Biographies
Biographie extraite du dictionnaire des parlementaires français de 1789 à 1889 (Adolphe Robert et Gaston Cougny)
Député à l'Assemblée constituante de 1789, né à Semur (Généralité de Bourgogne, France). le 20 novembre 1727, mort à Paris, le 13 décembre 1793, il était le fils de la célèbre marquise Gabrielle-Emilie du Châtelet, qui fut l'amie et la compagne de Voltaire.
Il entra de bonne heure au service, sous les auspices de son père, le marquis du Châtelet-Lomond, lieutenant général, d'une grande famille de Lorraine. Colonel à seize ans, il fut blessé à la bataille d'Hastembeck, où se distingua le régiment de Navarre qu'il commandait. Après avoir été « menin» du Dauphin - on appelait ainsi, dans l'ancienne France, les six gentilshommes spécialement attachés à la personne de ce prince, - puis chambellan du roi Stanislas, ambassadeur à Vienne et à Londres (1761), chevalier des ordres du roi (1764), après avoir joint au titre de duc, qu'il reçut en 1777, ceux de comte de Ligny-en-Barrois, seigneur de Chamblay (Thiancourt), etc., il refusa la place de chef du conseil des finances, mais accepta le grade de lieutenant général et les dignités de gouverneur général de Toul et Toulois, de gouverneur de Pont-à-Mousson, et de « colonel du régiment du roi. »
La mort du maréchal de Biron ayant laissé vacante la place de colonel des gardes françaises, elle fut encore accordée au duc du Châtelet. Cette nomination fut mal accueillie, par les soldats, qui, trés attachés à leur ancien chef et à sa famille, auraient voulu, a-t-on dit, lui voir donner pour successeur le duc de Lauzun, héritier de son nom et de son titre. Le duc du Châtelet mit le comble au mécontentement de ses troupes par les réformes imprudentes qu'il voulut introduire dans le régiment, et par la discipline nouvelle qu'il prétendit lui imposer.
Elu, le 16 mars 1789, député de la noblesse aux Etats généraux par le bailliage de Bar-le-Duc, du Châtelet siégea à droite, tout en faisant aux idées nouvelles quelques timides concessions.
Dans la nuit du 4 août, il vota pour le remboursement de la dîme et de tous les droits féodaux sur le pied d'une juste estimation, et souscrivit à l'abolition des corvées et des servitudes personnelles. (Il était d'avis que le rachat des droits féodaux serait tout à l'avantage des titulaires). Il soutint que tous les ministres du roi devaient être responsables de leur gestion, et proposa d'adopter, à leur égard le warrant d'Angleterre. « Cet ordre, dit-il, est une garantie que contracte le secrétaire d'Etat envers celui contre qui il est donné. » Il s'opposa à l'expropriation du clergé, tout en proposant l'affectation, au payement de la Dette, de 400 millions de biens ecclésiastiques. Pour le reste, il suivit les opinions de son ordre, réclama pour le roi le droit de paix et de guerre, fut d'avis qu'on négociât avec le pape la question de la souveraineté d'Avignon, etc.
Au surplus, il ne tarda pas à se montrer tout à fait opposé aux progrès de la révolution. Une liste découverte dans les papiers de la reine et sur laquelle figurait le duc du Châtelet, acheva de le rendre suspect ; il fut arrêté en Picardie, traduit devant le tribunal révolutionnaire, et condamné à la peine capitale. Il essaya vainement de se donner lui même la mort dans sa prison, et fut exécuté à Paris, le 13 décembre 1793.