Charles, Marie, Tanneguy Duchatel
1803 - 1867
- Informations générales
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- Né le 19 février 1803 à Paris (Seine - France)
- Décédé le 5 novembre 1867 à Paris (Seine - France)
1803 - 1867
Député de 1833 à 1848, et ministre, né à Paris le 19 février 1803, mort à Paris le 5 novembre 1867, fils de Charles Duchâtel (1751-1844) - député aux Cinq-Cents -, il se fit recevoir avocat, et collabora, à la fin de la Restauration, à la rédaction du Globe, où il traita les questions économiques. Son Traité de la charité dans ses rapports avec l'économie sociale, dans lequel il préconise la doctrine de Malthus, le fit remarquer (1829). Ses opinions libérales lui valurent, du gouvernement issu de la révolution de Juillet, le titre de conseiller d'Etat et la croix de la Légion d'honneur.
Le 21 février 1833, le 4e collège électoral de la Charente Inférieure (Jonzac) l'envoya siéger à la Chambre, à la place de son père, nommé pair de France, par 234 voix sur 247 votants et 362 inscrits. Il prit place au centre, parla sur le budget et sur la créance de 25 millions réclamée par les Etats-Unis (1834). Cette question ayant amené la dislocation du ministère, M. Duchâtel entra dans le nouveau cabinet (4 avril 1834) avec le portefeuille de l'Agriculture et du Commerce, et, soumis par ce fait à la réélection, vit confirmer son mandat législatif, le 14 mai 1834, par 154 voix sur 165 votants. La dissolution de 25 mai ne lui permit pas d'être reçu à la Chambre.
Il devait être réélu aux élections générales du 21 juin 1834, par 211 voix sur 256 votants et 344 Inscrits, contre 35 voix à M. de Saint-Légier. Le même jour, il fut également élu dans le 5e collège du même département (Marennes) avec 108 voix sur 215 votants et 273 inscrits, contre 103 voix à M. Senné.
À la Chambre, il proposa et défendit les projets de loi sur les douanes et sur les caisses d'épargne, quitta le ministère (10 novembre 1834) avec ses collègues, lors de la formation du cabinet Bassano, dit ministère des trois jours, reprit le portefeuille de l'agriculture dans le cabinet reconstitué sous la présidence du duc de Trévise (18 novembre), et le conserva jusqu'à la chute du cabinet (21 février 1836).
L'avènement d'un nouveau ministère (6 septembre 1836) donna à M. Duchâtel le portefeuille des Finances. A cette occasion, il écrivait à l'un de ses amis la lettre suivante (17 septembre) :
« Nous voici attelés de nouveau à la charrue ; j'ai bon espoir et ferme confiance. Thiers a fait des fautes inouïes, ses amis les plus chauds en conviennent maintenant ; le plus grand nombre de ses anciens partisans l'a abandonné. Je n'étais pas désireux de rentrer si tôt dans les affaires, mais l'honneur ne me permettait pas d'abandonner le roi dans une question où nous partagions complètement son avis, Cet avis du reste est celui de l'immense majorité du public. Le roi, à l'insu duquel on a mené toute cette affaire espagnole, n'avait entendu à aucune soumission. Adieu, mon cher ami ; nous avons besoin de compter sur des amis tels que vous; vous êtes un bataillon serré. Quand on est soutenu par des hommes honorables et justement considérés, on a confiance dans le succès et l'on attend sans crainte les mauvaises chances. »
Comme ministre des finances, M. Duchâtel discuta la question financière de l'intervention en Espagne, créa une caisse spéciale pour les travaux extraordinaires, transporta les fonds de la caisse d'épargne à la caisse d'amortissement, et déposa un projet de dégrèvement du sucre fabriqué dans les colonies. Il remplit, du 6 septembre au 15 octobre 1836, l'intérim du ministère de l'Agriculture, et se retira du cabinet, le 15 avril 1837, avec M. Guizot. Il avait soutenu à la tribune les projets de modifications du Code forestier, et pris une part importante à l'établissement des chemins de fer.
