Auguste, Marie Bougon

Biographies

Biographie extraite du dictionnaire des parlementaires français de 1889 à 1940 (Jean Jolly)

Né à Noyon le 10 février 1850, mort le 19 juin 1935.

Député proclamé des l'Oise du mai à juin 1902.

Après avoir fait ses études au petit séminaire de Noyon, puis chez les jésuites à Paris, Marie, Auguste Bougon entre à Saint-Cyr en 1868 avec le n° 2 et opte pour la cavalerie. Pendant la guerre de 1870, il fait campagne dans la région de Verdun comme ordonnance, du général Guérin de Waldersbach ; il est blessé, puis nommé lieutenant. Chef d'Etat-major de la, 5e brigade pendant la campagne de Tunisie il est ensuite attaché à l'Etat-major de la 31e division puis est nommé sous-directeur des. études et professeur-adjoint d'art militaire à l'Ecole de Saumur (1885-1886). Major au 8e cuirassiers, puis chef d'Etat-major de la 2e division de cavalerie, il est promu lieutenant-colonel en 1892 et colonel en 1896. La même année il commande l'escorte du tsar Nicolas Il lors de sa visite à Paris. Il est désigné en 1898 par le général Saussier comme juge au conseil de guerre qui allait acquitter à l'unanimité le commandant Esterhazy poursuivi pour trahison. Comme les autres membres de ce tribunal militaire, il est accusé par Emile Zola d'avoir acquitté sciemment un coupable. Cela ne l'empêche d'ailleurs pas d'être inscrit au tableau d'avancement pour le grade de Général par le Ministre de la Guerre, le général de Galliffet. Mais au cours d'une réception donnée par le successeur de celui-ci, le général André, Bougon insulte publiquement un officier « dreyfusard ». Immédiatement, le Ministre le transfère de Paris à Batna.

Un an après, il est placé à la tête du 9e régiment de chasseurs, à Auch. Ayant alors 34 ans de service, il demande sa mise à la retraite. Sans attendre que celle-ci soit liquidée il se présente à la députation à Compiègne, son arrondissement d'origine, aux élections générales des 27 avril et 11 mai 1902.

Il fait campagne simultanément contre le candidat radical, le député sortant Charles Noël et contre celui des droites, le Marquis de l'Aigle qui se retire bientôt. Appuyé par le journal Le Progrès de l'Oise, il se présente comme républicain libéral et progressiste, se réclame de Méline et de Ribot, et promet de s'occuper activement de la question sucrière, si importante pour son arrondissement. Sa campagne électorale est extrêmement onéreuse. Son adversaire affirme qu'il émarge librement à la Caisse électorale de Piou. Il se dépense sans compter prononçant 180 conférences au cours desquelles l'affaire Dreyfus est fréquemment évoquée. Il obtient l'appui du clergé, notamment de l'archiprêtre de Noyon. Quelques jours avant le scrutin, ses partisans, accompagnés d'officiers démissionnaires s'attaquent à son adversaire Noël, tentent de le jeter à la rivière et blessent un de ses amis. La présence de Bougon sur les lieux sera jugée suspecte par le 7e bureau de la Chambre. Noël est une seconde fois attaqué. Au premier tour de scrutin Bougon vient en tête avec 11.220 voix contre 10.927 à Noël et 722 à Hulot. Ce dernier s'étant désisté au profit du candidat radical, la campagne redouble d'acharnement. Le rapport d'élection rédigé par Hubbard au nom du 7e bureau relate des faits de corruption électorale, de menaces à des fonctionnaires, de pressions patronales en faveur de Bougon.

' La Commission de recensement lui attribue 11.670 voix au deuxième tour de scrutin soit 8 de plus que son concurrent et le proclame élu. Mais il y a douze bulletins de plus que de noms émargés. Aussi à une forte majorité le 7e bureau conclut-il à l'annulation de l'élection. La Chambre, le 30 juin, malgré un exposé de Ribot tendant à valider le candidat proclamé, adopte cette conclusion. L'élection partielle du 28 septembre 1902 qui est la conséquence de cette décision est défavorable à Bougon. Noël est élu avec 152 voix de majorité. Bougon échoue de même aux élections sénato-Tiales de 1906. Aux élections législatives de la même, année son adversaire Butin l'emporte au premier tour de scrutin avec une majorité de 1.500 voix. Il renonce alors à la vie politique.

Mais il reprend du service pendant la guerre de 1914-1918, en qualité de colonel, malgré qu'il ait atteint l'âge de 64 ans. Il mourra dix-sept années plus tard, à 85 ans.

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