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Entretien avec le directeur Afrique du ministère des affaires étrangères
19 décembre 2017
Le 19 décembre 2017, Charles de la Verpillière, président du groupe d'amitié France-Kenya-Ouganda-Tanzanie, s'est entretenu avec M. Rémi Maréchaux, directeur Afrique du ministère de l'Europe et des affaires étrangères.
Au cours de cet entretien, le directeur Afrique a rappelé les points communs aux trois pays Kenya, Ouganda et Tanzanie, à savoir une forte croissance annuelle supérieure à 6 % depuis 10 ans, le règne de la langue et de la culture swahilie sur cette côte de l’Afrique orientale ainsi que la relance du marché commun de l’EAC Communauté d'Afrique de l'Est aujourd’hui intégrée dans la nouvelle zone tripartite de libre-échange (TFTA) qui réunit 625 millions de citoyens.
S’agissant du Kenya, il a évoqué la décision historique de la Cour Suprême du Kenya, invalidant le 1er septembre 2017 pour irrégularités l’élection présidentielle du 8 août 2017, alors que la commission électorale kényane avait annoncé la victoire d’Uhuru Kenyatta. À la suite de cette invalidation, de nouvelles élections présidentielles ont été organisées, le 26 octobre 2017, dont le candidat invalidé est sorti vainqueur. L’élection de M. Uhuru a été validée par la Cour suprême le 20 novembre 2017. À l’issue des élections générales législatives, sénatoriales et des élections au suffrage universel des gouverneurs des 47 comtés kényans, tenues elles aussi en août 2017, c’est l’ensemble de la classe politique kényane qui a été renouvelé dans le cadre d’un État de droit, depuis la plus haute autorité politique jusqu’aux rouages du système décentralisé, confirmant la nouvelle Constitution de 2010.
M. Rémi Maréchaux a ensuite relevé que le Kenya n’a jamais fait défaut dans le paiement de sa dette extérieure, les besoins d’investissement étant concentrés dans les infrastructures et l’énergie (centrales d’électricité, pipeline) ; il a souligné la culture entrepreneuriale des Kényans, manifestée dans les bons résultats de leur agriculture d’exportation (thé et fleurs coupées) et la réussite sans commune mesure du paiement par mobile (M-pesa). Il a noté l’attachement fondamental des Kényans à l’éducation, le succès de la politique d’alphabétisation des 45 millions d’habitants et le nombre de diplômés émanant des 68 universités qui parsèment le territoire du Kenya. Répondant aux questions du président du groupe d’amitié, le directeur Afrique a également rappelé l’importance stratégique des appartenances aux différentes ethnies luo ou kikuyu, dans les choix individuels de carrière comme dans le jeu des alliances politiques.
Évoquant le passé marxiste de la Tanzanie, longtemps gouvernée par le parti unique et le socialisme agraire du Président Nyerere, M. Maréchaux a souligné l’absence de clivages ethniques dans l’ancienne colonie allemande du Tanganyika, devenue indépendante en 1961, et à laquelle l’île de Zanzibar a été rattachée en 1964. Il a évoqué le projet de pipeline opéré par Total en provenance du Lake Albert (Ouganda) qui devra déboucher en Tanzanie en 2022 sans finalement passer par le Kenya.
En Ouganda, le cinquième mandat du Président Museveni risque de se prolonger par une nouvelle candidature en 2021, grâce à l’amendement à la Constitution ougandaise supprimant la limite d’âge pour être éligible à la Présidence de la République qui vient d’être adopté à une large majorité par le Parlement de Kampala.