141e Assemblée, proposition point d'urgence FRANCE

Partager

Contenu de l'article

PROTECTION DES POPULATIONS ET SECURITE INTERNATIONALE : DEMANDER L’ARRÊT DE L’OFFENSIVE TURQUE EN SYRIE

Projet de résolution présenté par les délégations de la France, du Royaume-Uni, de l’Allemagne et de la Suisse

La 141e Assemblée de l’Union interparlementaire,

Déplorant l’offensive militaire lancée le 9 octobre 2019 par la Turquie sur le territoire syrien,

S’inquiétant des menaces que fait peser cette action unilatérale sur les efforts de stabilisation de la région qui avait été engagés par la résolution 2254 du 18 décembre 2015 du Conseil de sécurité des Nations unies,

Dénonçant le fait que cette opération accroît les risques de résurgence de Daesh dont la menace reste significative et qu’elle s’attaque à des forces kurdes et arabes qui ont joué un rôle décisif dans la chute du Khalifat,

Profondément inquiète du nombre des victimes civiles entraînées par cette opération, de l’aggravation des déplacements de populations et de la résurgence d’une crise migratoire dans la région, les civils fuyant les théâtres d’opération atteignant déjà le nombre de 100 000 personnes après quatre jours de combat,

Réaffirmant que les retours des réfugiés et des déplacés dans leurs foyers doivent être sûrs, volontaires et dignes lorsque les conditions l’autorisent,

Condamne le recours unilatéral à la force armée, menée sans mandat international, sur le territoire d’un autre État,

Demande à la Turquie de mettre fin à ses opérations militaires sur le territoire syrien, qui offrent à Daesh une opportunité pour reprendre de l’influence dans la région et font craindre que des milliers de combattants terroristes détenus par les forces kurdes et arabes rejoignent des groupes terroristes encore actifs, près de 800 combattants terroristes s’étant déjà enfuis de leurs camps de détention après cinq jours d’offensive,

Appelle toutes les parties à assurer urgemment une protection durable et sans entrave des populations civiles,

Réaffirme qu’une solution durable au conflit syrien ne peut pas être obtenue par la voie militaire mais uniquement par la voie diplomatique et l’engagement de toutes les parties dans le cadre des Nations Unies en conformité avec la résolution précitée 2254.

—*—

POUR LA PROTECTION DES POPULATIONS ET LA SECURITE INTERNATIONALE : STOPPER L’OFFENSIVE TURQUE EN SYRIE

Mémoire explicatif du projet de résolution

Le 9 octobre 2019, le Président de la République de Turquie Recep Tayyip Erdogan a annoncé le début d'une nouvelle opération militaire, baptisée « Printemps de la paix », contre la milice kurde des Unités de protection du peuple dans le Nord-Est de la Syrie.

Cette offensive terrestre en Syrie de l’armée turque et de forces supplétives syriennes s’est accompagnée de frappes aériennes visant plusieurs villes frontalières de la Turquie. Le 12 octobre l’assaut a été lancé, après quatre jours de bombardement, contre la ville de Ras al-Aïn tenue par les forces kurdes. L’Observatoire syrien des droits de l’homme a annoncé que l’armée turque et ses alliés syriens avaient occupé 27 villages syriens.

L’ONU estime au soir du 12 octobre à 100 000 le nombre de civils fuyant les zones de combat. Leur nombre pourrait atteindre rapidement 150 000.

Le nombre de morts se chiffre après quatre jours de combats à plusieurs dizaines de civils et de combattants. Ce chiffre évolue rapidement en raison de la violence et de l’intensité des combats qui rendent difficile la présence d’observateurs.

Cette offensive décidée unilatéralement par la Turquie menace les avancées diplomatiques obtenues par la coalition mondiale contre Daesh à laquelle participe pourtant la Turquie. Cette action accroît en outre l’instabilité de la région et les risques de résurgence de Daesh dont la menace reste significative et s’attaque à des forces kurdes et arabes qui ont joué un rôle décisif dans la lutte contre Daesh.

Cette opération militaire va provoquer de nouveaux déplacements de populations, avec le risque d’aggraver la crise des réfugiés dans la région alors même que le Haut-Commissariat aux Réfugiés des Nations Unies recensait 6,7 millions de réfugiés syriens dans le monde et que la Turquie abrite sur son sol 3,7 millions de réfugiés.