Robert Abdesselam

1920 - 2006

Informations générales
  • Né le 27 janvier 1920 à El-Biar (Algérie)
  • Décédé le 26 juillet 2006 à Paris (Paris - France)

Mandats à l'Assemblée nationale ou à la Chambre des députés

Régime politique
Cinquième République - Assemblée nationale
Législature
Ire législature
Mandat
Du 30 novembre 1958 au 3 juillet 1962
Département
Anciens départements d'Algérie
Groupe
Unité de la République

Fonds d'archives

Le fonds Robert Abdesselam, qui représente 3,3 mètres linéaires, est conservé par le Centre d’histoire de la Fondation nationale des sciences politiques sous la cote ABD. Il a été donné en 2007. Ces archives concernent les activités parlementaires de Robert Abdesselam. Elles couvrent la période 1957-1963 et sont décrites dans un répertoire numérique détaillé. Leur consultation est soumise aux délais fixés par le code du patrimoine. Le Centre d'histoire de Sciences po conserve également des archives non classées sur ses activités d'avocat, de vice-président de l'assemblée de l'Union de l'Europe occidentale et ses actions associatives en faveur des rapatriés. De plus amples renseignements sur ce fonds sont disponibles sur le site Internet du Centre d’histoire

Biographies

Biographie de la Ve République

ABDESSELAM (Robert)
Né le 27 janvier 1920 à El-Biar (Algérie)
Décédé le 26 janvier 2006 à Paris

Député d’Algérie de 1958 à 1962

Robert Saadi Abdesselam est né le 27 janvier 1920 à El-Biar, banlieue d’Alger prisée dès la deuxième moitié du XIXe siècle par les touristes anglais. Il est le fils de Mehana Abdesselam, avocat à Paris, qui bénéficie du statut de droit commun, et d’Henriette Tedeschi, artiste-peintre, tous deux de confession chrétienne.

Robert Abdesselam fait ses études au lycée d’Alger puis au lycée Janson-de-Sailly, avant de suivre les cours de l’Ecole libre des sciences politiques et d’obtenir une licence de droit à la faculté de Paris tout en commençant une carrière très prometteuse de joueur de tennis : double champion de France (1937, 1938), il est ensuite champion du monde universitaire en 1939.

Comme c’est le cas pour nombre de jeunes gens de sa génération, la guerre bouleverse le cours de son existence. Il est mobilisé en 1940 puis démobilisé l’année suivante. Mais il se réengage. En 1943, il est attaché au cabinet du général Mast, devenu résident général en Tunisie après le débarquement allié en Afrique du Nord. Il participe ensuite à la campagne d’Italie en tant qu’engagé volontaire et sert dans le corps expéditionnaire français en tant qu’officier de liaison du corps expéditionnaire allié. Pour son action dans le cadre du conflit, il reçoit de nombreuses décorations. Chevalier puis commandeur de la légion d’honneur, il est également porteur de la Croix de guerre (1939-1945), ainsi que de la Bronze Star décernée par l’armée américaine pour fait de bravoure au combat. Il est lieutenant de cavalerie de réserve. Il est également officier du Nichan Iftikhar, ordre honorifique tunisien, et chevalier du Ouissam Alaouite, ordre honorifique marocain.

Après la guerre, il reprend le cours de ses études et de sa carrière sportive internationale. Actif sur les courts de tennis jusqu’en 1956, il atteint son meilleur niveau au tournant des années 1940 et 1950 : il compte 21 matchs joués pour l’équipe de France en Coupe Davis entre 1947 et 1953. Parmi son palmarès, citons un quart de finale à Roland Garros (1949) et un huitième de finale à Wimbledon (1947). Parallèlement à la pratique du sport de haut niveau, il devient avocat à la cour d’Alger.

La guerre d’Algérie le conduit à s’engager directement en politique. Robert Abdesselam est en effet profondément attaché au maintien d’un lien étroit entre l’Algérie et la France. Il estime que les différentes communautés sont animées par un profond désir de vivre-ensemble, que la métropole ne doit pas méconnaître, et que le nationalisme algérien, tout comme le Front de libération nationale (FLN), sont instrumentalisés par les puissances communistes dans le but de déstabiliser l’Occident.

