Maximilien, Antoine, Albert Carnaud
1863 - 1937
Né le 6 juillet 1863 à Paris, mort le 5 novembre 1937 à Marseille (Bouches-du-Rhône).
Député des Bouches-du-Rhône de 1894 à 1910.
Fils de Jean-Baptiste Carnaud et de Marie Watripon, artistes lyriques, Maximilien Carnaud fut orphelin de bonne heure et dut se mettre au travail, dès l'âge de 15 ans, comme garçon de courses dans une maison de commerce. Mais il poursuivit fort courageusement ses études et, en 1880, il était nommé instituteur dans les Bouches-du-Rhône.
Il milita bientôt dans le parti socialiste et fut élu conseiller municipal de Marseille en 1886, réélu et nommé adjoint au maire en 1892. En 1891, il s'était présenté au Conseil général dans le canton de Gardanne et avait échoué, mais six mois plus tard, il était élu conseiller général du septième canton de Marseille. Aux élections générales législatives de 1893, il se présente dans la première circonscription de Marseille contre Paul Peytral, Ministre des Finances du Cabinet Charles Dupuy. Il n'obtient que 1.803 voix contre 7.353 à son adversaire. En outre, il est traduit devant le Conseil départemental de l'Instruction publique pour avoir défendu des théories collectivistes et il est révoqué de ses fonctions d'instituteur.
Quelques mois plus tard, au renouvellement triennal du 7 janvier 1894, Paul Peytral est élu sénateur. Lors de l'élection partielle qui a lieu le 18 février suivant pour pourvoir à son remplacement, Maximilien Carnaud pose à nouveau sa candidature, et il emporte le siège au second tour de scrutin, par 6.138 voix contre 5.745 à M. Chanot, radical. Il sera réélu aux élections générales des 8 et 22 mai 1898, au second tour, par 6.983 voix contre 6.686 à M. Vassal, radical, puis les 27 avril et 11 mai 1902, également au second tour, par 6.431 voix contre 5.774 à M. Vassal, enfin à celles du 6 mai 1906, au premier tour, par 5.904 voix contre 4.730 à M. Grandval.
Au cours de ces quatre législatures, Maximilien Carnaud a fait preuve d'une débordante activité. Dès son arrivée au Palais-Bourbon, il se signale par une retentissante interpellation contre le Gouvernement Charles Dupuy au sujet des mesures disciplinaires qui avaient frappé trois fonctionnaires des Bouches-du-Rhône ayant voté, comme conseillers généraux, des vœux tenus pour injurieux à l'égard du Gouvernement (1894). Il interpelle ensuite le Gouvernement sur la situation faite aux travailleurs atteints par la modification des services maritimes postaux entre la France et l'Algérie (1895), sur la nomination de Paul Doumer au poste de Gouverneur général de l'Indochine (1897), sur la mort du cavalier Agostini du 9e Hussards à Marseille (1897).Membre de diverses commissions, spécialement de la Commission de la marine et de la Commission de l'enseignement, les propositions de loi qu'il a déposées et les discussions auxquelles il a participé en séance publique sont trop nombreuses pour pouvoir être énumérées dans ce cadre restreint. Bien entendu, il s'intéresse tout particulièrement aux problèmes qui se posent dans son département : membre de la Commission du canal du Rhône, il contribue au vote par le Parlement, en 1901, de ce projet si utile pour le développement du commerce marseillais. Il intervient à de multiples reprises, soit par le dépôt de propositions, soit au cours de débats budgétaires, en faveur des marins, des pêcheurs, des douaniers. En 1904, il interpelle le Gouvernement sur la législation du travail à bord des navires de commerce. En 1909, il est chargé d'exposer l'avis de la Commission de la marine sur le projet de loi approuvant une convention entre l'Etat et la compagnies des Messageries maritimes pour l'exploitation de services de navigation d'intérêt général ; en 1910, il exprime l'avis de la même commission sur le projet de loi, relatif à l'exercice de la pêche côtière.
En ce qui concerne les problèmes d'ordre plus général, on peut citer parmi les propositions de loi dont il fut l'auteur, celle tendant à refuser la naturalisation aux étrangers qui se sont soustraits au service militaire à la fois chez eux et en France (1894), celle ayant pour objet la limitation et l'organisation de l'affichage électoral (1898), celle concernant les sociétés des auteurs et compositeurs de musique (1903), une proposition de loi tendant à expérimenter un impôt général sur les revenus (1906), une proposition de loi concernant la participation des communes aux bénéfices résultant des plus-values de terrains ou d'immeubles obtenues à la suite de travaux exécutés par leur soin dans un but d'intérêt général (1907).
Mais sa préoccupation essentielle a été, tant au Parlement que dans le pays, la lutte contre l'enseignement confessionnel et l'organisation de l'enseignement laïque. Farouche anticlérical, il entreprit des tournées de conférences dans toute la France pour réaliser l'union des instituteurs laïques et « opposer l'enseignement de la morale scientifique à celui des morales religieuses ». En 1899, il fonde le Bulletin des Instituteurs et Institutrices de France. A là Chambre, dès 1895, il dépose : une proposition de loi tendant à modifier la loi sur les traitements du personnel de l'enseignement primaire, En 1899, une seconde proposition de loi ayant pour objet d'interdire l'enseignement à tout homme qui fait vœu de chasteté et, au cours de la législature) fonde le groupe parlementaire de l'enseignement, - il en est élu secrétaire - dont l'action est décisive dans la défaite des partisans de la loi Falloux. Dans la législature suivante, il dépose une proposition de loi tendant à assurer l'égalité des enfants devant l'instruction (1902), une proposition de loi tendant à réorganiser le Conseil supérieur de l'Instruction publique (1904) et il élabore un rapport concernant la participation de l'Etat à l'entretien des collèges communaux de jeunes filles (1905). En 1906, il interpelle le gouvernement sur l'organisation républicaine de l'éducation et de l'enseignement en France. Enfin, il reprend sa proposition de loi tendant à assurer l'égalité des enfants devant l'instruction et rédige, au nom de la Commission de l'enseignement, le rapport sur cette proposition (1909).
En septembre 1906, Maximilien Carnaud se sépare des socialistes unifiés pour se rapprocher des socialistes .indépendants. Il devient co-directeur de la Petite République. Aux élections générales des 24 avril et 8 mai 1910, il sollicite à nouveau le renouvellement de son mandat, mais il échoue au deuxième tour de scrutin, n'obtenant que 6.819 voix contré 6.302 à son adversaire M. Amable Chanot. Nomme receveur particulier des Finances, à Joigny Yonne) où il exerce ces fonctions du 1er décembre 1912 au 8 novembre 1926, il devient ensuite Receveur- Percepteur à Vanves (Seine) où il restera jusqu'à son admission à la retraite, le 1er janvier 1931. Il se retirera enfin à Marseille, sa Ville d'adoption, où il mourra âgé de 74 ans, le 5 novembre 1987.