Marc, Guillaume, Albert Vadier
1736 - 1828
Député en 1789, membre de la Convention, né à Pamiers (Généralité d'Auch) le 17 juillet 1736, mort à Bruxelles (Pays-Bas) le 14 décembre 1828, il était conseiller au présidial de Pamiers avant la Révolution.
Ennemi des abus, il avait dénoncé les exactions de certains administrateurs, et soutenu à ses frais un procès en faveur du bureau des pauvres et de l'hôpital dont les revenus étaient dilapidés; il se montra donc dès le début ardent partisan des réformes.
Elu, le 9 avril 1789, député du tiers-état de la sénéchaussée de Pamiers aux Etats-Généraux, il siégea d'abord obscurément dans la majorité, mais, après la fuite de Varennes, il traita Louis XVI de « brigand couronné », demanda sa déchéance, et proposa de le traduire devant la Haute Cour nationale ; le surlendemain, il déclara d'ailleurs qu'il détestait le système républicain, et jura de défendre la monarchie constitutionnelle.
Devenu juge au tribunal de Mirepoix, il fut réélu, le 3 septembre 1792, député de l'Ariège à la Convention, le 1er sur 16, par 235 voix par 813 votants. Il prit place à la Montagne, et, dans le procès du roi, répondit au 2e appel nominal : « Je suis le premier qui ait eu le courage de donner ma voix pour nommer une Convention nationale, ici, à l'Assemblée constituante, pour juger le tyran, et je le croyais alors aussi scélérat qu'il l'est aujourd'hui, et sans doute on ne me donna pas des guinées pour faire cette motion, puisqu’alors il n'y avait que des épices pour les réviseurs, et des dragées mortifères pour le peuple du Champ-de-Mars ; je dis non » ; et au 3e appel nominal : « Je vote pour la mort, je ne suis ici qu'applicateur passif de la loi. » Il vota également contre le sursis.
Très ardent contre les Girondins, puis contre Camille Desmoulins et Danton, il entra au comité de sûreté générale (14 septembre 1793), en devint président, et fit à cette occasion un discours exalté qui lui valut la présidence en chef des Jacobins. Il fut un des dénonciateurs de la « conspiration des prisons », et, chargé du rapport sur la prétendue conspiration de Catherine Théot et de dom Gerle, attaqua vivement Robespierre qui ne voyait là qu'une affaire ridicule, et qui sauva les accusés.
Vadier fut un des agents les plus actifs du 9 thermidor, et, ce jour-là, reprocha à Robespierre d'avoir défendu Chabot, Camille Desmoulins, Danton, Catherine Théot. Dénoncé, un mois après, par Lecointre, il parut à la tribune, un pistolet à la main, et menaça de se tuer si la Convention ne rendait pas justice « à ses soixante ans de vertu ». La dénonciation de Lecointre fut écartée. Mais, en frimaire suivant, Lecointre la reproduisit à la tribune avec pièces à l'appui, et elle fut renvoyée cette fois à l'examen des trois comités de gouvernement. Le rapport de Merlin (de Douai) conclut (7 nivôse) qu'il y avait lieu à poursuivre ; on décréta la nomination d'une commission de 21 membres pour examiner les faits imputés ; le rapport de Saladin, du 12 ventôse an III, demandait le renvoi devant le tribunal, quand survint le mouvement du 22 germinal. Impliqué dans cette affaire, Vadier fut condamné à la déportation ; mais, lorsqu'on se présenta à son domicile pour l'arrêter, il avait disparu et l'on dut se contenter de mettre les scellés sur ses meubles.
Il resta caché à Paris jusqu'en mai 1796, et, compromis de nouveau dans la conspiration de Babeuf, fut traduit devant la Haute Cour de Vendôme ; son fils demanda à le défendre devant ce tribunal, qui d'ailleurs prononça son acquittement. Mais le Directoire le fit maintenir en prison, en vertu de l'ancien arrêt de déportation qui l'avait frappé, et transporter à Cherbourg pour être envoyé à Cayenne au premier départ. Il y resta quatre ans, et fut rendu à la liberté par le gouvernement consulaire.
Il vécut à Paris jusqu'en 1807, et à cette époque, dut quitter cette ville pour fuir la suspicion de la police ; il se fixa à Toulouse ; c'est là qu'il signa, aux Cent Jours, l'Acte additionnel.
Frappé par la loi du 12 janvier 1816 contre les régicides, il se réfugia à Mons, puis à Bruxelles ; des rapports de police prétendirent alors qu'il n'était pas parti et qu'il se cachait sous le nom de Truffo dans le département des Pyrénées-Orientales ; mais ces rapports sont contredits par des lettres qui restent de Vadier, et qui sont datées de Mons, en avril 1816.
Il mourut à 93 ans.