Son implication dans le conflit algérien est dicté par ces analyses. Il intègre d’abord la délégation française aux Nations-Unies pour la XIe session de janvier à février 1957 dans une période où la question algérienne y est de plus en plus débattue. Il rejoint ensuite comme conseiller technique le cabinet de Cherif Sid Cara, secrétaire d’Etat à l’Algérie dans les gouvernements Bourgès-Maunoury (19 juin-18 novembre 1957) et Gaillard (18 novembre 1957 – 15 avril 1958). Alors que l’histoire s’accélère avec le putsch du 13 mai 1958, Robert Abdesselam intègre le comité de salut public : il est chargé par le général Salan d’une mission d’information en métropole qui l’amène à rencontrer le président de la République, René Coty.

Avec la Ve République, son engagement politique devient électoral : il est candidat aux législatives de novembre 1958 sur la liste d’Action pour l’Algérie française et la promotion musulmane pour l’intégration aux côtés de Marc Lauriol, Philippe Marçais et Nafissa Sid Cara. Il fait campagne pour le maintien d’un lien étroit entre l’Algérie et sa métropole non seulement sur le plan institutionnel, mais aussi social et culturel. Au soir du 30 novembre 1958, cette liste obtient 31,83 % des voix, devançant de moins de 2 000 voix la liste Union nationale pour l’intégration et le renouveau (UNIR). Robert Abdesselam devient alors député de la 2e circonscription d’Alger (dite Alger-banlieue). Il exerce son mandat jusqu’au 3 juillet 1962, date à laquelle celui-ci prend automatiquement fin à la suite de l’accession de l’Algérie à l’indépendance comme c’est le cas pour l’ensemble des parlementaires élus dans les départements algériens et sahariens.

A l’Assemblée nationale, il appartient d’abord à la Formation administrative des élus d’Algérie et du Sahara avant de rejoindre, en juillet 1959, le groupe parlementaire « Unité de la République » (par la suite renommé « Regroupement national pour l’unité de la République ») qui regroupe, par-delà la diversité des positions, les députés opposés au processus de décolonisation et dont la circonscription se trouve, dans la très grande majorité des cas, en Algérie.

Pour Robert Abdesselam, les affrontements en Algérie sont l’une des illustrations de la Guerre froide, ce qui, en cas d’indépendance de l’Algérie, conduirait à un accroissement de la menace communiste en Europe. Il ne cesse de considérer que le FLN est une organisation extérieure à l’Algérie, étrangère au sentiment de la majorité de la population et téléguidée par les puissances communistes. Il est attaché à l’idée d’un grand ensemble unissant l’Afrique et l’Europe, ce qui l’amène, au-delà de son engagement sans trêve en faveur de l’Algérie, à militer en faveur de la construction européenne par l’intégration du Royaume-Uni à la Communauté économique européenne (CEE) ou encore pour le renforcement de l’Alliance atlantique et de la présence militaire américaine en Europe. Il considère en effet des communautés rassemblant plusieurs nationalités comme le rempart contre des relations internationales marquées du sceau de l’anarchie, qui conduirait au chaos politique et à la misère économique et, in fine, à l’avènement de régimes communistes.

Il siège alors à la commission des affaires étrangères de l’Assemblée dont il est très régulièrement le secrétaire (1958-1959, 1960-1961, 1962). Ses fonctions de représentant à l’Assemblée consultative du Conseil de l’Europe et au Parlement européen reflètent un engagement en faveur de la construction européenne plusieurs fois réitéré. Entre 1959 et 1961, il est vice-président de l’assemblée de l’Union de l’Europe Occidentale.

Si Robert Abdesselam dépose, le 19 mai 1961, avec plusieurs de ses collègues, une proposition de loi tendant à déterminer les conditions dans lesquelles est fixé le montant du plafond des cotisations de sécurité sociale, l’essentiel de son activité de parlementaire a trait, sous des modalités diverses, à la question algérienne et, plus largement, à la place de la France dans le monde. Il est membre de la Commission d’élus pour l’étude des questions algériennes et de la Commission spéciale du Règlement. Il siège également au sein de la Commission chargée d’examiner une demande de levée de l’immunité parlementaire de son colistier Marc Lauriol, également député d’Alger, qui, le 23 avril 1961, a lu au micro de Radio-France à Alger une déclaration favorable aux généraux putschistes ; à ce titre, celui-ci est accusé de complicité dans la provocation à un crime contre la sûreté de l’Etat. Robert Abdesselam est alors le représentant de son collègue et, bien que les deux hommes ne partagent pas les mêmes approches de la question algérienne, il conteste la levée de son immunité parlementaire aussi bien sur le plan juridique que d’un point de vue politique. De fait, à l’Assemblée nationale, l’affaire donne lieu en juin 1961 à une vive controverse.

