Participation de Michel Vauzelle à la réunion de l’APM sur le dialogue interreligieux (Rome, 15 décembre 2016)

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Le 15 décembre 2016, l’Assemblée parlementaire de la Méditerranée (APM) a réuni sa 3e commission permanente sur le dialogue entre les civilisations et les droits de l’homme, sous la présidence d’Emma Fattorini, sénatrice italienne, et en présence de Lhou Lmarbouh, président de l’APM. Etaient également présents des délégations parlementaires de 14 pays membres de l’APM (Algérie, France, Grèce, Jordanie, Israël, Italie, Malte, Maroc, Palestine, Portugal, Roumanie, Syrie, Turquie et Tunisie), des représentants de 4 organisations parlementaires régionales (Parlement arabe, Conseil consultatif maghrébin, Assemblée parlementaire de la coopération économique de la mer Noire, Assemblée parlementaire du Conseil de l’Europe), des membres du corps diplomatique de 7 pays (Albanie, Bosnie-Herzégovine, Chypre, Egypte, Israël, Monténégro et Maroc) et Mohammed Abou El-Enein, président honoraire de l’APM (Egypte). La France était représentée par Michel Vauzelle, député (Socialiste, écologiste et républicain) des Bouches-du-Rhône, vice-président de l’APM.

Au cours des deux demi-journées de débat consacré au « dialogue dans la rencontre des cultures et des religions : le rôle de la politique et de l’éducation », la commission a entendu les témoignages de M. Salah Ramadan Al Sayed Abu Nur, imam de la Grande mosquée de Rome, Mme Adele Gambaro, première vice-présidente de la commission de la culture de l’Assemblée parlementaire du Conseil de l’Europe, M. Yahya Pallavicini, président du conseil de l’ISESCO (Organisation islamique pour l’éducation, les sciences et la culture), Mgr Miguel Angel Ayuso, secrétaire du Conseil pontifical pour le dialogue interreligieux (Vatican), M. Ahmed Qostass, directeur des affaires islamiques du ministère des habous et des affaires islamiques du Maroc, M. Abdallah Redouane, secrétaire général du Centre culturel et islamique de la Grande mosquée de Rome, M. Hicham Rachdi, vice-président de la Confédération islamique italienne. Les délégations parlementaires ont échangé sur les expériences nationales et régionales pour lutter contre la radicalisation dans le cadre du dialogue interreligieux et des politiques d’éducation.

M. Michel Vauzelle a fait valoir que dans une période où l’horreur domine en Méditerranée, les populations aspirent au réconfort auquel doivent contribuer les parlementaires en engageant des dialogues apaisés. Les travaux de l’APM sont, là, très utiles et devraient être mieux connus. Il y a une nécessité de nous entendre autour de la Méditerranée pour redonner confiance aux populations. Dans ses rapports avec la religion, la France a d’abord développé une politique révolutionnaire en 1789, puis de laïcité avec la séparation de l’Eglise et de l’Etat en 1905. Elle continuait de porter cependant un message de liberté, d’égalité et de fraternité inspirées de l’Evangile. La France évolue tout en restant attachée à ses valeurs républicaines et au principe de laïcité. On a parlé à nouveau de laïcité en France avec la progression du nombre des citoyens français musulmans. Les quelque cinq millions de musulmans de France posent la question du fonctionnement de nos règles de vie commune, en particulier dans les services publics (écoles, cantines, piscine, port de la burqa). La France se doit de protéger l’Islam et son culte comme tous les autres. Mais cela conduit à nous poser des questions sur notre conception de la laïcité. La laïcité n’est pas un idéal universel. De nombreuses démocraties ont une religion d’Etat.

Aujourd’hui, le racisme ethnique, mais aussi social, nous menacent. C’est sur le terreau d’une jeunesse sans emploi que naît une révolte qui peut être identitaire et religieuse. Pour les responsables politiques français, il y a donc lieu de réfléchir à la façon de repenser la laïcité dans un monde globalisé.

La France a besoin de la Méditerranée pour son destin et son indépendance. Les intellectuels français doivent admettre que le peuple a besoin d’une identité nationale pour éviter de faire le jeu de l’extrême droite. Avec un comportement modeste, la France sera plus forte si elle est proche de ses voisins méditerranéens. Cette exigence de défense de nos libertés culturelles est d’autant plus urgente que la loi de l’argent met de plus en plus en question la priorité de la loi expression de la volonté populaire.