César Faucher
1759 - 1815
Représentant à la Chambre des Cent-Jours, né à la Réole (Généralité de Bordeaux, France) le 20 mars 1759, mort à Bordeaux (Gironde) le 27 septembre 1815, il est resté célèbre par son étroite union avec son frère jumeau, Constantin Faucher, qui partagea sa fin tragique.
« Les deux frères, lit-on dans une biographie du temps, eurent une naissance, une vie, une gloire, une mort et une destinée communes. Jamais peut-être le monde ne reverra le phénomène d'une âme partagée en quelque sorte entre deux corps parfaitement semblables; de deux êtres humains, à qui il fut donné d'avoir les mêmes traits, les mêmes goûts, les mêmes succès, les mêmes malheurs, en un mot, la même existence physique et morale. » La ressemblance de César et de Constantin était si frappante, que leur mère ne pouvait les distinguer que par la couleur et la forme des vêtements qu'elle avait adoptés pour chacun d'eux. Elevés ensemble par leur père, Etienne Faucher, qui s'était retiré avec le titre de commissaire des guerres, ils entrèrent ensemble au service en 1774, dans les chevau-légers de la maison du roi, et, pendant les loisirs de la garnison, se firent en même temps recevoir avocats.
Officiers de dragons en 1780, ils partirent pour Paris en 1789, et la Révolution les compta parmi ses partisans. César Faucher fut mis à la tête de l'administration du district de la Réole et des gardes nationales de l'arrondissement. Puis les deux frères ayant formé un corps franc d'infanterie sous le nom d'Enfants de la Réole, combattirent dans la Vendée comme volontaires, et passèrent successivement par les différents grades, jusqu'à celui de général de brigade qui leur fut conféré le même jour sur le même champ de bataille, après l'affaire de la forêt de Vouvent (13 mai 1793). Ils avaient suivi le parti de la Gironde, cette circonstance les rendit suspects. Arrêtés comme fédéralistes, ils furent jugés et condamnés à mort par le tribunal révolutionnaire de Rochefort. Ils marchaient au supplice et étaient parvenus au pied de l'échafaud, quand l'ordre arriva de surseoir à leur exécution ; leur procès fut revisé et un nouvel arrêt acquitta les deux jumeaux, qui se retirèrent à la Réole.
Après le 18 brumaire, César Faucher fit partie du conseil général de la Gironde (15 mai 1800), tandis que son frère Constantin était nommé sous-préfet de la Réole. Ils donnèrent leur démission en 1803, et, ruinés par la faillite de la Banque territoriale, vécurent pendant dix ans du produit d'une petite maison de commerce qu'ils avaient établie en société. En 1814, voyant le territoire envahi, ils offrirent de défendre la rive droite de la Garonne ; mais leur offre fut rejetée.
L'opposition des frères Faucher à la première Restauration leur suscita des ennemis implacables. César fut insulté à Bordeaux, mis aux arrêts, et reçut ordre de sortir de la ville dans les vingt-quatre heures. Pendant les Cent-Jours, les deux frères furent décorés de la Légion d'honneur et attachés à l'armée des Pyrénées-Orientales. A la même époque (14 mai 1815), César Faucher fut élu par l'arrondissement de la Réole, avec 12 voix sur 23 votants, contre 7 voix à M. Naubeliste, membre de la Chambre des représentants. Il voulut, dit-on, refuser un honneur que son frère ne partageait pas; mais il se décida à accepter ce mandat, sur les instances de Constantin; puis il revint à Bordeaux, les deux frères ayant été nommés maréchaux de camp à l'armée des Pyrénées-Orientales (14 juin 1815). Le général Clauzel avait chargé Constantin du commandement de la Réole.
Lors du second retour des Bourbons, les deux frères n'ayant reçu encore aucun avis officiel de cet événement, refusèrent de cesser leurs fonctions, et résolurent de défendre pied à pied les postes militaires qui leur avaient été confiés; ils finirent par se barricader dans leur propre maison, et ne consentirent à déposer les armes qu'après une résistance acharnée. Cette action leur fut imputée à crime : le 22 septembre 1815, les généraux Faucher furent traduits devant un conseil de guerre. Ils plaidèrent eux-mêmes leur cause, n'ayant pu trouver de défenseur, et chacun se fit l'avocat de l'autre : le même courage et la même éloquence signalèrent leurs derniers moments. Condamnés comme coupables d'avoir usurpé l'autorité et excité à la guerre civile, ils en appelèrent à un conseil de revision qui, le 27, confirma la première sentence. Les deux jumeaux s'embrassèrent en sortant de prison, et marchèrent souriants à la mort. César commanda le feu.