A la tribune, Robert Abdesselam est un député attentif aux questions juridiques et soucieux des prérogatives du Parlement. A ses yeux, le combat en faveur de l’Algérie française est avant tout politique et l’usage des armes ne saurait se faire que dans le cadre républicain. Cela l’amène à s’opposer à la « semaine des barricades » (24 janvier – 1er février 1960) mais à signer avec vingt-six autres parlementaires un texte appelant à la lutte totale contre le FLN. C’est également dans cette perspective que, le 9 novembre 1961, il vote en faveur d’un amendement proposé par Jean Valentin, député de la Charente, qui se propose de ramener le service militaire à dix-huit mois tout en prévoyant d’appeler sous les drapeaux tous les citoyens français appartenant à la disponibilité et à la première réserve, domiciliés dans les départements d’Algérie. C’est reprendre une proposition formulée par le général Salan, chef de l’Organisation armée secrète (OAS), le 11 septembre 1961. Au total, quatre-vingt parlementaires votent en faveur de ce texte dont trente-quatre appartiennent au groupe « Unité de la République ».

Le 4 mai 1960, Robert Abdesselam est victime à Paris d’une tentative d’assassinat directement en lien avec le drame algérien. Sous protection policière depuis 1957, il quitte ce matin-là son domicile lorsque deux hommes ouvrent le feu. Le gardien de la paix Jean Parachey est tué et le député gravement blessé par plusieurs tirs. Il en conservera des séquelles à vie. L’un des agresseurs, membre du FLN, sera par la suite arrêté et condamné à mort.

Devant l’enlisement du conflit algérien et la radicalisation progressive des positions des deux camps, les propositions tout à la fois pondérées mais toujours en faveur du maintien d’un lien étroit entre l’Algérie et la France peinent à trouver leur place. C’est ainsi que Robert Abdesselam se résout à la perspective d’une autodétermination de l’Algérie voire à l’existence d’un Etat algérien associé à la France sans considérer, comme il souligne à la tribune de l’Assemblée nationale à l’automne 1961, que l’indépendance soit une fatalité. Ainsi, en avril 1962, il se montre particulièrement critique à l’égard des accords d’Evian. Il en dénonce tout particulièrement les implications pour les soldats algériens du contingent et pour les Européens d’Algérie et se décide à appeler à voter blanc au référendum du 1er juillet.

En novembre 1962, investi par le Rassemblement démocratique, Robert Abdesselam se présente dans la 20e circonscription de Paris (16e arrondissement) affrontant le député Union pour la nouvelle République (UNR), Michel Habib-Deloncle, qui l’emporte facilement, frôlant la réélection dès le premier tour avec 49,81 % des voix. Son échec signe la fin de sa carrière politique. Il demeure néanmoins investi dans les associations de rapatriés. Il est par ailleurs le secrétaire général de l’Amicale des anciens élus d’Algérie dont l’objet est d’aider à la réinstallation en France de tous les anciens élus (parlementaires, conseillers généraux et conseillers municipaux) qui ont dû quitter l’Algérie.

Par la suite, l’ancien député poursuit plus ponctuellement son militantisme en faveur des rapatriés et de ceux qui ont lutté pour l’Algérie française. En octobre 1979, il siège ainsi dans la Commission nationale chargée de l’étude des problèmes des Français musulmans, aux côtés d’universitaires et de hauts-fonctionnaires se réclamant de ces deux cultures, dans une période où l’intégration des nouvelles générations de Français de culture musulmane devient une question politique qui passe au premier plan.

Dès 1963, alors qu’il a quitté la politique active, Robert Abdesselam prend des responsabilités au sein de la Fédération française de tennis (FFT) en présidant la commission sportive avant d’être vice-président de la FFT (1968) puis de rejoindre la Fédération internationale de tennis tout en exerçant comme avocat à la Cour d’appel de Paris, participant par exemple au développement du groupe Lacoste. Célibataire, il s’éteint le 26 janvier 2006 à Paris.