics locaux d’enseignement et de formation professionnelle agricole, ce montant et ce nombre de poste étant inchangé par rapport à 2011.
Les crédits demandés permettront aussi de financer des actions pédagogiques ponctuelles (1,4 million d’euros), les frais de visite médicale des élèves en stage (0,74 million d’euros), les frais de déplacement des enseignants des lycées publics (138 750 euros), le financement du centre national zootechnique de Rambouillet (0,8 million d’euros), les dotations d’investissement et de fonctionnement des lycées agricoles des collectivités d’outre-mer et de Mayotte (847 500 euros), et la réparation des accidents du travail subis par les élèves et les étudiants, pour 2,6 millions d’euros.
II.- L’ATTRACTIVITÉ DE LA VOIE PROFESSIONNELLE
La « voie professionnelle » correspond à la formation professionnelle du second degré. Elle conduit au baccalauréat professionnel (diplôme de niveau IV) et à des diplômes de niveau V – le certificat d’aptitude professionnelle (CAP) et le brevet d’études professionnelles (BEP) –, préparés soit par voie scolaire au lycée professionnel, soit en apprentissage, en alternance en entreprise et en centre de formation d’apprentis (CFA). Elle a accueilli 705 500 élèves en 2010, soit un tiers environ des élèves du second cycle de l’enseignement secondaire.
Pourtant, il s’attache à la voie professionnelle une image dévalorisante qui fait qu’en dépit de bons taux d’insertion dans l’emploi, cette voie n’est choisie le plus souvent que par défaut. C’est pourquoi le Gouvernement a mis en œuvre en 2009 une politique volontariste de rénovation de cette voie, qui vise à réduire le nombre de jeunes qui quittent l’école sans diplôme en les incitant à suivre au moins une formation courte, à élever le niveau de qualification en conduisant un plus grand nombre d’élèves à un diplôme de niveau IV plutôt que de niveau V, et à faciliter la poursuite d’études supérieures en aval du lycée professionnel.
Ces objectifs ne peuvent être atteints que si cette voie gagne en attractivité, à la fois pour les élèves menacés de décrochage, pour ceux qui hésitent à poursuivre au-delà d’un CAP ou d’un BEP, ainsi que pour ceux qui ont l’ambition d’entreprendre des études supérieures. L’attractivité de la voie professionnelle constitue donc un enjeu central pour le succès de la politique de rénovation de cette voie, lui-même crucial pour l’atteinte des objectifs fixés par loi n° 2005-380 du 23 avril 2005 d’orientation et de programme pour l’avenir de l’école : amener 100 % d’une classe d’âge à un diplôme de niveau V au moins, dont 80 % au baccalauréat et 50 % à un diplôme de l’enseignement supérieur.
Le rapporteur pour avis a donc jugé utile d’examiner dans quelle mesure la rénovation de la voie professionnelle a pu en accroître l’attractivité, et dans quelles conditions cette dynamique mérite d’être approfondie et poursuivie.
1. Un déficit d’attractivité : l’orientation vers la voie professionnelle est souvent une orientation par défaut, pour des publics fragiles
● Une orientation par défaut vers la voie professionnelle
Comme les représentants des parents d’élèves l’ont déclaré au rapporteur, les conseils de classe de troisième ont tendance à orienter vers la voie professionnelle les élèves dont ils pronostiquent l’échec en seconde générale et technologique en raison de leur faiblesse dans les matières dites principales et à dissuader les « bons » collégiens de s’y engager, ce qui montre combien les différentes voies de formation restent hiérarchisées dans les représentations.
Cela explique le fort taux d’élèves de la voie professionnelle ayant déjà redoublé une classe : 63 % à l’entrée en seconde et 83,8 % à l’entrée en CAP en 2010 selon les données fournies au rapporteur par le ministère de l’éducation nationale. Un récent rapport du Haut Conseil de l’éducation (1) souligne en outre que le public de la voie professionnelle est en général « très hétérogène : élèves issus d’une classe de troisième, élèves réorientés à partir d’une seconde générale et technologique, jeunes envoyés par la Mission générale d’insertion (MGI) après un parcours de « décrocheur »… ».
● Une orientation par défaut au sein de la voie professionnelle
On observe par ailleurs qu’une part importante des élèves choisit sa spécialité en fonction de l’offre de formation disponible localement, et non en fonction d’un projet professionnel. Leur mobilité géographique est en effet limitée, notamment du fait de leur jeune âge, alors que l’offre de formation est nécessairement hétérogène – il serait difficile de proposer dans chaque bassin de vie toutes les spécialités de baccalauréats et de CAP. Si les internats (ou, pour les élèves majeurs, les résidences et de foyers proches des lycées) peuvent favoriser la mobilité, ils rencontrent certaines limites : selon les associations de parents d’élèves entendus par le rapporteur, les familles vivant en zone urbaine n’ont pas la « culture de l’internat », ce qui peut expliquer que les taux de remplissage n’atteignent que 70 % en moyenne.
Dans son rapport précité, le Haut Conseil de l’éducation constate en outre que l’affectation au sein de la voie professionnelle obéit le plus souvent à une logique de remplissage, qui ne tient pas compte des projets que peut avoir l’élève, « comme si toutes les spécialités étaient interchangeables ».