Lucien Degoutte
1907 - 1963
Né le 19 juillet 1907 à Blacé (Rhône)
Décédé le 6 septembre 1963 à Lyon (6e) (Rhône)
Député du Rhône de 1946 à 1958
Né le 19 juillet 1907 à Blacé, dans le canton de Villefranche-sur-Saône (Rhône), Lucien Degoutte poursuit ses études d'ingénieur à l'Ecole des arts et métiers de Cluny. Chef de travaux d'électrification et d'équipement des campagnes, il est victime d'un accident de travail sur un chantier et devient, en 1936, directeur de l'Office public d'habitations à bon marché de Lyon. Révoqué en 1942 par le régime de Vichy, il prend une part active à la Résistance et est emprisonné à deux reprises. Son action durant cette période lui vaut d'être décoré de la Croix de guerre. En 1945, il devient chef de cabinet du maire de Lyon, Edouard Herriot.
Lucien Degoutte se présente sans succès aux élections à la première et à la seconde Assemblée nationale Constituante, dans la 2e circonscription du Rhône. En 1945, il est en deuxième position sur la liste radicale-socialiste, conduite par Camille Rolland, qui obtient 12 282 voix sur 129 286 suffrages exprimés ; en 1946, à la tête de la liste du Rassemblement des gauches républicaines, il améliore son résultat avec 18 973 suffrages sur 136 318 exprimés.
De nouveau candidat, dans la même circonscription, aux élections législatives du 10 novembre 1946, il est élu par 18 679 voix sur 128 261 suffrages exprimés ; les listes communiste et M.R.P. emportant trois des quatre sièges à pourvoir. Inscrit au groupe parlementaire radical, il est nommé membre de la Commission de la production industrielle (1946-1951) au nom de laquelle il dépose plusieurs rapports, de la Commission des moyens de communication (1947), de la Commission du travail et de la Sécurité sociale (1947-1951), et juré à la Haute Cour de justice (1947-1948).
Secrétaire général de la Fédération radicale-socialiste du Rhône, Lucien Degoutte est élu conseiller municipal de Quincié-en-Beaujolais, en octobre 1947.
Au cours de la première législature, il dépose neuf propositions de loi ou de résolution relatives, notamment, à la Banque de France et à la législation sur les loyers, et fait de longues interventions à la tribune, en particulier lors de la discussion des projets de loi sur les conventions collectives (décembre 1949-février 1950) et sur le statut du fermage et du métayage (février 1951).
Lucien Degoutte vote pour la confiance au cabinet Léon Blum (17 décembre 1946), soutient le gouvernement Ramadier lors de la crise avec les ministres communistes (4 mai 1947) et se prononce en faveur du statut de l'Algérie (27 août) et de la nationalisation des écoles des houillères (14 mai 1948). Il approuve les projets de loi relatifs au plan Marshall (7 juillet), au Conseil de l'Europe et au pacte Atlantique (9 et 26 juillet 1949). Le 7 mai 1951, il vote pour la réforme électorale entraînant le scrutin de liste majoritaire départemental avec apparentement.
Les élections du 17 juin 1951 le portent de nouveau à l'Assemblée, avec 16 428 voix sur 125 508 suffrages exprimés. La liste d'Union des gauches républicaines qu'il conduit réunit 12,7 % des suffrages. Un apparentement avait été conclu avec les listes S.F.I.O., M.R.P. et des Indépendants et paysans. Lucien Degoutte, reconduit dans la Commission du travail et de la Sécurité sociale (1951-1955), fait également partie de la Commission de la reconstruction et des dommages de guerre (1951-1954).
Il vote contre les lois Marie et Barangé favorables à l'enseignement privé (21 septembre 1951), pour la ratification du traité instituant la Communauté charbon-acier (13 décembre). Le 6 mars 1952, Lucien Degoutte intervient dans le débat d'investiture d'Antoine Pinay, demandant au président du Conseil désigné de rompre avec le passé de dirigisme économique maintenu, selon lui, par les grands commis de l'Etat. En mai, l'Assemblée reprenant le débat sur l'échelle mobile, le projet du rapporteur est désapprouvé par le gouvernement. Lucien Degoutte dépose alors, le 30, un amendement tenant compte des accords conclus dans les couloirs entre le gouvernement et la majorité. Sur ce texte, Antoine Pinay demande, le 3 juin, la confiance qui lui est accordée.
Favorable au cessez-le-feu en Indochine (9 mars 1954), Lucien Degoutte s'abstient lors du vote de confiance après Diên-Biên-Phû (13 mai) et refuse la confiance le 12 juin (chute du cabinet Laniel). Après avoir voté l'investiture de Pierre Mendès-France (17 juin), il approuve les accords de Genève qui mettent fin aux hostilités en Indochine (23 juillet). Opposé à la Communauté européenne de défense, il vote pour la question préalable qui équivaut à son rejet (30 août), puis ratifie les accords de Londres mettant fin à l'occupation de l'Allemagne (12 octobre). En revanche, il s'oppose à la ratification des accords de Paris (29 décembre) qui prévoient son réarmement. Le 4 février 1955, il approuve le gouvernement sur l'Afrique du Nord (chute du cabinet). Favorable à l'investiture d'Edgar Faure (25 février), Lucien Degoutte lui refuse, le 28 mars, les pouvoirs spéciaux en matière économique déclarant avoir « Acquis la certitude que ce ne sont pas les ministres qui se servent des pleins pouvoirs, mais l'administration qui est derrière eux ». Il vote, le 16 novembre, pour la réforme électorale rétablissant le scrutin d'arrondissement, mais refuse la confiance, le 29 novembre (chute du cabinet Edgar Faure).
Lors des élections anticipées du 2 janvier 1956, Lucien Degoutte conduit la liste d'Union des gauches républicaines qui obtient 10,2 % des voix. Lui-même réunit 15 368 suffrages sur 146 174 exprimés. Son élection est validée le 18 avril, à la place du candidat de la liste poujadiste, Marcel Vignal, qui avait obtenu 22 332 voix mais dont l'apparentement était contestable.
Dans la nouvelle Assemblée, Lucien Degoutte est nommé membre de la Commission du suffrage universel (1956-1957) et de la Commission de la production industrielle (1956-1957). Le 27 décembre 1956, il dépose une proposition de résolution invitant le gouvernement à régulariser le marché des vins à appellation d'origine contrôlée.
Au cours de la dernière législature de la IVe République, il soutient le gouvernement Guy Mollet et vote la confiance à Maurice Bourgès-Maunoury (12 juin 1957). Il se prononce en faveur de la ratification des traités instituant la Communauté économique européenne et l'Euratom (9 juillet) et pour les différents projets relatifs aux institutions de l'Algérie (septembre 1957-janvier 1958). Favorable à l'investiture de Pierre Pflimlin (13 mai) et à l'instauration de l'état d'urgence (16 mai), il vote pour la confiance au général de Gaulle, les pleins pouvoirs et la révision constitutionnelle (1er et 2 juin).
Le 22 juillet, il est désigné par la Commission du suffrage universel pour représenter l'Assemblée nationale au sein du Comité consultatif constitutionnel.