Sa seconde nomination au ministère de l'Agriculture et du Commerce avait nécessité sa réélection (18 décembre 1834), obtenue avec 132 voix sur 229 votants et 286 inscrits, contre 88 voix à M. Senné ; il avait été également réélu, le 13 octobre 1836, après son entrée au ministère des Finances.
Lors de la dissolution de la Chambre provoquée par le ministère Molé (3 octobre 1837), il fut réélu (4 novembre) par 264 voix sur 289 votants et 423 inscrits, fut nommé vice-président de la Chambre, et fut un des chefs les plus actifs de la coalition. Il devait être à nouveau réélu aux élections générales du 2 mars 1839.
Il accepta, lors de l'émeute des 12 et 13 mai 1839, le portefeuille de l'Intérieur dans le cabinet Soult (12 mai), avec mission de rallier la majorité ; mais le rejet par la Chambre de la dotation demandée pour le duc de Nemours mit le cabinet en froid avec le roi, qui organisa le ministère du 1er mars (1840). M. Duchâtel se trouva momentanément rejeté dans l'opposition ; mais la chute du cabinet du 1er mars, trop belliqueux pour le roi, ramena M. Duchâtel, dès le 29 octobre, au ministère de l'Intérieur, dans le nouveau cabinet présidé par le maréchal Soult. Ces deux nominations avaient provoqué deux réélections, et le ministre avait été réélu, le 8 juin 1839, par 197 voix sur 208 votants, et, le 5 décembre 1840, par 242 voix sur 258 votants.
À la Chambre, il déposa et défendit un projet de monument à Molière, des projets sur l'organisation des archives publiques, sur l'entrée des livres étrangers, sur l'acquisition de l'hôtel de Cluny, sur les expériences de télégraphie de nuit, sur la translation des cendres de Napoléon, sur la construction de nos grandes lignes de chemins de fer, etc.
Dévoué à la politique de M. Guizot, si hautaine dans la forme, mais si peu dédaigneuse au fond, des petites manœuvres et des abus d'influences capables de la soutenir, M. Duchâtel laissa traiter sans ménagement les condamnés politiques, répondit aux demandes de réformes que « le pays était satisfait », et usa largement de la candidature officielle. Les mœurs électorales du moment se reflètent dans la réponse qu'il adressait, le 9 septembre 1846, à M. Denis, candidat malheureux à Toulon aux élections du 1er août précédent, et qui se plaignait vivement au ministre de son insuccès :
« Mon cher ancien collègue, j'ai beaucoup regretté votre échec aux élections dernières. Nous vous avions sincèrement et nettement soutenu. Nous n'avons pas pu, il est vrai, prendre quelques mesures désirées par vous ; à mon avis, elles étaient exorbitantes et auraient gravement compromis le gouvernement. MM. Portalis appartiennent comme vous à l'opinion conservatrice ; nous ne pouvons pas substituer des questions de personnes aux questions de principes. Le corps électoral a prononcé. Nous ne pouvons pas, à notre grand regret, nous exposer à un nouvel échec pour soutenir votre candidature contre une candidature de même couleur. L'intérêt de la politique conservatrice passe avant toute autre considération. »
Aux deux élections générales qui eurent lieu durant son ministère, M. Duchâtel fut réélu, le 9 juillet 1842, par 295 voix sur 381 votants et 456 inscrits, contre 78 voix à M. Delajus, et, le 1er août 1846, par 399 voix sur 463 votants et 570 inscrits, contre 32 voix à M. de Saint-Légier.
La révolution du 24 février 1848 renversa le ministère et la monarchie. Associé à l'impopularité de M. Guizot, M. Duchâtel crut devoir passer en Angleterre : il en revint quelques mois après, et ne s'occupa plus de politique.
Le comte Duchâtel était membre de l'Académie des sciences morales et politiques (1842), et membre libre de l'Académie des Beaux-Arts (1846). Sa grande fortune lui permit de réunir une belle collection de tableaux, dont les plus remarquables ont été légués par lui au musée du Louvre.
Grand-croix de la Légion d'honneur (29 octobre 1846).
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